Le témoignage de la boulimie chez un homme | L’histoire des différents troubles de Pierre

Bienvenue dans ce nouvel article de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Aujourd’hui, je reçois pour la troisième fois le témoignage de la boulimie d’un homme. Pierre, 21 ans, nous raconte ce qui l’a mené à exercer le métier de diététicien. Pour lui, les troubles du comportement alimentaire ne sont qu’une pièce du puzzle qu’il a vécu, et vit encore pour certains. À 10 ans, Pierre pensait que c’était normal d’avoir des envies suicidaires, de s’automutiler et de faire des compulsions alimentaires. Il avait conscience de l’inconfort dans lequel il vivait, mais a toujours été laissé seul face à cela. Il a grandi dans un environnement grossophobe, avec la croyance que son corps était non-conforme. Au collège, il a commencé à faire du sport, et à pratique de plus en plus, pour compenser les crises. C’est ainsi qu’il est tombé dans la boulimie. C’est au début de ses études supérieures que Pierre a commencé à demander de l’aide. Grâce, entre autres, à la présence d’une psychologue au sein de son université, il a pu commencer à sortir de la dépression et des troubles alimentaires. Je vous laisse découvrir son histoire.

« Je m’appelle Pierre. J’ai 21 ans et j’ai juste une image claire que, à 10 ans, j’avais déjà ces troubles-là. »

« Pour moi, c’était normal d’avoir des envies suicidaires, de s’automutiler, d’avoir ces crises… »

« J’ai toujours eu un décalage avec les autres, en fait, depuis très très jeune. »

« Je n’ai pas un physique qui exprime que j’ai des TCA, parce que j’ai un IMC tout à fait normal. »

« Et c’est vrai que j’ai beaucoup grandi sur cette peur d’être gros, parce que du coup, gros c’était moche, gros c’était en mauvaise santé, gros c’était tout plein de choses… »

« Après, j’ai commencé à faire du sport et là, c’était foutu, quoi. J’ai mis le doigt dans un engrenage dans lequel je ne me rendais même pas compte. »

« Je dirais que je suis un peu dans le début. Un début qui est quand même bien avancé… Je dirais que, parfois, l’aide est beaucoup plus proche qu’on ne le croit. Parfois, il faut juste oser tisser du lien et en fait, on peut avoir de très très bonnes surprises. »

Le témoignage de la boulimie d’un homme aujourd’hui diététicien

– Bonjour Pierre !

– Bonjour Anne !

– Je suis vraiment ravie de t’accueillir dans ce nouvel épisode de « La pleine conscience du pouvoir » . D’autant plus que tu es venu jusqu’à moi, à Dourdan. 😊 On n’est pas si loin que ça l’un de l’autre, mais quand même : tu t’es armé de courage pour affronter le RER C ce matin ! Ce n’est pas une mince affaire ! 😉 Ça m’a fait extrêmement plaisir que tu proposes de te déplacer jusqu’ici, pour venir apporter le témoignage de ta boulimie, en tant qu’homme. Merci beaucoup !

– Merci à toi !

– Nous nous sommes connus parce que tu avais commenté un de mes posts sur Instagram. C’était peut-être suite au témoignage de Robin…? Tu t’étais reconnu, je crois, dans une certaine part de son histoire, ainsi que dans celle de Ludovic. De ce fait, j’ai sauté sur l’occasion pour te contacter et proposer que tu viennes témoigner à ton tour. 😉 Je te remercie beaucoup d’avoir accepté. C’est extrêmement important pour moi que d’autres hommes témoignent, pour qu’il y ait de la diversité. Mais j’ai assez parlé pour le moment ! Pierre, est-ce que tu veux bien te présenter ?

– Avant tout : merci à toi ! 😊 Je m’appelle Pierre, j’ai 21 ans. Je suis diététicien, contrairement à ce qu’on pourrait penser. C’est un peu paradoxal. 😉

– Tu nous expliqueras pourquoi par la suite. 😊

– Ça fera partie de l’histoire, oui. Aujourd’hui, j’exerce cette profession dans un centre spécialisé dans le handicap mental, avec notamment de gros troubles du comportement alimentaire liés à une maladie. Je côtoie ce genre de problématique quasiment au quotidien.

– Tu t’es plongé dans le quotidien des troubles alimentaires, ou en tout cas de la relation compliquée avec l’alimentation. J’ai vraiment hâte que tu nous racontes ce qui a motivé ce parcours professionnel. Mais, aujourd’hui, c’est aussi ton parcours personnel que tu vas partager avec nous. Par où as-tu envie de commencer ?


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Des troubles psychiatriques présents dès l’enfance

– Je vais essayer de raconter ça de façon chronologique… même si je ne suis pas un très bon invité car j’ai une très mauvaise mémoire. 😉 Je ne pourrais pas te dire exactement à quel moment ça a commencé… Ce que je souhaite partager aussi dans ce témoignage, c’est le fait que, pour moi, les TCA ne sont qu’une partie du problème. En ce qui me concerne, c’est un puzzle. Les troubles alimentaires n’en sont qu’une pièce. J’apporte ici le témoignage de ma boulimie en tant qu’homme, mais autour de ça, j’ai beaucoup… enfin « beaucoup »… en tout cas, j’ai d’autres troubles associés. J’ai juste une image claire qu’à mes 10 ans, j’avais déjà ces troubles-là, c’est-à-dire des troubles psy d’une manière général, TCA inclus. À mon avis, ça a dû commencer avant, sans doute vers mes 9 ans, voire même plus tôt, je n’en sais rien.

– C’est quelque chose qui s’est installé et dont tu as vu l’émergence autour de tes 10 ans.

– C’est ça. À 10 ans pour sûr et peut-être avant.

– En tout cas, les souvenirs sont là autour de cet âge.

– Oui. J’ai le souvenir clair qu’à 10 ans, le jour de mon anniversaire, ça n’allait vraiment pas du tout. J’avais énormément d’envies suicidaires à ce moment-là, malgré le fait qu’on essayait d’être un peu en mode festif. Je me rappelle que je m’automutilais déjà. J’avais aussi des crises d’hyperphagie boulimique. Ce n’était pas encore de la boulimie puisqu’il n’y avait aucune compensation derrière, mais c’était très compulsif. J’allai dans les placards et je mangeais tout ce que je pouvais trouver. Ça pouvait être des choses comestibles, ou carrément des choses crues, comme des pâtes ou du riz crus… C’était très compliqué à cette époque. J’ai l’impression que, quand on est jeune, on n’a pas de recul et on a l’impression que c’est normal, en fait.

– C’est-à-dire que tu te disais que tout le monde faisait ça ? C’est ça que tu veux dire ?

Pour moi, c’était normal d’avoir des envies suicidaires, de s’auto-mutiler, d’avoir ces crises… Du coup, pour moi, ça n’a jamais été, entre guillemets, un « problème ». Je le vivais mal, mais, pour moi, c’était juste moi qui étais trop faible par rapport à la vie. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais ça ressemblait à ça.

– C’est-à-dire que ces différents troubles faisaient tellement partie de ton quotidien que tu te disais que « ba oui, c’est moi, c’est normal, c’est ma vie »… Tu ne te disais peut-être pas que tout le monde vivait ça, mais c’était normal que toi tu le vives en tout cas. C’est ça ?

– Je pensais que c’était normal que moi, je le vive, mais je pensais aussi que c’était dans le quotidien de tout le monde. Pas tant pour les troubles du comportement alimentaire, pour le coup. Pour les TCA, je n’avais pas trop cette pensée-là. Mais pour le reste, les envies suicidaires, etc., je pensais que c’était normal. Je ne me suis rendu compte que des années et des années après que non, ce n’est pas normal…

– Tu as fait du chemin depuis, mais à 10 ans, c’est différent. Comme tu le disais : c’est normal que tu n’aies pas eu de recul sur quoi que ce soit. Je pense que c’est lié à l’âge, d’une part. Mais, d’une manière plus générale, quand on est profondément dans cette souffrance, c’est compliqué d’avoir du recul sur ce qu’il se passe.

La solitude et les moqueries sur le poids à l’école

– En plus, à l’époque, je n’avais pas forcément les mots que j’ai maintenant pour parler de ce genre de trouble. C’est compliqué de verbaliser, à cet âge-là. On ne sait pas trop par où commencer. Ce n’est vraiment pas facile de s’exprimer là-dessus, ni de savoir à qui l’exprimer… C’est très compliqué de le vivre quand on est particulièrement jeune.

– Ce que je comprends, c’est que c’était quelque chose que tu vivais très seul et qui était caché à ton entourage, à ta famille, etc.

– Caché, oui. Le but, ce n’était clairement pas de m’exposer, contrairement à ce qu’a pu me dire ma mère, il y a quelque temps. Il y avait comme des soupçons, entre guillemets, car parfois, on me voyait sortir du placard. Mais ça n’a jamais alerté mes parents plus que ça… Même quand je faisais des crises de larmes ou des sortes de crises d’angoisse, ça n’a jamais alerté personne. Alors que c’était quand même des choses qui arrivaient plusieurs fois par semaine, à leurs yeux. Pour moi, c’était tous les jours. Je me rappelle que j’étais, entre guillemets, « très timide ». C’était très lié à ces troubles-là, qui faisaient que je m’isolais beaucoup. J’ai toujours eu un décalage avec les autres, depuis très très jeune. J’ai toujours du mal à sociabiliser et à trouver ma place au sein des groupes. J’ai toujours été très seul. Au début, personnellement, ça ne m’a pas trop pesé. Mais quand ça fait plusieurs années que tu es seul, que tu n’arrives pas du tout à sociabiliser, que tu n’as personne avec qui parler, que tu as des envies suicidaires tout le temps et que ça ne va pas… au bout d’un moment, ça finit quand même par peser. Ça accentue tous les troubles. Pour revenir un peu sur les TCA et l’image corporelle : à ce moment-là, je recevais aussi des moqueries sur mon physique, à l’école. Pourtant, malheureusement, je suis un peu la mauvaise personne pour avoir des TCA puisque je n’ai pas un physique qui exprime ça. J’ai un IMC tout à fait normal et je l’ai toujours eu. Je n’ai jamais été en surpoids ni en sous-poids. J’ai une vie relativement normale, j’ai un travail, etc. Mes troubles ne se voient pas forcément et, du coup, c’est toujours compliqué d’avoir une certaine « crédibilité ». J’ai déjà reçu des réflexions de la part d’un psychiatre, qui ne me croyait pas du tout, par exemple.

– Ah oui…

– C’était quand je cherchais des soins après l’université… En tout cas, quand j’étais jeune, je subissais des moqueries sur mon poids, alors que j’avais un poids normal. Ça m’impactait parce que c’était régulier, notamment en cours de piscine… Je suis sûre que je ne suis pas le seul à avoir eu de mauvaises expériences à ce moment-là !

– Olala… Les fameux trimestres de piscine…

– C’était une plaie… Beaucoup de personnes pensent que ça ne concerne que les filles. C’est vrai qu’elles ont plus tendance à se prendre des remarques. Ça peut être plus compliqué au moment de la puberté. Mais honnêtement, les garçons ne sont pas forcément beaucoup plus tendres entre eux. Même les filles envers les garçons, ce n’est pas très bon non plus. Il y avait beaucoup de jugement. En plus, dans ma classe, beaucoup de personnes étaient très fines. Un peu plus tard, pendant l’adolescence, je me souviens de quelqu’un qui était super sympa et très sportif. Il faisait des cross et il avait un très bon niveau. Forcément, il était très tracé… Du coup, tout le monde faisait un peu tâche derrière.

– C’était devenu la référence en matière de physique, la référence à atteindre pour les autres garçons.

– Exactement. En plus, c’était quelqu’un de très intelligent. Il excellait partout… C’était vraiment le gars parfait.

-Olala, l’horreur quoi. 😉

– C’est ça. 😉 On était très vite comparé et ça accentue encore plus les complexes… Bref, du coup, la piscine, c’est encore compliqué. À l’heure actuel, je ne m’y rends toujours pas.

– D’accord, ça continue à rester un sujet sensible… Bon, après, on n’est pas tous obligé d’aller à la piscine. Mais ce que j’entends, c’est que c’est quelque chose dont tu te prives. N’est-ce pas ?

– Oui, complètement.

– Tu aimerais, mais il y a un pas que tu ne peux pas franchir pour le moment, tellement ça a été marquant.

– Tellement je suis complexé, en fait.

– Je comprends. Je reste marquée par l’image de ce petit garçon très isolé et très seul, même jour de son anniversaire… Comme on le disait : il y a ce souvenir à 10 ans, mais il y a sans doute aussi eu tout ce qui t’a amené à ça. Il a dû y avoir beaucoup d’isolement. Tu t’es toujours senti différent, à côté… Et puis ça s’est poursuivi ensuite. Peut-être même que ça s’est accentué avec la puberté et l’adolescence ? Les comparaisons ont-elles continué après l’école primaire ?

Le témoignage de la boulimie d'un homme

Les remarques grossophobes permanentes à la maison

– Clairement. Les années collèges, et même lycée, ça a été très compliqué. Sachant qu’à côté de ça, il y avait ma mère qui n’est pas forcément très ouverte sur la diversité des corps. Je me prenais pas mal de remarques… je n’ai pas envie de dire grossophobes, parce que je ne suis pas une personne grosse. Mais c’était des remarques comme : « t’es gros », « tu manges trop »…

– Ah oui… Et bien si, c’est clairement grossophobe. C’est la peur que tu deviennes gros et/ou la croyance que tu étais gros. En résumé : tu avais un corps normé, mais qui était vu par l’extérieur comme anormal, pas dans les clous.

– C’est ça. Et puis ils y allaient… Ils étaient francs, on va dire.

– D’accord. Recevais-tu aussi des remarques sur la façon dont tu t’alimentais, en plus de celles sur ton physique ?  

– Oui, et ça allait même plus loin que ça. Ça concernait aussi la façon dont je m’habillais et le fait que j’étais trop isolé. À l’adolescence, je tenais un peu plus tête à ma mère, mais pas dans le but de le provoquer. C’était juste que j’en avais marre de ces remarques. En plus, mon père s’en prenait encore plus que moi et ça m’insupportait. Il lui envoyait tout le temps des « t’es gros », « t’es moche », « t’es ceci »… Ma mère ne se gênait pas non plus pour juger les corps des autres personnes, dans la rue par exemple. Quand on grandit dans cet environnement-là, on s’imprègne de ça. J’ai honte de le dire, mais malheureusement, j’ai eu ce genre de pensées et parfois, je les ai dites. Ça m’est arrivé très peu de fois, de clairement le dire. Je me suis très vite rendu compte qu’en fait, ce n’est pas normal. Mais c’est vrai que c’est quelque chose dont j’ai très très honte.

– Hé oui… mais tu étais baigné dedans. Comme la plupart d’entre nous d’ailleurs, même si c’était plus accentué pour toi. Je vais peut-être généraliser peut-être par rapport à mon propre vécu. Mais, quand j’étais dans cette course pour garder un corps normé, forcément, moi aussi je pensais que les autres ne faisaient pas ce qu’il fallait, que ce n’était pas bien d’être gros, etc. Cette grossophobie est à la fois envers les autres et envers nous-même. Même si notre corps est normé, on a tellement peur de devenir gros que nous l’exprimons. Par contre, j’ai compris que tu t’es vite rendu compte qu’il ne fallait pas avoir des pensées ou des dires comme ça.

– Pas forcément par rapport aux pensées, mais plus par rapport aux dires, sur les autres. Je me souviens notamment d’une expérience avec quelqu’un de super sympa. J’ai finalement super bien accroché avec lui et nous sommes devenus supers amis par la suite… Je devais avoir 13 ou 14 ans, à l’époque. Cette personne, pour le coup, était obèse. Forcément, il y avait l’abruti de service qui l’insultait sur son poids. Vu qu’à ce moment-là, j’avais énormément de mal à sociabiliser, je m’accrochais au premier que je trouvais. C’est comme ça que je suis un peu tombé là-dedans, moi aussi. Cependant, je me suis très vite rendu compte que ce n’était pas normal d’harceler quelqu’un sur son poids. Ceci étant dit, j’avais quand même énormément de pensées sur les autres. Je pensais : « lui, il est gros », « lui, il est moche », etc. J’avais aussi ces pensées envers-moi, d’ailleurs ! Je parle beaucoup des autres, mais ça me visait aussi ! J’ai toujours grandi avec cette peur d’être gros, parce que du coup, gros c’était moche, gros c’était en mauvaise santé, gros c’est tout plein de choses… J’avoue que c’est un peu compliqué de parler de ça. J’ai énormément honte !

– Mais oui… Avec le recul, c’est difficile de t’accorder de la bienveillance sur ces points-là, même si tu comprends bien que tu avais un environnement qui te poussait à ça. Remémorons-nous le contexte du collège, avec ces groupes d’appartenance… C’était déjà compliqué pour toi d’être dans un groupe et de te sentir inclus. Malheureusement, au collège, une façon, de se sentir appartenir à un groupe, c’est de se moquer des autres, de se liguer contre les plus faibles. C’est maladroit et violent, mais ça n’en reste pas moins quelque chose de courant. D’ailleurs, ça peut commencer en primaire et se poursuivre au lycée. Tu avais vécu ça toi-même et tu as pu te dire que ça n’avait pas de sens. Tu as pu te rendre compte que c’était une belle personne. Je trouve ça extrêmement mature, de prendre ce contre-pied ! C’est une période tellement compliquée… Mais reprenons le fil de notre histoire. Le collège, le lycée, ça continuait à être compliqué pour toi. Tu avais toujours ces autres expressions de souffrance, que tu vivais en plus des TCA ?


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L’envie de perdre du poids qui fait basculer dans la boulimie

– C’est ça. Ça a toujours été un pack. 😉 J’ai toujours un peu tout eu en même temps. Dans les années collège, les TCA se sont encore plus accentués. À cause des réflexions de ma mère, qui étaient quotidiennes, mes TCA ont pris un tournant à ce moment-là. J’ai commencé à faire de la boulimie. Les compulsions étaient plus grosses, ce qui était déjà difficile à imaginer… Je suis passé de manger des choses crues à manger des choses surgelées. Je n’avais plus d’autre choix… Quand je faisais mes compulsions, le but, c’était que ça se voit le moins possible. Du coup, je ne pouvais pas me précipiter sur un seul aliment. Sinon ça se serait vu. Du coup, je piochais plein d’aliments et c’est pour ça que ça se voyait relativement peu. J’ai parfois parlé avec d’autres personnes souffrant de TCA. Au fil des témoignages de boulimie, d’homme ou de femme, ou d’autres TCA d’ailleurs, j’ai remarqué que c’est un comportement assez commun. On a tendance à vite cacher. Quand on retourne un placard, on va faire en sorte que ce soit tout bien comme avant pour que personne ne soupçonne qu’on a mis la main dedans.

– Pour que ça passe inaperçu.

– C’est ça. D’ailleurs, j’allai dire que c’est drôle… mais en vrai, ce n’est pas si drôle que ça : je croisais mon père qui faisait un peu les mêmes choses. Je ne sais pas s’il a des TCA ou si c’était juste du grignotage. Mais quoiqu’il en soit, je le voyais sortir aussi du placard et je me disais : « ah… peut-être que nous sommes un peu pareils sur ce point-là ». Mais, avec mon père, les conversations « profondes » on va dire, sont très compliquées. Il a beaucoup de mal à parler de choses personnelles. On n’en a jamais abordé.

– Mais en tout cas, vous vous croisiez parfois autour du placard. Je n’oublie pas les réflexions que ta mère pouvait lui faire à lui aussi, sur son comportement alimentaire ou son physique. Tu disais que, à ce moment-là, c’est plus la boulimie qui s’est enclenchée. Les compulsions étaient plus fortes, ou plus nombreuses. En tout cas, elles étaient plus importantes. Du coup, il fallait que tu trouves des moyens que ça passe inaperçu au niveau de ta silhouette. C’est bien ça ?

Le sport excessif pour compenser les crises alimentaires

– Je n’étais pas forcément dans cette optique-là, mais plutôt dans l’optique de vouloir maigrir. J’avais envie de perdre du poids. Ce qui est complètement paradoxal, quelque part, par rapport aux crises que je faisais… Mais quoiqu’il en soit, j’étais vraiment dans cette optique de perdre du poids à tout prix. C’était dans les années collèges. Je me suis énormément renseignée sur l’alimentation : comment calculer ses calories, son métabolisme de base, etc. Ce qui m’a pas mal servi pour mes études, en vrai. 😉

– Oui du coup, tu avais déjà des connaissances acquises !

– Oui, j’avais plutôt de bonnes bases… mais je ne les utilisais pas à des fins professionnelles. J’étais carrément dans les dérives. Je me restreignais. Contrairement à l’heure actuelle, je ne pouvais pas sauter de repas car ça se serait vu. Et encore, parfois, j’arrivais à sauter un repas, mais c’était un peu compliqué. Il fallait bien calculer le truc. Globalement, en fait, je ne mangeais que des légumes, sur un jour, 2 jours, voire 3 jours. Du coup, j’avais des apports très très faibles. Je ne me suis jamais fait vomir. Je n’ai jamais réussi. Après, j’ai commencé à faire du sport et là, c’était foutu. J’avais mis le doigt dans un engrenage. Je ne me rendais absolument pas compte des conséquences que ça allait avoir. D’autant plus qu’on est bassiné, sur les réseaux sociaux… Je ne vais pas citer de noms, mais il y a beaucoup de gros influenceurs sport, qui, clairement, prônent une alimentation troublée et surtout un rapport au sport qui n’est clairement pas normal. Personnellement, ça m’a entre guillemets « aidé » à continuer ce genre de pratique. Je suis sûr qu’on peut facilement trouver d’autres témoignages sur la boulimie d’hommes et de femmes qui ont, hélas, écouté ces influenceurs.

– Bien sûr. C’étaient des modèles pour toi. Tu étais dans leur influence, et c’est ça que font les influenceurs au niveau sport. Tu as tout à fait raison de souligner combien prônent une alimentation troublée. Ça tombait à pic pour toi…

– Je me nourrissais de ça… Tous les jours, je regardais des vidéos pour me motiver à perdre du poids et à faire du sport. J’en faisais tous les jours. Dans mes années lycée, j’en faisais parfois jusqu’à minuit. J’étais un peu plus lent pour assimiler les notions, donc je devais beaucoup travailler pour arriver potentiellement au même résultat, voire à un résultat inférieur à celui des autres. Je travaillais beaucoup, donc je n’avais pas forcément trop le temps de faire du sport, mais j’en faisais malgré tout. J’étais tellement dans cette mentalité de « je dois faire du sport » que je pratiquais tard. Ensuite, je me réveillais le lendemain à 6 ou 7 h pour aller au lycée. Ça devenait vraiment une obsession. Ça ne posait absolument aucun problème à ma mère, au contraire ! Elle m’invitait à continuer là-dedans.

– Et puis il y avait l’impact des influenceurs sportifs qui prônent ça. Certains disent quand même qu’il faut un jour de repos dans la semaine, mais dans l’idée, c’est tous les jours, tous les jours, tous les jours. Je pense que la croyance que c’est bien de faire du sport tous les jours concerne beaucoup de personnes.

– Ce qui, en soi, est vrai, mais ça dépend de pourquoi, comment, avec quelle intensité et quel repos derrière… Donc oui et non. 😊

– C’est ça : « oui mais ».

Témoignage de la boulimie d'un homme : début de guérison

L’impact des influenceurs sport dans le rapport à l’alimentation

– Voilà. Si c’est pour faire un marathon tous les jours, ce n’est pas forcément vrai. 😉 Si c’est dans le but de compenser la nourriture, dans le cadre de TCA, ce n’est pas du tout un but sain. Sur les influenceurs, j’ajouterai que… enfin je ne vais pas citer de nom, même si j’en ai très envie…

– Moi ça ne me dérange pas. 😊

– Dans ce cas, je peux citer Sissy Mua, par exemple. Elle prône l’alimentation intuitive alors qu’il n’y a absolument rien d’intuitif dans ce qu’elle dit. Je trouve ça… horrible. Je crois qu’elle a fait des études en agroalimentaire, ou quelque chose comme ça. Du coup, elle a ce côté « je m’y connais » et elle se permet de parler d’une notion à but thérapeutique, à but bienveillant, en le détournant en quelque chose de pas bienveillant du tout. C’est très compliqué de s’y retrouver quand on n’a pas des notions suffisamment solides en alimentation. Aujourd’hui, j’ai le recul suffisant là-dessus et je vois les effets dans mon travail, dans ma vie de tous les jours. Je croise souvent des personnes qui ont des notions qui sont complètement fausses, ou qui ont des demi-notions. Par exemple : l’alimentation intuitive, ils savent plus ou moins ce que c’est mais, à cause des influenceurs qui l’utilisent pour prôner des dérives… ils passent à côté du concept. Je précise que j’ai cité Sissy Mua, mais que ce n’est clairement pas la seule. Je trouve que tout ce qui traîne autour de l’alimentation en ce moment, ça complique tout. On vit vraiment dans une société qui a globalement une paranoïa quant à l’alimentation. On a peur qu’il y ait des trucs super toxiques dans ce qu’on mange… C’est peut-être vrai dans certains cas, mais globalement, ce n’est pas parce qu’on mange des frites qu’on va avoir un cancer le jour d’après !

– Dieu soit loué ! 😉 Ce que tu disais, pour reprendre l’histoire, c’est que toi, à cette époque-là, tu es tombé à fond là-dedans. Tu y as mis le doigt, la main, le bras puis tout le reste dans l’engrenage.

– Exactement.

– On est arrivé au lycée là ?

– Non, quand j’ai commencé à faire vraiment beaucoup de sport et à basculer dans la boulimie, c’était plutôt durant le collège. Comme j’ai une mémoire en carton, je dirais globalement vers 13 ans.

– Ah oui, donc quand tu étais encore très très jeune ado, au tout début de la puberté.


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L’impact d’une agression sexuelle dans le rapport au corps

– J’aimerais aussi parler de quelque chose qui s’est passé un peu avant, vers 11 ou 12 ans. J’étais en 5e à l’époque. Je me suis fait agresser sexuellement par un camarade de classe. Ça, ça n’a clairement pas aidé à avoir un meilleur rapport à son corps… Évidemment, je suis restée dans le silence toute ma vie. À part quand j’en parle avec des professionnels ou ici dans le podcast, je n’en parle pas. Ça m’a beaucoup fait me remettre en question sur énormément de points, y compris sur ma sexualité. C’est un homme qui m’a fait ça. Du coup, j’étais en mode : « Est-ce que j’ai pris du plaisir ? Est-ce que je n’ai pas pris de plaisir ? ». C’est très compliqué de vivre ça de manière générale, mais ça l’est encore plus à cet âge-là et dans un environnement comme celui de l’école, avec une masculinité toxique. C’était très compliqué de savoir si c’était normal, pas normal, si je l’avais cherché ou pas, etc. Finalement, ce sont des problématiques assez classiques dans ce genre de situation.

– Le rapport au corps et à la transformation du corps était déjà compliqué, mais en plus il y a eu cette agression. Ce qui me marque, depuis le début de ton récit, c’est cette solitude et ces choses qui ne se disent pas. Ces envies suicidaires, ces automutilations, les troubles du comportement alimentaire, l’agression sexuelle, la mise à l’écart, voire le harcèlement…. Et aucun adulte autour de toi qui n’observait quoi que ce soit.

– Voire ne réagissait pas forcément, car ils savaient que j’étais seul et que je n’avais plus envie de faire quoi que ce soit. Parfois, mes parents me forçaient à aller voir des gens. Mais ça ne les a pas plus perturbés que ça. Alors que bon, un enfant qui n’a pas envie de sortir de chez lui, qui ne veut voir personne, qui n’a aucune affinité avec qui que ce soit… ça devrait alerter. Avec le recul, je trouve ça inquiétant, mais mes parents, à l’époque, ne se sont pas posé plus de questions que ça.

– Ils étaient peut-être aux prises avec leurs propres problématiques… J’ai oublié de te demander : tu as des frères et sœurs ?

– Oui, j’ai un grand frère. Lui n’est pas du tout dans ces problématiques-là. On vit vraiment dans 2 mondes différents. J’avance un peu dans le futur ave l’anecdote que je vais raconter, mais elle est représentative… À 19 ou 20 ans, j’ai commencé à avoir mes premiers suivis psy. Je commençais un peu à assumer et je voulais en parler ça avec mon entourage. Je sentais que c’était important d’évoquer ça avec eux. Quand j’en ai parlé à mon frère, il n’a clairement pas eu une façon… humaine, on va dire, de comprendre les choses. Pourtant, je suis quelqu’un de très rationnel, mais il y a juste des choses qu’il ne capte pas dans la notion de maladie mentale, qui sont super importantes. Par exemple : oui, quand on a envie de se suicider, on a du mal à se lever, on a aucune motivation, l’hygiène, c’est super compliqué… Mais lui, ça, il ne capte pas. C’est très compliqué d’apporter un témoignage de ma boulimie, surtout en tant qu’homme, à mon frère ou, d’une manière générale, à mes proches.

La demande d’aide psychologique après une tentative de suicide

– Je vois que nous sommes en train d’avancer dans l’heure et dans ton récit. Tu disais que tu as commencé à demander de l’aide vers 19 ou 20 ans. Qu’est-ce qui a enclenché ça ? Je garde en tête toutes ces années de dépression, de souffrance, de troubles… Et puis, à 19 ou 20 ans, tu demandes de l’aide. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Il faut savoir qu’à 17 ans, j’ai fait une tentative de suicide.

– D’accord, il y a eu un passage à l’acte.

– Ça explique un peu pourquoi j’ai essayé de trouver de l’aide. J’ai raconté ça à ma mère quelques mois plus tard.

– Que tu avais fait une tentative de suicide ?

– Oui.

– Ah parce que tes parents n’ont pas été mis au courant ?

– Non, ils n’étaient pas au courant parce qu’il n’y a pas eu de séquelles ni quoi que ce soit. Quand je l’ai dit à ma mère, elle n’a absolument pas réagi. Ça pour le coup, c’est quelque chose que j’ai encore vraiment en travers de la gorge. Elle n’en avait vraiment rien à faire. C’était très compliqué parce que c’était la première fois que je m’ouvrais sur ce sujet-là. Et encore, ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. Je ne lui ai pas dit que ça faisait des années que j’avais ces troubles… Le fait qu’elle n’ait eu absolument aucune réaction, ça m’a beaucoup travaillé. Par contre, je suis désolée, est-ce que je peux faire une autre parenthèse ? Est-ce qu’on a encore un peu de temps ?

– Oui, vas-y, vas-y !

– C’est également par rapport à mon rapport au corps. Ça m’a beaucoup impacté et ça vient encore de ma mère. Il y avait ses remarques constantes, mais en plus, elle a commencé à voir des gestes on va dire un peu déplacés. Ce n’était pas incestueux. J’ai appris ce mot récemment : c’est plutôt incestuel. C’était vraiment à la limite entre le « c’est normal » et « ce n’est pas normal ». Adolescent, je l’avais confrontée sur ça. Je devais avoir entre 13 et 15 ans, je pense. Je l’avais confrontée et là, pareil : elle n’en avait eu rien à faire… Ça continuait, ça continuait… Tout ça combiné, ça a fait que j’ai eu énormément de mal à me sentir bien dans mon corps. Mais ces passages-là, avec ma mère, c’est quelque chose que j’ai complètement oublié. À 19 ans, j’ai habité seul. Je suivais ma 2e année de DUT diététique. C’est à ce moment-là que je me suis dit que j’en avais marre de vivre comme ça. J’avais envie d’aller mieux et c’était la première fois que j’avais vraiment cette envie-là. Je me suis dit : « Ça tombe bien : on commence une nouvelle année et je vis seul. ». À l’université, il y a des psychologues. J’ai pris rendez-vous avec l’une d’entre elles. J’ai eu énormément de chances parce qu’elle était adorable. C’est vraiment quelqu’un que je remercie énormément. Sans elle, je n’en serais clairement pas là. C’est là que j’ai commencé à avoir mon premier suivi. Ça m’a fait pas mal travailler. Ce fut vraiment un très gros soutien. À côté de ça, à l’université, j’ai réussi à nouer des liens. C’était la première fois que je liais des liens vraiment d’amitié. J’ai quand même une amie d’enfance que j’ai connue à 10 ans. C’est la seule amitié forte que j’ai eue à cette époque. Sinon, j’ai commencé à avoir des amis à l’université. Je commençais à aller un peu mieux, même si les TCA étaient clairement encore là, les envies suicidaires aussi. L’automutilation, ça s’est aggravé…

Le choix de la diététique comme métier, malgré les TCA vécus

– Il y a une bascule au moment de prendre ton autonomie, d’une manière très concrète puisque tu vivais seul. Du coup, tu as pu commencer à te dire que tu allais pouvoir demander de l’aide. C’est important ce que tu soulignes sur la préciosité de la présence de psychologues dans les facs, que les étudiants peuvent aller consulter gratuitement. C’est une sacrée ressource ! En plus, vous vous êtes bien entendus. Une alliance thérapeutique s’est faite tout de suite. On en arrive à ce qui t’a motivé à faire ce métier et ces études de diététicien. C’était peut-être logique pour toi ?

– Durant toutes ces années de TCA, je me suis énormément renseigné sur l’alimentation. Malgré le contexte de boulimie et de crises alimentaires, j’ai trouvé ça hyper intéressant, ce côté scientifique. Comment est-ce que tel aliment, tel macro ou micro-nutriment impacte le corps, etc. ? Je trouvais ça fascinant, même si je ne l’utilisais pas à bon escient. De plus, j’ai toujours voulu aider l’autre. Ça a toujours été une très grosse motivation pour moi. À la base, je voulais être sapeur-pompier de Paris, mais avec mes troubles psy, ça n’a pas trop collé… J’étais censé faire un service civique en février, mais ça n’allait vraiment pas bien à cette époque-là. J’avais énormément de pensées suicidaires, donc j’ai arrêté. Mais c’était ça, mon but de base : je voulais aider les gens et j’aimais la diététique… Du coup, diététicien, ça collait quoi. 😉

– Ça tombait sous le sens, du coup. 😊

– C’est comme ça que je me suis retrouvé dans cette voie-là. Franchement, je ne regrette pas du tout, même si je voulais être sapeur-pompier. Ce n’est peut-être pas plus mal, parce qu’en diététique, c’est un peu plus tranquille. Les pompiers de Paris, c’est quand même très militaire. C’est une ambiance un peu spéciale, on est toujours sous pression… La preuve : je n’ai pas tenu. Je me retrouve très bien dans mon métier actuel. 😊

Témoignage de la boulimie d'un homme : l'histoire de Pierre

La situation actuelle de Pierre sur sa boulimie et sa dépression

– Tu as pu faire l’expérience de cette option-là… et puis finalement, non. Où est-ce que tu dirais que tu en es, aujourd’hui, Pierre, dans ton parcours de guérison de tes troubles, alimentaires ou non ?

– C’est très compliqué de définir ça, car ça dépend des jours. J’ai beaucoup de fluctuations d’émotions dans une journée, donc c’est très compliqué de me situer. J’ai l’impression d’avancer, mais parfois, j’ai aussi l’impression de reculer. Je dirais que je suis un peu dans le début. C’est un début qui est quand même bien avancé, mais c’est quand même un début. J’arrive à prendre un peu plus soin de moi, ce qui est déjà assez incroyable. J’arrive à assumer mon passé. J’arrive à être beaucoup plus ouvert aux autres et à tisser beaucoup plus facilement des liens. Beaucoup de choses ont changé, mais il n’empêche qu’encore à l’heure actuelle, je lutte tous les jours contre les TCA. J’ai un rapport encore très compliqué avec mon corps. J’ai des envies suicidaires tous les jours. Il y a énormément de choses qui sont très compliquées au quotidien, mais ça avance sur certains points.

– Et puis tu es là aujourd’hui ! C’est un pas, quand même, non ? Qu’est-ce que tu en penses ? C’est un pas comment, de venir témoigner et parler de ton parcours ?

– Je pense que c’est un très grand pas. Ça signifie déjà que j’assume. Ça veut dire que je me sens suffisamment confortable avec le sujet pour pouvoir en parler, en sachant que ce sera diffusé, écouté par d’autres personnes et qu’il y aura potentiellement des retours. Ça montre que je suis quand même suffisamment à l’aise dans mes baskets pour en parler. Je pense que, là-dessus, j’ai fait un gros travail et je suis assez content.

Le mot de la fin de ce témoignage sur la boulimie d’un homme

– Tu m’étonnes ! 😉 Je me souviens aussi que, lorsque je t’ai demandé d’apporter le témoignage de ta boulimie en tant qu’homme, tu n’as pas tellement hésité. En tout cas, c’est le sentiment que j’ai eu. Peut-être qu’à l’intérieur de toi, ça a hésité. Mais moi, j’ai vraiment senti un élan à l’idée de venir partager. Je vois que nous allons bientôt devoir nous quitter… Comment souhaiterais-tu conclure cet épisode ? Est-ce qu’il y a un message que tu souhaites transmettre, que tu n’aurais peut-être pas encore dit ?

– Ça paraîtra peut-être très bateau, mais j’ai envie de dire que, parfois, l’aide est beaucoup plus proche qu’on ne le croit. Aujourd’hui, si je vais entre guillemets « aussi bien », si ça va beaucoup mieux et que j’avance, c’est, certes, entre autres grâce à l’aide des psy. Mais les gens qui me motivent au quotidien, ce sont mes collègues de travail. Franchement, j’ai une équipe qui est extraordinaire. Si on m’avait dit, il y a un an, que j’allai pouvoir tisser des liens avec des collègues, que ce serait une motivation de me lever tous les jours, que ça allait bien se passer et que ça allait vraiment m’aider dans mon cheminement, j’aurai ri !

– Tu n’y aurais pas cru, hé oui.

– Mais, à l’heure actuelle, je me rends compte que parler avec les personnes de mon bâtiment, ça m’aide. Les infirmières sont super gentilles aussi et on s’entend très bien. Je me rends compte que le côté médical de la chose est très important, mais qu’il ne faut pas oublier de vivre et d’être humain à côté. Certes, on est un patient, mais on est avant tout un humain. Parfois, il faut juste oser tisser du lien et on peut avoir de très très bonnes surprises.

– Mais oui ! 😊 C’est vraiment un message super inspirant. On pourra dire que je fais une fixette, mais je reste marquée par ce petit garçon seul, isolé, cet adolescent seul et isolé… qui est devenu ce jeune adulte qui s’ouvre et fait des rencontres. Il y a un an, tu n’y aurais pas cru, mais c’est possible, en fait. C’est possible. C’est un super message d’espoir, je trouve. Merci Pierre ! Est-ce que tu es d’accord pour que des personnes te contactent ?

– Il n’y a aucun souci ! Ça peut se faire par Instagram. C’est le plus simple !

– OK, c’est noté. Je te remercie beaucoup et je te souhaite un bon retour jusque chez toi. Et peut-être à bientôt pour une suite, pourquoi pas ?

– Merci à toi de m’avoir accueilli. C’était super sympa de pouvoir en discuter avec toi et de partager mon expérience. Et oui, peut-être à une prochaine fois s’il y a une évolution ! 😉

*

Nous voici au terme de ce 3e témoignage de la boulimie d’un homme, grâce à Pierre. Merci à lui d’avoir contribué à communiquer sur le fait que les hommes aussi souffrent de troubles du comportement alimentaire ! Si vous vivez, vous aussi, une relation compliquée avec votre alimentation et votre corps, je vous invite à découvrir mon accompagnement Indépendance Cannelle.


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