La ménopause et ses symptômes désagréables concernent énormément de personnes et pourtant… C’est un sujet souvent entouré de silence. Pour briser ce tabou, j’ai invité Laurence Haurat, du compte Instagram @la_psy_des_kilos et auteure du livre « La révolution ménopause ». Ensemble, nous avons discuté des réalités méconnues de la préménopause, de la ménopause et de leurs symptômes désagréables parfois très impactants, tant pour le corps que l’esprit. Singularité de chaque cas, prise ou perte de poids, symptômes corporels et mentaux, contexte personnel et émotionnel de cette période de vie, idées reçues et injonctions liées à la ménopause, à la vieillesse et à la santé, discours de la société… Cet article, à l’instar de cet épisode du podcast « La pleine conscience du pouvoir » et du livre de Laurence, a pour but de briser les tabous et de libérer la parole.
Ménopause : des symptômes désagréables propres à chacune
La ménopause est une révolution corporelle unique à chaque femme, à l’instar de la puberté. Pour certaines, elle arrive en douceur, presque imperceptiblement. Pour d’autres, elle apporte un cortège de symptômes désagréables : bouffées de chaleur, troubles du sommeil, sécheresse vaginale, prise de poids, fatigue, etc. Ces manifestations peuvent varier considérablement en intensité, en durée, en quantité… Pourtant, contrairement à la puberté, de très nombreuses femmes ne savent pas vraiment ce qui les attend durant cette période de vie. Leur entourage non plus, d’ailleurs, notamment les conjoints…
Laurence : « Je me suis rendu compte qu’elles ne savaient même pas ce que c’était que la ménopause. […] Ni le médecin généraliste ni le gynéco ne leur en parlaient. Je me suis dit : « ce n’est pas possible que personne ne leur parle de ça ». »
C’est important parce que, comme nous allons le voir, c’est une étape importante (et normale !) de la vie d’une femme. Mais aussi parce que la préménopause notamment, plus encore que la ménopause, amène souvent des symptômes désagréables. Pour les apaiser, encore faut-il en avoir conscience et repérer leur lien avec ce bouleversement hormonal. Enfin, ça nous semble important parce que, l’air de rien, la ménopause représente une grande partie de notre vie !
Laurence : « On vit 40 % de sa vie ménopausée. […] Cela représente une part énorme de notre existence, et pourtant, la société continue de nous invisibiliser à ce stade de la vie. »
Les femmes traversent cette période de transformation souvent en silence, sans être préparées ni informées. Laurence s’en est rendue compte au fil de sa pratique, mais aussi en recevant énormément de messages à la suite de la sortie de son livre… De très nombreuses femmes sont venues la remercier, car cette lecture leur a permis de prendre conscience qu’éprouver des difficultés face à sa ménopause et à ses symptômes désagréables, c’est parfaitement normal !
Effets de la ménopause sur le corps : prise ou perte de poids
La prise de poids est l’un des symptômes physiques les plus courants et redoutés de la ménopause. Comme Laurence et moi le soulignons dans cet épisode : cette prise de poids s’ajoute aux pressions sociales sur le corps féminin, déjà bien présentes avant la ménopause. Les injonctions à être mince et belle persistent, malgré les bouleversements corporels.
Anne : « La ménopause arrive avec cette potentielle prise de poids. Notre génération a déjà soupé des injonctions autour d’un corps mince, et là, la ménopause ajoute une couche supplémentaire. »
Pour beaucoup de femmes, il s’agit de trouver un nouvel équilibre entre l’acceptation des changements corporels et la volonté de préserver leur santé. Comme le précise Laurence, il est essentiel de ne pas confondre le bien-être physique avec la quête de la minceur à tout prix. Vieillir, c’est aussi réapprendre à vivre avec son corps.
La ménopause, ses symptômes désagréables et les difficultés de la vie
Outre les changements physiques, la ménopause coïncide souvent avec des bouleversements psychologiques et émotionnels importants. De nombreuses femmes doivent apprendre à naviguer entre des symptômes déstabilisants comme le brouillard cognitif, l’anxiété ou même la dépression. Ce mélange d’émotions peut être amplifié par des situations de vie complexes, telles que le départ des enfants de la maison ou des difficultés professionnelles.
Laurence : « La ménopause, c’est un moment carrefour dans la vie qui change beaucoup de choses. Que ce soit dans notre rapport à l’autre, à notre conjoint, à nos enfants, ou même dans notre vie professionnelle. Cela mérite d’être abordé sans tabou. »
Cette révolution corporelle peut être compliquée à gérer en raison des symptômes désagréables liés à la ménopause… mais aussi parce que :
- Si certains des symptômes comme les bouffées de chaleur, sont assez connus, bien d’autres le sont moins. Comment aborder correctement une dépression, par exemple, si on ne sait que la ménopause ou la préménopause peut l’aggraver ?
- Elle arrive généralement à un stade de la vie où de nombreux autres sujets peuvent impacter notre moral, notre santé physique et mentale, notre capacité à prendre soin de nous, notre rapport avec notre corps…
Anne : « Il est frappant de constater à quel point peu d’entre nous savent que le brouillard cognitif ou l’état dépressif peuvent être liés à la préménopause ou à la ménopause. Ces symptômes sont souvent attribués à d’autres causes. »
Les femmes doivent souvent démêler ce qui relève des effets hormonaux et ce qui est lié à d’autres aspects de leur vie. La préménopause peut ainsi accentuer des tensions déjà présentes, rendant la traversée encore plus difficile. Notre but, à Laurence avec son livre et à moi avec cet épisode et cet article, c’est d’inviter à parler ouvertement de ces sujets, afin qu’ils soient connus et reconnus.
Les injonctions liées à la santé et à la vieillesse dans la ménopause
Durant la ménopause, au-delà des symptômes désagréables en eux-mêmes, il peut être compliqué de gérer les injonctions liées à la santé, à la jeunesse et à la beauté qui sont présents dans notre société. Lorsqu’on est « jeune », la minceur est synonyme de désirabilité. Lorsqu’on est ménopausée ou en âge de l’être, elle est associée à la santé. L’injonction à la minceur reste donc présente… et je dirais même qu’elle est présente sous un motif encore plus impérieux. Les femmes doivent continuer à correspondre à des standards impossibles, même en vieillissant.
Laurence : « Le prisme a changé. Avant, il fallait être mince et jeune pour être désirable. Maintenant, il faut rester en forme pour être en bonne santé. Mais l’injonction reste la même : toujours avoir l’air jeune, toujours être belle. »
Pourtant, le vieillissement est un processus inévitable et naturel. D’ailleurs, ce processus commence bien avant la préménopause ! Il est donc normal qu’avec la ménopause, notre corps continue de se transformer…
Laurence : « Le vieillissement est un processus dynamique et évolutif. À partir de vingt-deux ans, notre corps commence à décroître. […] Le marqueur de la ménopause est un marqueur parmi d’autres dans ce long processus de transformation. »
Il serait bon pour tout le monde que ces changements et plus encore, que le vieillissement de manière générale, soient enfin acceptés pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire la manifestation de la vie.
Laurence : « Vieillir, c’est aussi prouver qu’on est vivant. C’est la condition sine qua non au fait d’être vivant […]. Dans mon livre […], j’ai cité Simone de Beauvoir, qui, dans « La vieillesse », dit : « La vie est un système instable où, à chaque instant, l’équilibre se perd et se reconquiert. La loi de la vie, c’est de changer. ». Cette phrase, j’ai trouvé qu’elle était tellement juste, tellement joliment dite. Cet état d’équilibre qui se perd et « se reconquiert » ne veut pas dire « je vais redevenir comme avant ». »
Une révolution corporelle dont la société ne parle pas
Un des éléments qui rend cette période compliquée, qui laisse de nombreuses femmes (et leur entourage) démunies face aux effets de la ménopause sur le corps et l’esprit, c’est que ça reste un sujet encore très tabou.
Dans une société qui glorifie la jeunesse et la performance, la réalité de la ménopause reste largement ignorée. Pour beaucoup de femmes, cette période de la vie est associée à une forme d’invisibilité. Peu d’informations circulent, et les femmes sont souvent laissées seules face à ces transformations.
Laurence : « Quand mes patientes finissent mon livre, elles me disent souvent : « Ah là, je me sens moins seule ! ». Se sentir appartenir à un ensemble est extrêmement important, surtout dans une société qui invisibilise la ménopause. »
Cette invisibilisation crée un isolement supplémentaire, où chaque femme traverse cette révolution corporelle en silence. Cependant, il est essentiel de briser ce tabou et de rendre cette période visible, tant pour les femmes que pour leurs proches. Briser ce tabou n’est cependant pas simple, car de nombreux lieux sociaux sont en jeu. Si on compare avec la puberté par exemple, on constate que c’est un sujet :
- qui a sa place dans les cours de science au lycée ;
- dont de nombreuses mères parlent avec leur enfant ;
- sur lequel il existe des films, des personnalités auxquelles on peut s’identifier…
Malheureusement, on ne peut clairement pas en dire autant de la ménopause.
Anne : « On traverse la ménopause dans l’invisibilité la plus totale. Il n’y a pas d’identification possible à d’autres femmes dans cette situation. C’est un sujet dont on ne parle pas. »
Préménopause et ménopause : que faire ?
Face à tous ces bouleversements liés à la préménopause et à la ménopause, que faire ? Dans cet épisode, Laurence rappelle que la clé est l’acceptation et l’écoute de son corps. Vieillir est une preuve que l’on est en vie. Apprendre à accepter ces transformations peut devenir un acte libérateur.
Laurence : « Vieillir prouve qu’on est vivant. […] La seule chose qui est figée dans la vie, c’est la mort. La vie est un équilibre instable où chaque instant nous fait perdre et reconquérir cet équilibre. »
Elle insiste également sur l’importance de l’acceptation et du respect des changements du corps au cours de la vie. Notre corps n’est pas là pour être beau. Il n’est pas qu’une enveloppe qui nous permet de marcher, manger, travailler, faire du sport… Notre corps est aussi porteur des traces de notre vie, de notre vécu.
Laurence : « Notre corps, il est un témoin de notre passage dans la vie. Il n’est pas juste un support, il n’a pas juste une fonction de nous permettre de bouger, courir, danser… Les vergetures des femmes qui ont eu des vergetures pendant leur grossesse, elles sont des témoins. Elles sont des marques d’un existant. Et moi, je trouve ça beau aussi, toutes ces marques et ces changements. »
Cette acceptation passe également par le fait de verbaliser, d’écouter, de s’exprimer, afin de mieux comprendre et de normaliser cette période et ses caractéristiques. Nous encourageons toutes les femmes (et leur entourage) à briser le tabou. Osons parler de ce sujet !
Laurence : « Aujourd’hui, je crois vraiment que plus on entendra des choses autour de cette période de la vie, plus on aura envie de la transmettre à nos enfants. Moi, j’adore que mon fils me dise, quand il voit sortir mon éventail : « C’est la ménopause, maman ! » et que ce ne soit pas un tabou entre nous, qu’on puisse en parler. »
Enfin, Laurence nous invite à voir cette période de la vie non pas uniquement avec le prisme de la transition qui peut être compliquée, mais aussi comme une nouvelle aventure.
Laurence : « C’est ça que je veux dire, c’est que le passage est compliqué, mais que l’arrivée sur cette terre inconnue est une arrivée en fanfare. C’est-à-dire qu’il y a plus de liberté, il y a moins de contraintes, il y a moins de charge mentale, il y a plus d’envie, il y a plus de projets, il y a plus de dynamisme. En fait, on récupère tout un tas de choses qu’on avait perdues pendant le temps de l’installation de la ménopause. »
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Si vous vous sentez un peu perdue face à la ménopause et à ses symptômes désagréables, j’espère que cet article vous aura des pistes pour aborder cette période de changements sous un nouvel angle. Pour aller plus loin, je vous propose d’écouter l’épisode en entier ! Le discours de Laurence mérite vraiment d’être entendu dans son entièreté, y compris quand on ne fait « que » partie de l’entourage d’une femme concernée.
Si vous sentez que c’est plus spécifiquement le sujet de la ménopause et de la prise ou de la perte de poids qui vous travaille, je vous propose de prendre rendez-vous pour que nous échangions ensemble.
Nous vous conseillons aussi :
- le site de Laurence ;
- son livre “Révolution Ménopause” ;
- son compte Instagram, @la_psy_des_kilos.