Obésité, que faire ? Et si on… changeait de point de vue ? | Avec Lisa de « Mon gros podcast »

L’obésité est un sujet très présent dans l’espace public, que l’on ne cesse de rappeler à l’esprit des personnes concernées. Souvent évoqué à travers des termes comme « maladie », « épidémie » ou encore « problème », le surpoids en général et l’obésité en particulier font l’objet de nombreuses peurs et fausses idées. Qu’en est-il vraiment ? Pourquoi ce sujet est-il entouré d’autant de culpabilité et de stigmatisation ? L’obésité est-elle vraiment une maladie ? Que désigne réellement ce terme, notamment lorsqu’il est mis en opposition avec le « simple surpoids » ? Et surtout : face à l’obésité, que faire, si on a envie de faire autrement que de lutter sans cesse et sans résultat durable ?

Dans cet article, je vous propose un regard neuf grâce à l’intervention de Lisa, créatrice de « Mon gros podcast ». À travers son expérience et ses réflexions, Lisa propose une exploration des contradictions et des injonctions liées à l’obésité, tout en mettant en avant des alternatives bienveillantes et respectueuses des individus.

Est-ce que l’obésité est vraiment une maladie ?

La société considère l’obésité comme une pathologie, corps médical compris. Pour Lisa, cette réduction du corps à un « problème médical » est non seulement injuste, mais aussi erronée.

« L’idée qu’être gros est une maladie est omniprésente […]. Pourtant, aucune pathologie ne peut être attribuée uniquement à la grosseur […]. Cette vision simpliste est réductrice et souvent fausse. »

Elle illustre son propos avec l’exemple du lipœdème qui, pour le coup, est bien une maladie, caractérisée notamment par des amas graisseux localisés spécifiquement sur les jambes. Par contraste, elle explique que la simple et seule présence de graisse ne suffit pas à qualifier une maladie.

Elle rappelle par ailleurs, entre autres nombreux éléments, que les amas graisseux des personnes grosses ne sont pas situés au même endroit d’une personne à l’autre. Dès lors, comment peut-on considérer que c’est une seule et même maladie ? Comment une graisse très localisée sur le ventre, par exemple, pourrait avoir les mêmes effets qu’une graisse répartie sur tout le corps ?

Lisa critique également le traitement réservé à cette supposée pathologie. Elle met en lumière l’hypocrisie du système médical qui reconnaît l’obésité comme une « grande cause nationale », tout en limitant les remboursements aux seules interventions chirurgicales et médicamenteuses (dont l’efficacité est d’ailleurs plus que douteuse, nous y reviendrons plus bas dans cet article). Les soins psychologiques ou nutritionnels, pourtant essentiels, ne sont pas pris en charge.

« Si l’obésité est vraiment une maladie, pourquoi ne rembourse-t-on pas la thérapie et la nutrition ? »

Cette incohérence révèle une gestion superficielle et stigmatisante du sujet, qui privilégie des solutions invasives et la culpabilisation des « patients » au détriment d’approches globales.

« En termes de santé, si vraiment on veut parler de santé, c’est beaucoup moins dangereux d’avoir un poids qui se maintient sans efforts titanesques […], plutôt que de faire le yo-yo. Et moi, là, je suis arrivée à un stade où, pendant les 20 premières années, j’ai fait tellement de yo-yo qu’aujourd’hui, j’ai l’alimentation la plus équilibrée […] de ma vie… Et pour autant, je ne perds pas un gramme parce que c’est terminé : j’ai cramé la capacité de mon corps à moduler le poids. »

Ce yo-yo est la conséquence logique des conseils sans cesse donnés aux personnes grosses : faire un (énième) régime pour perdre du poids. Ces yo-yos entraînent également, à terme, une incapacité du corps à perdre du poids, quoiqu’il en soit.

Face à l’obésité, que faire ? À la suite de la lecture de cet article et/ou de l’écoute de cet épisode de podcast, Lisa et moi espérons que votre première action sera donc de questionner cette notion de maladie, si souvent liée à celle de l’obésité.


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Vous êtes-vous déjà questionné·e sur le terme « obésité » ?

Pour continuer dans les questionnements, je vous propose de poursuivre avec le terme « obésité » lui-même. Le choix des mots façonne notre vision des choses. Lisa revient sur l’histoire et l’usage du terme « obésité », qu’elle associe à une violence symbolique.

« Pendant des années […], je me décrivais comme obèse […]. Je regrette ce terme […] et aujourd’hui, je me définis comme une personne grosse. »

L’obésité, selon Lisa, est avant tout un concept médical défini par l’indice de masse corporelle (IMC). Cet outil statistique, conçu au XIXe siècle pour une population d’hommes blancs, est désormais utilisé de manière rigide pour catégoriser (tous) les corps. Mais l’IMC ne prend pas en compte la diversité des morphologies ni les facteurs individuels tels que la génétique ou les maladies métaboliques. L’IMC se base uniquement sur un rapport entre la taille et le poids.

« On utilise encore l’IMC pour décider qui peut accéder à certains traitements. Pourtant, cet outil est obsolète. »

En rejetant ce vocabulaire médicalisé, Lisa milite pour une approche inclusive, dénuée de jugement et, à l’inverse, pleine de bon sens.

« Je lisais hier une publication […] qui disait que Teddy Riner, il a un IMC de 31 […]. Donc Teddy Riner, il a le même IMC que moi, sauf que Teddy Riner, c’est un athlète […]. Il a beaucoup de muscles et beaucoup de poids, mais je ne crois pas qu’on puisse considérer que lui et moi, on a le même corps gros. »

Au lieu de vous demander : « je suis en obésité, que faire ? », peut-être serait-il plus doux et plus juste de vous demander, par exemple : « Que faire pour me sentir mieux dans mon corps ? », ou « Quels problème je rencontre vraiment avec mon poids, au-delà des injonctions et idées reçues de la société ? ». Comme c’est dit dans l’épisode : notre but n’est pas que vous soyez forcément d’accord avec le discours présenté ici. Notre but est seulement de vous proposer un autre prisme, un autre angle de vue que celui qui vous est perpétuellement rabâché.

Obésité, que faire pour en « guérir » ?

La notion de « guérison » est centrale dans les discours sur l’obésité, mais Lisa en questionne le bien-fondé. Peut-on parler de guérison si l’on ne considère pas l’obésité comme une maladie ?

Elle dénonce notamment l’inefficacité des traitements traditionnels, comme les régimes alimentaires restrictifs. Ces derniers, largement prescrits depuis des décennies, se révèlent non seulement inefficaces, mais aussi nocifs à long terme.

« Depuis des décennies, on impose des régimes aux personnes grosses, mais ça ne fonctionne pas. […] Pourquoi continue-t-on à appliquer une méthode qui ne marche pas ? »

Quant à la chirurgie de l’obésité, Lisa critique son usage banalisé. Initialement destinée à des cas extrêmes, cette intervention est désormais proposée de manière systématique, sans prendre en compte les impacts physiques et psychologiques à long terme.

« On accepte des traitements comme la chirurgie de l’obésité sans les remettre en question […]. Pourquoi continuer à rembourser une solution aussi invasive, alors qu’elle a un taux d’échec important ? »

Certes, il existe des critères, tels que l’absence de TCA. Le dépassement d’un certain seuil de l’IMC n’est pas la seule condition. Toutefois, dans les faits, ces critères ne sont la plupart du temps pas respectés. Le corps médical et la société tout entière sont tellement persuadés qu’être gros est un problème que les risques liés à ces opérations (qui n’ont pourtant RIEN d’anodin) sont complétement laissés de côté.

« Non, le corps humain n’est absolument pas fait pour défoncer le système digestif juste pour avoir moins envie de manger. Il y a des gens qui sont choqués du foie gras et du gavage des oies, mais ils ne sont pas choqués qu’on coupe à des humains un organe sain pour les empêcher de manger. »

Elle insiste sur la nécessité d’envisager d’autres approches, comme l’alimentation intuitive ou la thérapie, qui permettent de reconstruire une relation apaisée avec le corps et la nourriture.

« Quand on regarde la décision des autorités de santé, il faut avoir essayé tous les régimes. Il faut avoir suivi une thérapie, il faut ne pas avoir de TCA, il faut être au-dessus de tel IMC. Ça, c’est les critères. Dans les faits, moi, je connais des gens qui ont été opérés en n’ayant pas un IMC qui justifierait une opération, et surtout […], on sait tous – voire même les médecins nous le disent ! – il faut cocher la case de dire qu’on n’a pas de TCA. Ben oui. Tout simplement. Et on a le droit à une chirurgie, alors qu’on a une maladie qui est censée nous [en] interdire l’accès […]. Avant la chirurgie métabolique, on fait un entretien psy-TCA […]. UN entretien avant une chirurgie, youpi, ça y est, tu as soigné des TCA, allez-y, enlevez-moi l’estomac, tout va bien. C’est barbare, vraiment. C’est vraiment : vous avez mal aux yeux, on constate que vous pouvez renforcer votre mal des yeux en mettant le doigt dans l’œil, je vais vous couper le doigt. Comme ça, vous ne mettrez plus le doigt dans l’œil, vous n’aurez plus mal aux yeux. Voilà, super. Je constate que vous êtes grosse, je considère qu’être gros, c’est parce qu’on mange trop. Bon, je vous coupe l’estomac, comme ça, vous aurez moins envie de manger. »

Que l’on soit d’accord ou non avec le fait de considérer l’obésité comme une maladie et un problème, le discours de Lisa nous invite tous à essayer de regarder les choses sous un autre angle que celui auquel on a l’habitude. Les régimes restrictifs et les opérations chirurgicales sont extrêmement banalisés dans notre société. Pour autant, s’agit-il d’actes anodins ? S’agit-il vraiment d’actes aussi bénéfiques qu’on veut nous le faire penser ?…

Et si on abordait autrement les liens entre santé et obésité ?

Souvent, si on se demande « contre mon obésité, que faire ? », c’est pour des raisons esthétiques (… uniquement selon les normes de notre société) et/ou pour des raisons de santé. Pourtant, l’association entre santé et obésité repose souvent sur des présupposés erronés.

De plus, Lisa souligne que la peur est utilisée comme principal levier pour inciter les personnes grosses à perdre du poids… Alors qu’on pourrait aussi tout simplement prendre l’axe du plaisir de manger et de faire de l’activité physique, par exemple.

« La stratégie de la peur, où l’on menace les personnes grosses en leur disant qu’elles vont devenir diabétiques ou avoir des problèmes de santé, dure depuis soixante-dix ans. […] Pourtant, elle ne marche pas. »

Elle critique également le manque de nuance dans ces discours, qui ignorent les contextes individuels. Être en bonne santé ne devrait pas être une injonction universelle ni une condition préalable au respect des individus.

« La santé est devenue une obsession collective […]. Pourtant, être en bonne santé ne devrait pas être une injonction […]. On ne peut pas tout contrôler dans la vie. »

En repensant ces liens, Lisa plaide pour une vision plus globale de la santé, qui intègre le bien-être mental et émotionnel, et non uniquement des critères physiques.

Je vous incite vraiment à écouter cet épisode passionnant pour en prendre toute la mesure et pour entendre les très nombreux points soulevés par Lisa. Parmi les différents éléments de santé qu’elle évoque, on retrouve le très connu diabète. Là aussi, le discours ambiant gagnerait à être grandement nuancé…

« Je suis nulle en détail. Je vous invite à aller sur tous les comptes qui vont référer les bonnes, vraies études. Mais en gros, il y a une étude qui dit que, je ne sais pas, genre 15 % des gens qui ont participé à cette étude et qui ont perdu… 40 kilos en 6 mois, n’ont plus eu les marqueurs du diabète. Sauf que déjà, une fois qu’on a été diabétique, on l’est à vie. Ça n’existe pas, de plus être diabétique… Mais ce n’est pas grave. Mais surtout, tous ces gens-là, ils sont redevenus diabétiques au bout de 3, 4, 5 ans. Donc en fait, l’idée, c’est : je me coupe l’estomac à travers une anesthésie […], je ne suis plus diabétique pendant 3, 4, 5 ans. Mais après, hop, je redeviens diabétique… »

C’est sans doute l’un des plus grands drames relatifs à ce sujet. Non seulement la société (y compris le corps médical) fait tout pour qu’on se demande « Misère, je suis obèse, que faire pour ne pas mourir prématurément à cause de ça ? », mais, en plus, les solutions proposées ne sont dans le meilleur des cas, pas efficaces, et le plus souvent, elles comportent des (réels) risques pour la santé (physique et/ou mentale)…


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Qu’en est-il du rôle et de la place de la culture des régimes ?

La culture des régimes est un phénomène systémique, profondément enraciné dans nos sociétés. Lors de notre échange, Lisa :

  • rappelle très justement qu’elle nous concerne tous, même si la plupart des gens ne s’en rendent pas compte (ce qui illustre bien son omniprésence et sa banalisation) ;
  • et dénonce les mécanismes insidieux, qui poussent à la restriction alimentaire sous des formes de plus en plus sophistiquées.

« Même si les termes ont changé pour des mots comme « rééquilibrage alimentaire », le fond reste le même : c’est toujours de la restriction […]. »

Ces injonctions ne se limitent pas aux personnes grosses. Elles touchent tout le monde, créant un climat de culpabilité autour de l’alimentation et du poids. Lisa rappelle que ce phénomène est soutenu par plusieurs industries très lucratives (qui ne se limitent pas aux salles de sport et programmes de minceur), qui exploitent ces injonctions pour générer des profits, des régimes aux compléments alimentaires en passant par les applications de fitness.

En opposition à cette logique, l’alimentation intuitive propose une démarche fondée sur l’écoute de soi et le respect de ses besoins réels.

Obésité, que faire : peut-être essayer de respecter son corps au lieu d’essayer de le changer ?

Vous l’aurez compris, face à l’obésité, ce qu’il est possible de faire ne se limite pas aux solutions qui nous sont si souvent proposées. Changer son regard sur son corps est un processus difficile, mais profondément libérateur. Lisa partage son propre cheminement, marqué par l’abandon des régimes et des pesées.

« J’ai arrêté de me peser il y a huit ans […]. Mon poids est resté stable malgré cela […]. Ce qui a changé, c’est mon rapport avec mon corps et la paix que j’ai trouvée. »

Elle décrit cette démarche comme un partenariat avec son corps, fondé sur la bienveillance et le respect (car non : il n’est pas non plus question de vous alourdir d’une nouvelle injonction d’aimer son corps à tout prix !).

« Être en guerre contre son corps, c’est épuisant […]. J’ai décidé de construire un partenariat avec mon corps […]. Cela m’a permis de mieux vivre au quotidien. »

L’objectif n’est pas de transformer son corps pour répondre à des normes sociales, mais de trouver une harmonie intérieure et une sérénité durable.

*

Si cet article vous a plu, je vous encourage encore une fois à écouter l’épisode en entier. Le discours de Lisa est pertinent, très sensé et en faveur du respect de nos corps, au-delà de son seul poids. De nombreuses prises de conscience et libérations vous attendent peut-être !

Si vous avez envie d’aller plus loin et d’être accompagné·e sur ce chemin, je vous propose de découvrir :


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