Comment retrouver ses règles après une perte de poids ? | Entretien-témoignage avec Alexandra Portail, naturopathe

Bienvenue dans ce nouvel article de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Aujourd’hui, nous allons parler du lien entre perte de poids et cycle menstruel. Pour cela, j’ai invité Alexandra Portail, naturopathe et professeure de yoga, spécialisée dans la santé féminine, à venir s’exprimer à mon micro. Comment retrouver ses règles après une perte de poids ? Comment les troubles alimentaires, et notamment l’anorexie, peuvent engendrer une aménorrhée ? Quelles autres causes qui interviennent dans l’absence de règles ? Nous avons tenté de répondre à toutes ces questions dans cet article.

Comment retrouver son cycle après une perte de poids et/ou une anorexie ? | En bref

Comment retrouver ses règles après une perte de poids ? En premier lieu, je pense qu’il est indispensable de comprendre pourquoi une perte de poids trop importante et/ou trop rapide peut provoquer une aménorrhée, c’est-à-dire une absence de règles.

C’est simple : si les apports sont insuffisants pour le bon fonctionnement du corps et du cerveau, ce dernier va décréter une mesure d’urgence. Schématiquement, il se dit : « On ne me donne pas assez d’énergie ? Alors je vais diminuer mes dépenses. » Pour faire face à cette « pénurie de carburant », il met à l’arrêt des fonctions non-vitales, comme la reproduction.

En général, ce n’est pas qu’une question physiologique. La perte de poids et les carences sont souvent en jeu, mais le stress et le besoin de contrôle ont leur rôle aussi.

  • Si le stress est en permanence trop élevé ;
  • si le cerveau doit perpétuellement gérer une charge mentale particulièrement élevée ;

… alors, au-delà de l’aspect nutrition, le cerveau est débordé. Là encore, il peut avoir besoin de mettre à l’arrêt des fonctions jugées non-vitales. L’absence de règles est un moyen que peuvent utiliser votre corps et votre esprit pour s’économiser et réussir à faire face malgré tout.

En bref : comment retrouver ses règles après une perte de poids ? Voici quelques conseils :

  • Faire la paix avec la nourriture et écouter vos besoins physiologiques pour retrouver un poids de forme.
  • Le cas échéant, repenser votre rapport au sport, afin de pratiquer une activité physique pour vous faire du bien, et non pour perdre ou maintenir un poids qui ne convient pas à votre corps.
  • Chercher et identifier les sources de stress et/ou d’hyper-contrôle, afin d’alléger votre mental et de tendre vers plus de bien-être psychologique.

Si vous sentez que ces quelques mots résonnent en vous, je vous propose :

  • d’écouter l’épisode de podcast ;
  • ou de poursuivre votre lecture.

Dans la suite de cet article, vous comprendrez plus en profondeur comment retrouver votre cycle après une perte de poids, ponctuelle ou prolongée.

Qu’est-ce que l’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle ?

L’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle : signe de mauvaise santé chez la femme

Dans cet épisode de podcast, Alexandra nous raconte son histoire personnelle avec la perte de poids et son cycle menstruel. Dans son cas, c’est l’anorexie qui a déclenché les troubles du cycle. Cependant, sans aller jusqu’à un TCA (trouble du comportement alimentaire), un (ou des !) régime(s) peuvent suffire à perturber les règles, avec des troubles allant des cycles irréguliers à l’aménorrhée.

Alexandra est tombée dans l’anorexie durant l’adolescence. Quelques cycles seulement après ses premières règles, son aménorrhée commençait… Ce fut le début d’une aventure en plusieurs étapes, jusqu’à ce que, 10 ans plus tard, elle a enfin pu en savoir plus sur le trouble dont elle souffrait.

C’est entre autres sa formation et ses patientes de naturopathie qui l’ont amenée à l’envie de comprendre son absence de règle.

« Peu importe projet grossesse ou pas projet grossesse : à ce stade-là, je savais qu’il fallait que j’ai mon cycle pour ma santé, en fait. Derrière, aussi, les absences d’hormones peuvent engendrer d’autres troubles de santé, comme l’ostéopénie, l’ostéoporose, les troubles cardio-vasculaires, un vieillissement prématuré, tout simplement. »

Elle a donc insisté auprès de médecins et de gynécologues pour passer des examens poussés.

Causes et définition de l’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle

« Il s’est avéré que mon aménorrhée a été diagnostiquée comme étant une aménorrhée hypothalamique fonctionnelle. En gros, c’est le cerveau qui bloque le signal. Il faut savoir que le cycle menstruel commence dans le cerveau. C’est notre hypothalamus puis notre hypophyse, ces 2 glandes qu’on a dans notre cerveau, qui engendrent la cascade hormonale. Il y a vraiment une autoroute cerveau-ovaires.

Il s’avère que moi, tout fonctionnait bien en haut, tout fonctionnait bien en bas, mais par contre, l’autoroute était coupée. Je n’avais pas de tumeur au niveau du cerveau, je n’avais rien qui dysfonctionnait au niveau des ovaires, de l’utérus, du vagin. Par contre, le cerveau n’envoyait pas de signal à mes ovaires. […]

Généralement, ce genre d’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle est lié à des notions d’hyper-contrôle, d’hyper-maîtrise. Le cerveau est bien trop occupé à autre chose, à s’occuper d’un stress, qu’il soit physiologique, dû à des carences, par exemple, soit d’ordre psychologique parce que toujours dans la performance, la productivité, le contrôle, tout surveiller, etc. Le cerveau, voulant et préférant notre survie plutôt que de nous reproduire, stoppe complètement le cycle reproducteur, qui est, pour lui, totalement secondaire.

Finalement, pour retrouver mon cycle, j’en ai déduit qu’il fallait d’abord que je m’occupe de mon cerveau, de ma santé psychologique et de cette notion d’hyper-contrôle. Dans quel axe de ma vie, dans quelle sphère de ma vie j’appliquais cet hyper-contrôle ? Il s’avère que c’était dans beaucoup de choses, y compris, et encore, dans l’alimentation. »

Connaissant désormais le terme d’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle et comprenant à quoi c’était dû, Alexandra a pu prendre soin de son cycle (et d’elle-même !).

  • Comment retrouver ses règles après une perte de poids qui a perduré au fil des ans ?
  • Comment intégrer plus de lâcher-prise dans sa vie et diminuer son stress ?
  • Comment se réconcilier avec la nourriture et passer du sport intensif à une pratique bienveillante ?

Voilà autant de questions auxquelles Alexandra a appris à répondre au fil du temps.

Comment retrouver ses règles après une perte de poids ?

Comment gérer les liens entre sport intensif, perte de poids et cycle menstruel ?

Le stress et l’hyper-contrôle

Il existe de multiples formes et causes d’absence de règles. L’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle est en une parmi d’autres. Nous venons de le voir : elle est notamment causée par :

  • un stress psychologique trop important, quelle que soit la forme qu’il prend ;
  • un déficit d’énergie conséquent et/ou des carences, causant un stress physiologique au corps.

Le cerveau prend alors une mesure d’urgence : il économise l’énergie pour se concentrer sur ce qui est vital. 

Une fois qu’on a compris ça, comment faire ? Au fil de notre échange, Alexandra nous raconte comment elle a pu retrouver un cycle menstruel naturel sans prendre de nouveau la pilule.

« La notion de maîtrise me rassure. Aujourd’hui, je travaille plus sur mes éventuelles craintes dans ma vie, ce qui me fait peur, parce que je sais que je développe du contrôle pour rassurer cette peur-là. Finalement, ce n’est pas tant le contrôle que je dois travailler, mais plutôt mes peurs et, naturellement, je mettrai moins de contrôle et de maîtrise dans ma vie. »

Alexandra a aussi réalisé de grands changements dans sa vie : déménagement, passage d’un appartement à une maison, transition d’une vie en ville à une vie en pleine campagne, fin du salariat pour se mettre à son compte… Tout cela aussi, a joué dans le retour de son cycle féminin naturel.

Le sport intensif et l’alimentation contrôlée

Les causes de l’aménorrhée hypothalamique fonctionnelle sont multiples. Travailler sur son stress et son besoin de contrôle n’aurait pas suffi. Alexandra a également dû revoir son rapport au sport et à l’alimentation.

« Déjà, j’ai commencé à enlever le terme « sport » dans ma vie. Pour moi, faire du sport, ce n’est pas signe de bonne santé. Pour moi, le corps a besoin de se mouvoir. Certes tous les jours, mais de manière différente et avec des intensités différentes en fonction de l’état dans lequel on se sent. »

Elle a aussi revu sa façon de s’alimenter. Pratiquante de jeûne intermittent depuis longtemps, Alexandra a notamment repris l’habitude de manger un petit-déjeuner. Dans un premier temps, il pouvait s’agir de très petites quantités ! Ce qu’il fallait, c’était réapprendre à son corps et à son cerveau qu’ils pouvaient avoir accès à de la nourriture à tout moment de la journée, s’ils en ressentaient le besoin.

On peut faire des parallèles avec la démarche nécessaire pour stopper les compulsions du soir. Il faut d’abord rassurer le cerveau et le corps quant aux manques auxquels ils ont été confrontés. Une fois qu’ils ont repris l’habitude d’être écoutés, corps et esprit pourront de nouveau exprimer leurs besoins. Il n’y aura alors plus lieu de tomber dans des signaux d’alarme tels que les compulsions alimentaires et/ou l’aménorrhée.

Ayant souffert de TCA, Alexandra a aussi dû réaliser un travail sur les injonctions qui entourent notre façon de manger. Cela est d’autant plus vrai qu’elle a suivi une formation de naturopathie, qui a rajouté l’orthorexie à l’anorexie.

Comme de nombreuses personnes souffrant ou ayant souffert d’anorexie, Alexandra nous parle de cette « petite voix » qui lui soufflait des injonctions… Au cours de son travail pour retrouver ses règles après sa perte de poids et ses TCA, Alexandra nous parle d’un changement sur ce point.

« Je pense que la grande différence entre avant et maintenant, c’est qu’avant, il y avait une voix dans ma tête et maintenant, elles sont 2. Il y a cette voix de la bienveillance et de la vigilance qui va essayer d’analyser la situation et de trouver tout ce qui pourrait être prétexte à. Parfois, c’est tellement sinueux que je suis très contente qu’elle soit là parce qu’elle me redonne un peu de clairvoyance. Moi, je suis un peu entre les 2 et je prends mes décisions. »


Nous vous conseillons aussi :

  • au sujet du rôle d’alerte des compulsions alimentaires : « Crise d’hyperphagie : ennemie… ou amie ? | Le témoignage d’Émilie, partie 2 » ;
  • au sujet de la naturopathie et du rapport à l’alimentation : « Naturopathie et alimentation : réflexions anti-diet-culture autour des comportements alimentaires ».

Comment retrouver ses règles après une perte de poids ? | Le témoignage d’Alexandra sur ses TCA

Au gré de ses explications sur les liens entre perte de poids et le cycle menstruel, Alexandra nous dévoile beaucoup de son histoire. Elle nous explique notamment comment elle est tombée dans l’anorexie durant son adolescence.

« Mon histoire personnelle, en fait, ça a commencé quand j’étais toute jeune fille. J’ai un contexte de parents divorcés, de famille recomposée. Il s’avère qu’il y a un moment donné dans mon enfance où il y a eu un basculement. […] Vers environ 10 ans, j’ai commencé à voir mon corps changer, tout simplement parce que j’ai commencé à développer des compensations alimentaires, par rapport à mon ressenti de ce moment-là. »

Évidemment, les moqueries à l’école puis au collège n’ont pas manqué de suivre cette prise de poids. L’alimentation fut, d’une certaine façon, la source de problèmes, essentiellement par le biais des moqueries et de la grossophobie. Mais la nourriture était aussi son doudou et un moyen d’exprimer des ressentis compliqués.

« En fait, ce qui a changé, c’est que j’ai une petite voix, qui a commencé à grandir dans ma tête. C’est comme ça qu’est apparue, chez moi en tout cas, l’anorexie mentale. Aujourd’hui, je mets ce terme-là d’anorexie mentale sur la suite de mes troubles des conduites alimentaires. »

Si sa perte de poids a été valorisée dans un premier temps, certains ont fini par s’inquiéter, au bout d’un moment.

« J’ai eu, quand même, une visite chez le médecin. Mon médecin généraliste de l’époque m’a pesée et m’a dit : « Soit tu prends du poids, là, dans les prochaines semaines, soit je t’hospitalise. ». Là, ça a été le déclic. […] J’ai entamé une reprise de poids, mais j’ai envie de dire une reprise de poids numérique et malsaine. Il n’y avait pas, derrière, ce travail d’acceptation, de deuil… »

Ce travail, elle ne le fera que des années plus tard. La naturopathie lui a permis de comprendre que l’aménorrhée est un signe de mauvaise santé féminine. La façon dont certaines patientes lui renvoyaient sa propre histoire lui a aussi permis une certaine prise de conscience. Enfin, comme nous l’avons vu précédemment, c’est sa recherche d’un retour de règles qui a amené Alexandra sur le chemin du mieux-être.

Si vous souhaitez découvrir plus en détail l’histoire d’Alexandra, je vous invite à écouter l’épisode en entier.

Pour celles et ceux qui souhaitent aller encore plus loin, je vous invite à la retrouver :

– sur son site internet, Hygiène2vie ;

– et sur son podcast, Éclosion.

*

Si, vous aussi, vous vous demandez comment retrouver ses règles après une perte de poids, j’espère que cet article vous aura apporté des pistes. Si vous sentez ou savez que votre rapport à l’alimentation est compliqué et qu’une aide vous serait bénéfique, je vous propose de découvrir mon accompagnement Indépendance Cannelle.


Nous vous conseillons aussi :

  • L’accompagnement Indépendance Cannelle ;
  • Le site internet d’Alexandra : Hygiène2vie ;
  • Le podcast d’Alexandra : Éclosion.

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