L’anorexie mentale est un trouble des conduites alimentaires (TCA) qui touche de nombreuses personnes, avec des répercussions profondes sur leur santé physique et mentale. Ce trouble est souvent alimenté par des dynamiques complexes, propres à chacun·e.
Cet épisode de mon podcast sur l’alimentation, La pleine conscience du pouvoir, retrace le témoignage d’anorexie mentale de Charlotte. Pour elle, ce fut un combat long de dix années, ponctuées par treize hospitalisations. À travers son récit, elle dévoile les origines de son trouble du comportement alimentaire, ses expériences dans le système de soins, et les moments clé qui l’ont poussée à reprendre contact avec elle-même et avec les autres.
Un mauvais rapport avec son image corporelle dès l’enfance
Pour Charlotte, tout commence dès son plus jeune âge. Son rapport à son corps, marqué par une grande taille qui la rendait très visible, a rapidement été une source de mal-être. Grandir en étant perçue comme « différente » n’a pas été sans conséquence sur son estime de soi.
« Dès mon plus jeune âge, de tous mes souvenirs, j’ai l’impression que j’ai toujours eu un rapport perturbé à mon image corporelle. […] Moi qui rêvais de passer inaperçue, quelque part, on me remarquait beaucoup. […] Depuis petite, j’ai été assez mal à l’aise avec ce corps que j’ai toujours considéré comme imposant et comme étant mon boulet. »
Pour beaucoup d’enfants, le corps est un lieu d’expérimentation et de découverte. Mais lorsque ce dernier est perçu comme une source de remarques ou d’attention non désirée, il devient difficile de le considérer autrement que comme un poids. Charlotte évoque aussi un contraste douloureux entre son corps et sa personnalité. Elle, qui se décrivait comme réservée et discrète, devait pourtant composer avec un corps que les autres qualifiaient de « remarquable ».
Au fil de son témoignage sur son anorexie mentale, Charlotte montre bien comment et à quel point les origines d’un trouble des conduites alimentaires peuvent être variées, complexes et interconnectées. Sa grande taille n’est, en soi, pas LA cause de son TCA. Néanmoins, elle a joué un rôle.
Un manque de confiance dans les autres qui a toute sa place dans son témoignage d’anorexie mentale
L’enfance de Charlotte ne s’est pas seulement heurtée à des questions de perception corporelle. Elle a également subi des violences sociales et scolaires. Le harcèlement dont elle a été la victime à l’école primaire a durablement impacté sa capacité à faire confiance aux autres.
« J’ai traversé plusieurs années de harcèlement scolaire assez violent. Alors, qui n’était pas forcément directement en lien avec ma taille, mais sans doute plus avec le fait que j’étais très timide, très réservée, mal à l’aise. […] Ce qu’il s’est passé, c’est qu’à la suite de ces années de harcèlement scolaire, il y a eu le passage du CM2 à la 6e. […] À cette période-là, je me suis dit : il faut que les choses changent au collège. »
Dans le cadre de son témoignage sur son anorexie mentale, ce manque de confiance dans les autres s’est caractérisé par son refus de communiquer sincèrement avec le corps médical. Si le harcèlement scolaire qu’elle a subi a sans doute joué, le récit de Charlotte montre très bien que c’est un événement, un échange bien précis qui en est la cause. Il s’agit d’une interaction marquante avec un psychiatre, lors de sa première hospitalisation liée à son TCA.
« À un moment je dis : « bon j’ai pas trop d’idées du poids de sortie mais en tout cas tel poids ça serait trop compliqué ». […] Et le médecin psychiatre, qui ne me connaissait absolument pas, a eu comme seule et unique réponse : « Charlotte ne veut pas ce poids-là. Eh bien, on va fixer ce poids-là. ». »
Au travers de ces différents « morceaux de vie », le témoignage de Charlotte illustre bien que l’anorexie mentale, ou tout autre TCA, est souvent le fruit d’une multitude d’éléments. Des contextes familiaux ou sociaux étalés sur des années peuvent autant jouer que des événements traumatisants courts et isolés. Cette diversité des causes fait partie de ce qui rend le processus de guérison difficile – et très éloigné d’une simple question d’alimentation.
Une interview sur une anorexie mentale qui a duré 10 ans
Au cours de son témoignage sur son anorexie mentale, Charlotte évoque également son perfectionnisme scolaire, un trait de caractère qui s’est manifesté très tôt et qui a influencé son parcours. Le besoin de contrôle et de perfection est courant chez les personnes souffrant d’anorexie mentale et le témoignage de Charlotte, comme d’autres, montre que cela s’exprime souvent dans d’autres aspects de la vie. Dans son cas, un autre événement isolé l’a amenée à étendre cette exigence à son alimentation.
« Franchement, c’était l’histoire de même pas deux kilos. C’était, voilà, vraiment l’histoire d’une pesée le soir, habillée. […] Et vraiment, je me rappelle de ce jour très précisément parce que ça a été le début de : « Je vais faire attention ». »
Au fil des années, ce contrôle est devenu une obsession, la poussant dans une spirale destructrice. Charlotte ne s’est pourtant pas rendu compte de la gravité de son état, ni de ce qu’elle était en train de traverser. Dans cet épisode, elle explique clairement qu’elle s’était rendu compte, avant sa première hospitalisation, que son corps était faible. Pour autant, en arrivant à l’hôpital, elle était perdue, dans le flou.
« J’ai passé la majeure partie du temps en étant totalement émotionnellement anesthésiée, totalement dissociée. […] Les hospitalisations ont été beaucoup subies, malheureusement, pendant toutes ces années. »
Cette déconnexion s’est prolongée au fil des hospitalisations, accentuée par son refus total de se confier au corps médical.
« Pendant plus de six mois, je n’ai jamais versé une seule larme devant un seul soignant. […] C’était une grande mascarade, une grande pièce de théâtre. »

Un témoignage d’anorexie mentale qui parle avant tout d’aller mieux
Malgré ce long parcours semé d’embûches, Charlotte a trouvé des ressources pour amorcer un changement. Une confrontation avec sa psychiatre a marqué un tournant décisif.
« J’ai eu un gros conflit avec ma psychiatre qui me suit encore aujourd’hui. […] Ça a fait partie de ma construction en tant que personne, d’apprendre qu’en fait, dans une relation, on peut avoir un conflit et que parfois, ça peut renforcer la relation. »
Ce moment difficile lui a permis de comprendre l’importance de devenir actrice de ses soins, plutôt que de les subir. Dans son témoignage sur son TCA, elle souligne également l’impact positif des relations sociales et des projets qui l’ont reconnectée au monde extérieur.
« Je fais du bénévolat que j’aime énormément. J’essaye aussi de développer, de maintenir et de nourrir une vie sociale, de rencontrer des personnes. Et disons que je trouve que l’anorexie, c’est vraiment une maladie de l’isolement. »
Son compte Instagram a aussi joué un rôle dans sa reconstruction, en lui offrant un espace pour s’exprimer et échanger.
« Mon compte Instagram m’a pas mal aidée aussi. Pas forcément directement dans la guérison […] mais ça m’a beaucoup aidée à prendre la parole, à m’affirmer, à donner mon point de vue et à échanger avec d’autres personnes. »
Un message d’espoir pour toutes les personnes souffrant d’anorexie ou autre TCA
Charlotte conclut son témoignage sur son anorexie mentale avec un message profondément inspirant, rappelant que même les situations les plus complexes peuvent évoluer positivement. Comme de nombreuses autres personnes avant elle au micro de ce podcast sur l’alimentation, Charlotte montre qu’en choisissant la vie, on peut avancer vers du mieux-être.
« Le message que je trouve extrêmement important, c’est que parfois, dans la vie, on est dans une situation qui nous semble inextricable […]. Et finalement, la treizième [hospitalisation] s’est passée différemment, ma sortie s’est passée différemment […]. Parfois, il y a des solutions et même, souvent, on peut créer des solutions. On peut les inventer, en fait, ces solutions. Il ne faut pas perdre espoir parce qu’aujourd’hui, je suis dans une situation que je n’aurais jamais pu envisager il y a 4/5 ans. Donc ne lâchez rien. Le mieux est toujours possible. »
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