Bienvenue dans ce nouvel article de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Je reçois aujourd’hui Mathilde Blancal, à l’occasion de la sortie de son second livre : « L’anti-guide du développement personnel », paru le 21 novembre 2023, aux éditions Jouvence. Mathilde était déjà l’autrice, en février 2022, des « Confidences d’une ex-accro aux régimes », titre qui nous parle beaucoup, lui aussi ! Fini le miracle morning à 4 heures du matin, à bas les cures de jus détox imbuvables ! Dans ce nouvel « anti-guide », Mathilde aborde sans tabou le sujet des dérives et dangers du développement personnel. Son livre ne propose aucune méthode, si ce n’est celle de vous écouter. Si je vous conseille d’écouter l’épisode en entier pour bien en saisir toutes les nuances, voici tout de même un résumé de mon échanger avec Mathilde. 😉 Comment lui est venue l’envie d’écrire ce livre ? Quelles sont les principales dérives qu’elle a constatées ? D’où viennent-elles ? Voici un préambule à « L’anti-guide du développement personnel ».
Pourquoi écrire ce second livre, « L’anti-guide du développement personnel » ?
Durant notre échange, Mathilde et moi avons évoqué de nombreux sujets, liés au développement personnel et à ses dangers, mais aussi à son histoire. J’ai notamment voulu savoir comment elle en était venue à écrire ce second livre.
Dès le départ, elle a été très claire : ces 2 livres sont le résultat de son expérience personnelle.
« Je m’appelle Mathilde, j’ai 31 ans et j’habite en Savoie […]. Les chemins de pensée que j’aborde dans les livres, c’est parce que moi-même, je plaide coupable, j’ai voulu être la meilleure version de moi-même. […] Ce n’est pas du jour au lendemain que je me suis dit : « non non pas du tout, ils ont tout faux et moi, je vais proposer quelque chose de différent ». Non non. Moi-même, je suis tombée dans les régimes. Je suis tombée dans le culte de se lever tôt… extrêmement tôt hein, si on écoute les miracle morning, vers 4 heures du matin, pour être proactif. »
Mais elle explique aussi que ce livre est une suite logique au précédent, « Confidences d’une ex-accro aux régimes ». Si Mathilde a fini par réussir à sortir des TCA (troubles du comportement alimentaire), c’est avant tout parce qu’elle avait déjà tout essayé. Puisqu’aucun régime ne lui avait permis d’être sereine avec son poids et son assiette, puisqu’une technique de développement personnel ne lui avait permis d’être vraiment heureuse… Elle a tout simplement testé le lâcher-prise.
Son premier livre a vu le jour parce qu’écrire l’a beaucoup aidé dans sa guérison. « L’anti-guide du développement personnel » est sorti parce qu’elle a su pousser son analyse plus loin et l’étendre à notre société dans son ensemble.
« Les troubles alimentaires sont un beau reflet aussi de tout ce que la société nous impose de manière générale. Et du coup, c’est là où j’ai pu faire le lien. Certes, ma vie, c’étaient les troubles alimentaires. Mais pourquoi ? Alors : la peur de grossir. Mais aussi parce que je lis de partout qu’il ne faut surtout pas se laisser aller, qu’il faut toujours être quelqu’un de différent. C’est là où j’ai eu envie de sortir un peu le nez de la nourriture et de dire qu’en fait, le problème, ce n’est pas forcément que ça. C’est l’ambiance générale et toutes les injonctions globales qu’on peut recevoir à longueur de journée. »
Quelles dérives peut-on observer dans le développement personnel ?
Pour bien saisir toutes les dérives et tous les dangers du développement personnel, je vous conseille d’écouter l’épisode de podcast en entier. Notre échange vous permettra de rentrer plus en profondeur dans les mécanismes qui peuvent entrer en jeu et causer du tort.
Ceci étant, de notre échange sur « L’anti-guide du développement personnel », on peut retirer 2 potentielles dérives :
- celui de finalement se retrouver coincé·e dans une multitude d’injonctions ;
- et celui de voir cela comme une recette miracle qui réglera tous ses problèmes.
« Si on prend tous les termes qui nous sont donnés un petit peu à droite à gauche, selon différents secteurs du développement personnel […], si on met tout ça bout à bout, en fait, on se retrouve dans une espèce de prison catastrophique. Et, à la base, ce qui était censé nous amener vers quelque chose de positif, être mieux… Et bien moi, en fait, je me suis rendu compte que non, ça m’a emmenée même assez bas, dans le sens où j’étais constamment stressée, constamment en train de culpabiliser de ne pas faire des choses proactives… »
Le parallèle est très simple à faire avec l’alimentation : si on souhaite « juste » manger plus sainement, on risque de se retrouver très vite avec une multitude d’informations – souvent contradictoires – qui auront tôt fait de nous enfermer dans des « il faut… ». In fine, au lieu d’aller mieux, on étouffe sous le contrôle.
D’ailleurs, nous avions déjà évoqué ce sujet avec Clémentine Hugol-Gential, autour de la question du « bien manger ».
Par ailleurs, selon comment il est pratiqué et présenté, le développement personnel peut vite nous amener à croire qu’en faisant ci ou ça, notre vie entière va changer et qu’on sera enfin heureux·se. Là encore, c’est comme pour les troubles du comportement alimentaires : si on n’apprend pas à s’accepter et à écouter nos besoins, aucun régime miracle ne nous apportera par magie le corps qui nous mènera au bonheur.
« Je pense que vraiment, oui, l’illusion vient du fait qu’on croit que ça, la méthode […] quelle qu’elle soit, va régler tous les problèmes qu’on a dans notre vie. Sauf que, parfois, voilà : on manque un peu de discernement… »
Nous vous conseillons aussi :
- De la difficulté de bien manger | Que faire, qui écouter ? Avec Clémentine Hugol-Gential
D’où viennent ces dangers cachés du développement personnel, selon Mathilde Blancal ?
Bien sûr, ces dangers du développement personnel ne sortent pas de nulle part et ne concernent pas la totalité de ce qui existe sous cette appellation. « L’anti-guide du développement personnel » est d’ailleurs un livre de développement personnel ! Au micro de « La pleine conscience du pouvoir », Mathilde explique bien qu’elle n’est pas contre le « dév perso ».
« Le travail sur soi, c’est quelque chose de très très bien. Après, c’est comment il est fait ? C’est plus sur la manière, en fait. Ce n’est pas sur le fond. »
Différents éléments peuvent expliquer cette dérive. On peut citer, d’une part, le fait que c’est un discours marketing qui vend du rêve !
« C’est extrêmement séduisant en fait ! »
Là encore : c’est comme pour les régimes… Et non seulement c’est séduisant, mais en plus, c’est bien plus simple que d’aller chercher la solution à l’intérieur de soi.
« En fait, appliquer une recette sans aucune distance… […] C’est juste de l’application, bête et méchante. Alors que, être dans son canapé et puis lutter, en fait, parce que c’est véritablement ça, quand on est pris dans ce cercle de l’hyperactivité… Être dans son canapé et accepter de ne rien faire et de juste, si on en a envie, se regarder une série, ou de lire un livre sans culpabiliser, sans se dire « ah mais je devrais faire… » […], ça demande une réelle distance et un réel travail. »
Par ailleurs, nous l’avons déjà évoqué plus haut : il y a tellement d’informations que ça devient envahissant, omniprésent, et donc évident et normal.
« Le problème, c’est qu’on est assaillis d’informations, on ne sait plus faire le tri et que, du coup, ayant peur de mal faire, et bien on va tout faire. »
Enfin, comme ces injonctions à la performance et au contrôle de toute sorte sont extrêmement répandues dans notre société, on n’arrive pas à prendre de recul quand, finalement, ça ne fonctionne pas… On a vite fait de penser que c’est nous qui devons être nul·le, pas assez déterminé·e, trop ceci ou pas assez cela… Il peut falloir des années et des années avant de réaliser qu’en fait, c’est tout simplement que nous essayons de suivre des injonctions qui ne nous appartiennent pas et ne nous correspondent pas.
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Si le développement personnel vous semble être un outil pertinent pour vous réconcilier avec la nourriture, je vous encourage à écouter attentivement cet épisode. Il en est de même si vous désirez en savoir plus sur « L’anti-guide du développement personnel » et sur son auteure, avant de le lire. 😉
Pour aller plus loin, retrouvez l’univers de Mathilde sur son compte Instagram.
Enfin, si vous ressentez le besoin de vous faire accompagner vers une relation plus sereine avec la nourriture, je vous propose de me contacter via le formulaire de contact du site.