Dans ce nouvel article de « La pleine conscience du pouvoir », mon podcast sur l’alimentation, je vous invite à découvrir le témoignage d’Esther. Elle vous racontera comment elle s’est retrouvée très jeune en surpoids et comment elle a déconstruit ses croyances alimentaires et appris à ne plus manger ses émotions. Son intention, avec son entreprise d’accompagnement « Se sentir bien », est de nous aider à travailler sur le développement de notre personne et à viser à l’autonomie dans ce travail pour devenir notre propre coach. Elle propose notamment un accompagnement pour se réconcilier avec la nourriture et c’est grâce à cela que j’ai moi-même pu sortir de l’ornière de cette relation toxique avec l’alimentation, et vous accompagner à mon tour. Pour Esther comme pour beaucoup d’entre nous, tout prend source pendant son enfance. Une prise de conscience, en lien avec des macarons, lui a permis de réaliser ce travail délicat de déconstruction puis de reconstruction du rapport à la nourriture. Ce travail lui permet, aujourd’hui, de pouvoir déclarer que l’alimentation est presque devenue un « non-sujet ». Je vous laisse découvrir son témoignage !
« Quand j’étais enfant, c’était plutôt « Esther, elle est gourmande », « Esther, elle aime bien le chocolat »… Je le voyais sur les photos de classe aussi. Je me disais « tiens je prends plus de place que les autres enfants. »
« Ma mère, à 10 ans, elle m’emmenait à la boulangerie, à la pâtisserie et au salon de thé pour compenser. »
« À coups de régime yoyo et à reprendre, j’avais pris, in fine, une trentaine de kilos. »
« J’ai remis en question toutes les choses que je croyais autour de ce qui était possible pour moi en termes de corps. Aujourd’hui, il peut y avoir des chocos ou pas dans le placard, je m’en fou en fait. Aujourd’hui, la nourriture n’est plus un truc qui prend toute la place. »
« In fine, c’est toujours une question d’amour de soi, en fait, et d’estime. Se ramener à l’amour de soi, je crois que c’est vraiment le message global que j’ai envie de donner ici. »
Extraits du témoignage d’Esther
Une origine des troubles alimentaires dans l’enfance
- Bonjour Esther ! Je suis vraiment ravie de t’accueillir aujourd’hui, dans ce nouvel épisode de mon podcast « La pleine conscience du pouvoir ». Ravie et très touchée, car tu es la personne grâce à laquelle j’ai réussi à ne plus manger mes émotions et à sortir de ma relation compliquée avec l’alimentation, puisque j’ai suivi ton programme d’accompagnement il y a bientôt 2 ans. Je suis pleine de gratitude envers toi, car ces 2 années ont été extrêmement puissantes pour moi, tant grâce à cet accompagnement sur l’alimentation qu’au bout de chemin dans l’entreprenariat que nous avons mené ensemble aussi. Pour commencer : comment vas-tu ?
- Ça va très bien ! Je suis covidée et bloquée à la maison, donc tu égayes ma journée en m’apportant de la nouveauté, car je tourne un peu en rond ! Pour rebondir sur ce que tu évoquais : je suis très touchée et très contente aussi d’être là. Que tu aies eu envie de me faire participer à un projet tel que celui-ci m’émeut vraiment. Je sais que c’est un projet qui te tenait à cœur, nous avions notamment échangé à ce propos lors de l’accompagnement sur l’entreprenariat que nous avons suivi ensemble. Je suis heureuse et honorée que ce projet voit le jour et que tu me proposes d’en faire partie. J’espère être à la hauteur de ce que tu attends et pouvoir apporter le maximum à ton audience.
- J’en suis certaine ! Pour les personnes qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter rapidement ?
- Je m’appelle Esther Taillifet, j’ai 34 ans, je suis coach, mais surtout entrepreneuse aujourd’hui. J’ai une entreprise qui s’appelle « Se sentir bien », qui propose un podcast et plusieurs programmes. L’un d’eux se nomme « Point final », mais il n’avait pas encore de nom quand toi tu y as participé. Nous avons mis longtemps avant de trouver un nom, nous l’appelions simplement « le groupe », « le coaching »… Ce programme représente le principal de notre activité et il a pour but d’aider les personnes qui ont un rapport compliqué avec la nourriture. Il est là pour ceux qui y pensent tout le temps, qui n’arrivent pas à avoir et à garder une alimentation équilibrée, sereine, qui sont polluées par leur charge mentale liée à la nourriture, qui se demandent comment ne plus manger ses émotions, etc. Ces personnes n’arrivent pas à dire non à un cookie, ou n’arrivent pas à manger seulement ce qu’elles avaient décidé de manger. Nous les aidons à apaiser leur relation avec la nourriture. Il s’agit souvent de personnes en obésité ou en surpoids, qui n’ont pas de trouble du comportement alimentaire à proprement parler, qui ne rentrent pas dans les critères des TCA mais qui, pour autant, n’ont pas une relation sereine avec la nourriture.
- Merci. Pourrais-tu maintenant partager avec nous ta propre expérience et ton propre cheminement dans ta relation avec l’alimentation ?
- Mon rapport à la nourriture, aussi loin que je me souvienne, n’a pas toujours été compliqué. Si j’en crois les dires de ma mère, quand j’étais vraiment toute petite, je n’étais pas quelqu’un de particulièrement intéressé par la nourriture. J’étais une petite crevette, plutôt un petit modèle. Je suis petite en taille et je n’avais pas de problème de poids ni avec la nourriture. Je n’étais pas difficile sur ce sujet. D’après mes souvenirs, ça a commencé à être compliqué quand j’avais 7 ou 8 ans. À cette époque-là, ma mère venait de se remarier avec un homme qui était violent, de toutes les manières dont il est possible d’être violent : verbalement, physiquement, sexuellement… À cette période-là, j’ai commencé à utiliser la nourriture comme une échappatoire. Maintenant, c’est comme ça que je le comprends, mais évidemment, à l’époque, je n’avais pas fait le rapprochement. C’était plutôt : « Esther, elle est gourmande », « Esther, elle aime bien le chocolat », etc. Dans mon travail, j’accorde beaucoup d’importance à la notion d’identité, à ce qu’on croit être, car de là découle ce qu’on croit possible pour soi. À cette époque, j’avais donc une identité de petite fille gourmande. Assez vite, je me suis retrouvée en surpoids. En CM1, je faisais plus de 50 kg, je me souviens m’être pesée et d’avoir lu 53 kg sur la balance. Je me rappelle que j’avais demandé à la mère d’une amie , que je trouvais jolie, combien elle pesait, et en l’occurrence elle pesait 50 kg. Ce poids était donc une symbolique dans ma tête : une femme adulte devait peser environ 50 kg. Donc, quand j’ai vu ce poids-là sur la balance, je me suis dit : « Ah mais… mais je suis grosse en fait ». Je ne l’avais jamais vu comme ça !
- Ah oui, c’est vraiment de voir ce chiffre qui fut un choc !
- C’est ça. Moi, j’étais juste montée sur la balance, mais je ne m’étais pas trop occupée de mon poids jusque-là. Je savais que j’étais gourmande. On m’avait déjà fait remarquer, même à l’école, que j’étais rondouillette. Je le voyais sur les photos de classe aussi, je me disais : « Tiens, je prends plus de place que les autres enfants ». Mais c’est vraiment de monter sur cette balance qui m’a fait réaliser que j’étais à un poids d’adulte, alors que j’étais en CM1. Aujourd’hui je sais, je vois et je comprends ce qu’il s’est passé, mais pas à l’époque. En fait, à chaque fois que mon beau-père était violent, à chaque fois qu’il avait des « crises de violence », ma mère et moi, nous quittions la maison pour attendre qu’il se calme. Il était diabétique et l’excuse qu’on lui donnait souvent, c’est qu’il était en hypoglycémie, que ça le mettait en colère et que, du coup, il était violent. Dans ces moments-là, l’un des rituels que nous avions toutes les deux était de se rendre au salon de thé de notre village et de se partager une forêt-noire avec un chocolat chaud ou un coca, selon la période de l’année. Je sais, aujourd’hui, qu’à cette époque-là, j’ai associé le sucre et le fait de manger en-dehors des repas à une forme de récompense. Son discours, c’était : « on l’a bien mérité, on a eu une dure journée ! »
- La récompense… et le réconfort aussi, je suppose ?
- Tout à fait. Je sais, donc, que mes problèmes avec la nourriture sont apparus à cette période-là. Par ailleurs, j’ai une maladie chronique des articulations, au niveau des genoux, des chevilles, des hanches, des poignets et des coudes. Quasiment aucune de mes articulations ne sont épargnées : il n’y a que mes épaules qui fonctionnent bien. Du coup, ma croissance était compliquée car cette maladie crée de la polyarthrite. Les articulations devaient être en mouvement en permanence, il fallait qu’il n’y ait pas trop de poids dessus, mais je ne pouvais pas pratiquer n’importe quel sport… Mon surpoids compliquait encore les effets de ma maladie et il freinait ma croissance. Si bien que les médecins, un peu alarmés, m’ont fait comprendre qu’il fallait vraiment que je perde du poids, et vite.
L’adolescence et le centre d’accompagnement
- Je me suis donc retrouvée dans un hôpital pour enfant, pendant un an, durant mon année de 6ème.Entre temps, j’avais consulté beaucoup de kiné. Je prenais des médicaments. Vers mes 10 ans, j’avais consulté un nutritionniste et suivi un régime. Mais tout cela ne fonctionnait pas : je ne perdais pas de poids, ou en tout cas pas assez pour satisfaire les médecins. Ma maladie continuait à progresser, donc il fallait vraiment que je maigrisse et c’est ainsi que je me suis retrouvée dans ce centre. J’ai perdu 25 kg, retrouvé l’usage de mes articulations et surtout, j’ai appris à cuisiner, à me préparer à manger, à équilibrer mon assiette. J’ai donc un peu repris le contrôle sur tout ça. Quand je suis rentrée, vers 12 ou 13 ans, pendant l’année de 5ème, ma mère et mon beau-père avaient divorcé. Il n’était plus à la maison. Je rentrais dans l’adolescence et c’est moi qui ai repris le contrôle de la cuisine. J’avais appris à le faire, ma mère était obèse aussi, et l’est encore aujourd’hui, mais c’était encore plus important à l’époque. Cela avait donc aussi un intérêt pour elle que je prenne possession de la cuisine, que je m’occupe de nous préparer à manger et que j’applique ce que j’avais appris au centre. Cependant, mon rapport à l’alimentation est devenu assez restrictif. J’ai eu des périodes qui ressemblent à de l’anorexie et de la boulimie. Ce n’en était pas, du moins je ne cochais pas tous les critères de diagnostic. Mais il y avait quand même un comportement qui commençait à être obsessionnel autour de la nourriture : appel au sucre, manger un paquet de biscuits en rentrant de l’école, culpabilité, volonté de sauter le repas en passant ma carte à la cantine pour que ma mère ne reçoive pas d’appel mais sans manger ensuite pour ne pas prendre de poids…
- C’était quelque chose de caché, mais dans le contrôle, c’est bien ça ?
- Oui, complètement. J’ai eu quelques moments « électrochocs ». Autour de mes 16 ans par exemple : j’avais alors perdu pas mal de poids, j’allai tout droit vers de l’anorexie et ce jour-là, je n’avais pas mangé de la journée. Peut-être un petit peu la veille, je n’étais pas dans un jeûne total, mais je mangeais très peu. À ce moment-là, j’esquivais au maximum les repas. C’était un jour d’hiver, j’étais au ski avec mon frère. Je lui avais fait croire que j’avais mangé, mais ce n’était pas le cas… et en descendant des pistes, j’ai tout simplement fait un malaise. J’avais fait beaucoup trop de sport pour quelqu’un qui ne mange pas ! Une journée de ski, ce n’est pas rien. Mon frère m’a emmené au restaurant d’altitude et j’ai mangé un steak-frites. Je m’en souviens encore, car je n’avais pas mangé ce type de nourriture depuis… des mois, en fait. Ça donne une idée de l’ambiance mentale dans laquelle j’étais. Je me trouvais très grosse, moche, je ne plaisais pas aux garçons, bref, tous les questionnements qu’on peut avoir à 16 ans, mais décuplés et très orientés autour du poids.
- Oui, je comprends. J’aimerais qu’on revienne sur cette année de 6ème, que tu as passé dans ce centre. J’ai l’impression, en t’écoutant, qu’il s’agit plutôt de bons souvenirs. Comment as-tu vécu cette année d’isolement, loin de ta mère ?
- Oui, cette année est pleine de supers souvenirs, car il s’agit d’une année pleine de moments avec d’autres enfants qui vivaient la même chose. Ce centre prodiguait à la fois des soins autour du surpoids, mais aussi à des personnes malades, notamment asthmatiques ou souffrant de maladies chroniques comme moi avec mes articulations. Nous étions donc tout un groupe, dans la totalité du centre, à partager la particularité d’être malades et en plus obèses. Je me sentais réellement intégrée et j’appréciais vraiment ça car c’était un réel manque chez moi. Je ne développerai pas ça là, car ce ne serait pas très pertinent, je ne sais pas exactement quoi dire et je ne me suis pas encore exprimée là-dessus publiquement. En résumé, au-delà de mon beau-père qui était violent, on va dire, sans rentrer dans les détails, que ma mère n’était pas quelqu’un qui prenait particulièrement soin de moi. Cette année-là, au contraire, fut une période où des adultes ont réellement pris soin de moi. Il y avait un côté « colonie de vacances », donc forcément, même si nous avions l’école, etc., nous étions entre copains, tous intégrés… Dans mon enfance, il y a vraiment eu un avant et un après. En revenant de là, j’étais une ado, c’est moi qui ai pris possession de la maison. Je m’étais organisée au niveau de la nourriture, mais aussi dans d’autres domaines. J’avais gagné en maturité. Pour toutes ces raisons, j’en parle comme quelque chose de très positif et je suis vraiment triste qu’aujourd’hui ce centre soit fermé. J’ai une gratitude à vie, pour les monos, pour les adultes qui y travaillaient et qui se sont occupés de nous toute l’année. Je fais partie d’un groupe Facebook qui réunit des anciens enfants de ce centre, donc je sais que je ne suis pas du tout la seule dans ce cas-là. Ces adultes ont, quelque part, donné de leur vie pour des enfants comme moi, comme nous, plus jeunes et plus âgés aussi, jusqu’à 14 ans je crois. Et heureusement que des adultes font cela ! Je ne sais même pas s’ils se rendent eux-mêmes compte de l’impact que ça peut apporter aux enfants qu’ils accompagnent.
- Oui, tu n’es pas sûre qu’ils réalisent à quel point il pouvait y avoir un avant et un après cette expérience-là.
- Tout à fait. Même si, maintenant que j’y repense, c’était plein de grossophobie, d’injonctions à la restriction, de « c’est pas bien de… » Ceci étant, c’était en 97-98, ce n’était pas du tout la même époque qu’aujourd’hui. Les régimes, c’était restrictions, comptage de calories, sucreries bannies, le gras bannis, etc. Il y avait vraiment une diabolisation de certains aliments et une glorification de certains autres. Elles étaient très présentes, ces pensées que depuis j’ai déconstruites, pour me libérer de toute la charge qu’elles impliquent. Du point de vue de ce que j’y ai appris sur la nourriture, ce sont des notions que j’ai remise en question et avec lesquelles je ne suis pas d’accord aujourd’hui. Néanmoins, dans ma vie, ce fut un moment où l’attention a été mise sur le sujet de l’alimentation et où des adultes ont pris soin de moi. J’en suis repartie en bonne santé, de nouveau capable de faire du sport. Mon grand rêve dans la vie, c’était de pouvoir danser et faire du patinage artistique. Bien sûr, je n’y avais jamais eu le droit… Mais en revenant de ce centre, je pouvais skier ! Je ne sais pas si vous pouvez vous rendre compte, mais quand on a une maladie chronique des articulations et que le sport est quasiment interdit, ce genre de changement, ça redonne vie ! En revenant, j’avais EPS comme tout le monde et ce genre d’amélioration, c’était merveilleux, au-delà de la question du poids.
- C’est une expérience humaine, en fait, que tu as vécu là-bas.
- C’est exactement ça. Je pense d’ailleurs que ça se retrouve dans de nombreux programmes collectifs. Peut-être que c’est ce que tu retiens aussi de celui que tu as suivi : on y retient ce qu’on y a appris, mais le fait d’être en groupe, en ateliers, etc. ça joue aussi. C’est aussi cela qu’on vit : la puissance du groupe, le bienfait d’être en présence d’autres personnes qui vivent la même chose que nous. L’air de rien, nous sommes des êtres sociaux et, in fine, c’est souvent ce partage qui ressort.
Les études supérieures et l’effet yoyo à cause des régimes et de la restriction cognitive
- Tout à fait ! Revenons sur ton histoire. Nous nous sommes arrêtés sur cette période où tu aurais pu basculer dans de l’anorexie, jusqu’à cette prise de conscience avec le ski et le steak-frites. À ce moment-là, quelque chose à switché. N’est-ce pas ?
- Il y a même plusieurs éléments qui ont switché. Mon frère, qui a 9 ans de plus que moi, était revenu vivre dans notre région, après ses études. Nous n’avions pas réellement vécu ensemble, puisque nous avons suffisamment d’écart pour ne pas avoir eu notre enfance en même temps. Nous nous sommes donc rapprochés à mon adolescence, puisqu’alors cet écart avait moins d’importance. C’était moins significatif lorsque j’avais 16 ans et lui 25 que lorsque j’avais 10 ans et lui 19… Il a vu mon mal-être et il a tenu son rôle de grand-frère, il a été présent pour moi. À ce moment-là, je m’étais pas mal détachée de ma mère, j’étais beaucoup dans l’autonomie, ce qui aurait aussi pu jouer en faveur d’un basculement vers un trouble du comportement alimentaire. Franchement, c’est un peu flou, mais je pense que je ne suis pas passée loin. À 19 ans, je suis partie à Lyon pour mes études, et pendant la première année, j’ai totalement coupé les ponts avec ma mère et notamment avec sa religion, dans laquelle j’avais grandi. Ça a été un peu compliqué au niveau de la nourriture. J’ai repris pas mal de poids à ce moment-là. Pendant quelques mois, on va dire 6 mois, j’ai mangé, mangé, mangé… J’ai pris une vingtaine de kilos. Puis, j’ai fait une liposuccion. Comme quoi, je cherchais encore la solution à l’extérieur de moi ! J’étais encore dans une optique qui plaçait le problème dans le corps en lui-même, dans la nourriture… Avant, ça avait été les régimes, à ce moment-là c’était la liposuccion : dans les deux cas, je cherchais la solution à l’extérieur de moi. Après ça, les années d’études ont été ponctuées de yoyo. J’oscillais entre des périodes de restriction très fortes, puis des périodes de lâcher-prise pendant lesquelles je prenais du poids. Restriction, lâcher-prise, restriction, lâcher-prise, restriction, lâcher-prise… Progressivement, à l’échelle d’une dizaine d’années d’études, j’ai pris, en tout, une trentaine de kilos. J’étais passée d’un poids d’une soixantaine de kilos, qui était tout à fait normal pour ma taille, à un poids d’environ 85 kg. Le chiffre le plus élevé que j’ai vu sur la balance, c’est 83, mais je pense que je suis allée bien au-delà. Donc voilà : à force de régimes yoyo, à essayer de maigrir puis à reprendre, je suis passée d’un poids normal pour ma taille en quittant la maison de ma mère à 19 ans, à une prise de poids d’une trentaine de kilos, en une dizaine d’années.
- Au travers de ce phénomène courant d’escalier : ça monte, ça descend, ça monte, ça descend, etc., mais au final, ça monte quand même, doucement.
- Voilà ! Évidemment, à cela s’ajoutait la culpabilité qui va de pair. La nourriture et le poids prenaient beaucoup de place dans mon esprit, mais je n’en avais pas conscience. Je m’empêchais de faire pas mal de choses : « quand je serais mince ceci, quand je serais mince cela… » Ces pensées étaient quand même très présentes.
La révélation des macarons et le rôle de l’identité dans le rapport à l’alimentation
La décision de prendre soin de moi
- Quand j’ai commencé mon doctorat, j’ai commencé à avoir un salaire. J’étais encore étudiante, puisque je n’étais pas encore docteur, mais j’étais salariée et c’était la première fois de ma vie. Là, je me suis dit : « OK, maintenant je vais prendre soin de moi. Je vais m’inscrire dans une salle de sport et voire un nutritionniste ». J’étais encore dans une démarche de recherche de la solution dans le sport, une meilleure nutrition et un psychologue. J’ai commencé tout cela en même temps. J’avais déjà vu plusieurs psy, dès mon plus jeune âge, puis en tant que toute jeune adulte, mais ça faisait quelques années que je n’en consultais plus. J’ai repris tout ça en main et… ça n’a rien changé, en fait :
- Le nutritionniste me conseillait d’appliquer des règles que je ne respectais pas.
- Avec le psy, nous évoquions mon enfance, mon père, ma mère, le poids, etc. Ça me faisait du bien, c’était positif, mais ça ne solvait pas mon problème là, tout de suite.
- Quand au sport… C’est quelque chose que j’apprécie vraiment, pour moi c’est vraiment un cadeau que me fait mon corps, que de pouvoir faire du sport. Je patinais beaucoup à cette époque-là. J’avais commencé le patinage artistique aux alentours de mes 18-19 ans. Ma croissance était alors terminée et il n’y avait plus de contre-indication au fait que je m’y mette vraiment. Je patinais donc beaucoup et je participais également à des cours de sport, de zumba, de danse, etc. Toutes les activités où il faut courir, sauter, j’adorais ça ! Mais ça ne changeait rien sur mon corps. Je pense que je ne suis pas la seule à avoir expérimenté cela : le sport à lui tout seul ne permet pas de perdre du poids. Ce n’est pas à ça que ça sert, en fait. Ça sert à muscler, à tonifier, à vider le mental, etc. Évidemment, ça a un impact sur le métabolisme en lui-même, mais avec un métabolisme qui fonctionne mieux et qui est plus rapide, vient aussi l’appétit qui va avec ! Le corps est bien régulé, donc en pratiquant plus de sport, j’avais aussi plus faim. Le sport en lui-même ne permet pas de perdre de poids, sauf si on le pense en termes de restriction et que, par ailleurs, on s’empêche d’écouter complètement la sensation de faim liée au sport. Dans ce cas, encore une fois : ce n’est pas le sport qui fait perdre du poids, mais la restriction. Je n’étais pas dans cette optique-là.
Le véganisme et la découverte de mes tampons émotionnels
- À la même période, je suis devenue végétarienne. Pour être exacte, je souhaitais devenir végan, mais je n’arrivais pas à l’être. Je n’avais pas encore mis de nom sur ce phénomène, mais j’utilisais des tampons émotionnels. Je compensais mes émotions avec des produits qui, en essence, ne sont pas végans, tels que le chocolat au lait et le fromage. Ils étaient mes tampons émotionnels principaux. J’ai à la fois une bouche sucrée et une bouche salée. Certaines personnes se catégorisent, mais moi j’aime tout ! Je suis savoyarde : j’aime le fromage ; je suis près de la Suisse : j’aime le chocolat ! 😉 Dans l’identité, les origines orientent souvent beaucoup ce que nous aimons manger. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions : « Tiens, j’arrive à être végétarienne, mais je n’arrive pas à être végan. Je n’y arrive pas parce que je me dis que ceci est trop bon, que c’est trop dur de résister à cela… Je n’utilise pas la viande ni le poisson comme tampon émotionnel, mais par contre, le chocolat au lait et le fromage, je leur accorde une importance émotionnelle. « Je ne me sentirai pas bien si cet après-midi je ne peux pas manger du pain et du fromage en attendant le dîner de ce soir. » C’est en constatant cela que j’ai commencé à me poser les bonnes questions, en constatant la charge émotionnelle liée à ces aliments-là. Malgré tout, j’ai été végan pendant un an et demi, en utilisant des aliments de substitution.
Les macarons
- Cela se déroulait pendant ma thèse, donc pendant cette période où j’avais décidé de prendre soin de moi. Je ne l’ai pas dit, mais je menais des études scientifiques, d’astrophysique. Je travaillais donc dans un laboratoire de physique et nous n’étions que 2 filles, dans tout le laboratoire, parmi tous les thésards. J’étais amie avec cette fille, forcément. Enfin… « forcément » je ne sais pas si on peut dire ça, mais en tout cas j’étais amie avec cette fille. C’est avec elle que j’ai vécu cette histoire de macarons que je raconte souvent, qui fut un électrochoc. Un jour, nous avions un buffet comme nous en avions régulièrement, à l’occasion de séminaires, de conférences, etc. Des traiteurs amenaient à manger pour tout le labo, de ces buffets pendant lesquels on nous sert 15 fois des plats différents, pendant lesquels on ne sait jamais ce qui nous sera servi… Aura-on encore des tartines, va-t-on nous servir des verrines, ou passer au dessert ? On ne sait pas. Cette fois-là, nous avions déjà eu du sucré. Des pâtisseries nous avaient déjà été proposées. Les serveurs amenèrent le café, et avec, des mini-macarons. À ce moment-là, mon amie me regarde et me dit : « Oh, je n’en peux plus, c’est dommage qu’ils n’aient pas prévenu qu’ils amèneraient des macarons ! Mais là, vraiment, je n’ai plus faim ! » Après ça, j’ai répondu que « mais enfin, il n’y a pas besoin d’avoir faim pour manger des macarons ! » Moi, je n’avais pas besoin d’avoir faim pour manger des macarons ! À partir de là, j’ai observé son comportement à la cantine et lors des buffets, les jours suivants. C’était une fille très mince, qui enfile un 34/36 sans faire d’effort. Elle m’avait toujours dit : « Je mange tout ce que je veux, je ne grossis pas, nous sommes tous comme ça dans ma famille, nous avons un métabolisme rapide, etc. » De mon côté, je répondais que : « Dans ma famille, nous sommes tous obèses ! » Mon frère aussi a des problèmes d’obésité. C’est d’ailleurs lui qui m’a appris l’existence du jeûne intermittent, car il travaillait dans le secteur médical et avec les 3 8, les horaires, les gardes, etc., il avait fini par constater que ne faire qu’un seul repas par jour, c’était le plus pratique et le plus facile pour lui. Il pratiquait donc le jeûne intermittent et c’est cela qui lui a permis de sortir de l’obésité, bien avant qu’on parle de cette pratique dans les médias. Bref, j’ai fait un aparté, mais en tout cas : lui et mon autre frère étaient obèses aussi, donc tout le monde était obèse dans la famille. De ce fait, j’avais cette croyance que je viens d’une famille d’obèses, que nous avons le métabolisme lent, alors qu’elle au contraire vient d’une famille de minces, qu’ils ont le métabolisme rapide.
- Tu voyais cela comme une fatalité, en fait.
- Exactement. Mais quand j’ai commencé à l’observer, je me suis fait cette remarque : « Ah oui, elle mange tout ce qu’elle veut… mais en fait, elle ne veut pas. C’est tout ! En fait, elle n’a pas envie de manger un macaron. Elle n’a plus faim, elle n’a pas envie. » À table le midi, à la cantine, si elle avait fini son fromage, elle ne finissait pas son bout de pain. Elle n’avait plus faim, donc elle n’en voulait plus. Moi, ça ne m’arrivait jamais de ne pas finir mon bout de pain ! Même si je n’avais plus faim, je le finissais, ce bout de pain. Je me suis également rendue compte que mon copain de l’époque, qui était naturellement mince aussi, ne mangeait plus non plus lorsqu’il n’avait plus faim. Pourtant, il mangeait vraiment tout ce qu’il voulait ! Je mangeais bien plus équilibré que lui : il avalait des pizzas, des biscuits au goûter, etc. Mais il ne prenait, par exemple, que 2 chocos. Moi, si je mettais la tête dans un paquet de chocos, j’engloutissais tout le paquet ! C’est là que j’ai compris que c’était une histoire d’identité, en fait. Il s’agissait de croyances autour de ce que je croyais possible pour moi au niveau de la nourriture et de tout ce qui tient de la fatalité. Je pensais que je venais d’une famille de gros et que c’était comme ça. Là, j’ai compris que, dans ma famille, ce n’était pas tellement les gênes que nous partagions, mais la façon de manger. Ma mère, à 10 ans, elle m’emmenait à la boulangerie, à la pâtisserie ou au salon de thé pour compenser. Elle m’a montré, elle m’a appris à cuisiner d’une certaine manière, mais aussi à compenser mes émotions par la nourriture. De par mon expérience, j’ai constaté que les personnes qui sont naturellement minces sans faire d’effort, elles viennent de famille où ce n’est pas ainsi qu’on a appris à gérer les émotions. Mon ex, il n’envisageait même pas de manger du Nutella en semaine. Pour lui, le Nutella, c’était le week-end, pour le brunch ou sur les crêpes. Ce n’était pas quelque chose du quotidien. Pourquoi ? Parce que depuis qu’il est petit, il y avait du Nutella à la maison, mais ce n’était pas que pour « les occasions ». C’est facile pour lui d’être ainsi, il ne se prive pas de Nutella la semaine, il est juste content, quand vient le samedi, de manger du Nutella. Il n’est pas dans de la privation, il en mange autant qu’il veut. S’il mange 2 crêpes au Nutella et que ça lui suffit, il ne descend pas le pot. J’ai donc compris que c’est vraiment une question d’éducation autour de la nourriture, que mon problème venait des croyances telles que « je suis une bonne vivante », « que vont penser les gens si je ne me resserre pas de ça ou si je ne prends pas de dessert au resto », « je suis savoyarde quand même, il faut bien que je prenne du fromage », etc. C’est comme ça que j’ai commencé à travailler sur mes pensées.
Le travail sur moi pour déconstruire mes croyances alimentaires et apprendre à ne plus manger ses émotions
- À cette époque-là, j’ai donc enfin compris que mes problèmes de poids avaient plusieurs origines :
- Il y avait d’une part le fonctionnement de compensation de mes ressentis avec de la nourriture. Sur ce sujet, il y avait un vrai travail sur moi-même à effectuer, pour ne plus manger mes émotions. Je suis d’ailleurs retournée voir un psy, qui était plus approprié que le précédent pour ce travail-là.
- Mais il y avait aussi tout le « blabla » que je me racontais sur la nourriture et sur ce qui était possible pour moi. Tout ce blabla du type : « moi c’est trop dur parce que ceci, mon corps est cassé parce que cela… » J’ai remis tout ça à plat. J’ai remis en question toutes les choses que je croyais autour de ce qui était possible pour moi en termes de corps et de poids, car c’est de là que partait ma démarche, à la base. La raison pour laquelle je contrôlais ma nourriture, c’était le poids.
C’est un travail que j’ai fait d’abord toute seule, puis, assez rapidement, je me suis faite coacher. Je me suis faite accompagner là-dessus avec une coach américaine, qui faisait d’ailleurs partie de l’école de coaching que j’ai suivi par la suite. Et ça a transformé ma vie, au point que je me suis dit : « OK je veux faire ça. Je veux aider les personnes qui en ont besoin à sortir de ça. »
Avant ce travail-là, je n’avais pas réalisé la place de mes pensées. Je pensais que c’était une histoire de « je ne fais pas assez de sport, je n’ai pas le bon régime alimentaire, donc je vais aller voir une nutritionniste, un psy et un coach sportif ou une salle de sport et ce sera bon ». Je n’avais pas réalisé qu’en fait, j’avais de la charge mentale à propos de la nourriture toute la journée. Toute la journée je pensais au cookie qui était dans le placard. La différence entre mon mec qui mangeait 2 chocos et moi, c’est que moi, le paquet de chocos, je l’avais vu le matin avant de partir bosser, j’y avais pensé toute la journée, je savais qu’en rentrant j’allai le manger… Alors que lui, il avait oublié qu’il y en avait un. En rentrant à 16 h, il avait une petite faim, donc il prenait 2 chocos et après ça il n’avait pas plus faim et il était content. Suite à ce travail personnel pour déconstruire mes croyances et ne plus manger mes émotions, non seulement j’ai perdu du poids, mais en plus et surtout, ce n’était plus cette histoire de poids le plus important. J’ai retrouvé un poids normal pour ma taille, mais le vrai changement, c’est que ma charge mentale au niveau de l’alimentation a disparu. Aujourd’hui, il peut y avoir ou non des chocos dans le placard, je m’en fou ! Et ça, vraiment, ça libère ! Ça ne veut pas dire que je n’ai plus de tampons émotionnels, ça ne veut pas dire qu’il ne m’arrive plus de manger des biscuits quand je suis triste, tout en sachant que je n’ai pas faim et que je suis en pleins tampon émotionnel. Ça veut juste dire qu’aujourd’hui, la nourriture n’est plus un truc qui prend toute la place.
- Au total, ça a pris combien de temps, tout ce travail ? On entend bien, dans ton discours, qu’il y a eu une réelle déconstruction, presque pensée par pensée, étiquette par étiquette… Ça évoque un travail de fourmi ! Pourrais-tu nous donner un ordre d’idée ? Combien de mois, d’années… ?
- Pour être honnête, je pense que je suis encore en train de travailler sur ces choses-là. Dans les programmes que je propose, notamment « Point final », qui est relatif à cette thématique-là, ce n’est plus moi qui accompagne les coachés au quotidien. L’une des raisons à ça, c’est que je ne veux plus avoir ces pensées-là dans ma tête. Un coaché qui m’amène ses pensées, qui me dit « Je pense ça par rapport à la nourriture… », ça m’empêche de ne plus y penser. Si j’en parle tous les jours, ce n’est plus plus un sujet, tu vois ce que je veux dire ? Quelque part, je trouve ça presque marrant, puisque je réalise par mon travail le chemin qu’il me reste à effectuer là-dessus. Une personne qui a complètement adopté ce que j’appelle une identité de mince, qui n’a plus du tout de problème avec la nourriture, c’est une personne qui n’en parle même pas, qui n’en fait pas son métier. Je trouve ça plutôt drôle, en faisant ce travail sur moi ces dernières années et en adoptant cette identité-là, de me voir m’éloigner du coaching sur ce domaine-là et coacher plus sur d’autres domaines. L’alimentation, je laisse ça aux membres de mon équipe qui, elles, sont encore à la fin de ce travail personnel. Elles sont plus proches des clients, puisqu’elles viennent de le faire pour elle-même, c’est encore frais pour elles. Il y a donc un roulement dans les coachs, parce que ce que je souhaite à toutes et tous, c’est de ne plus y penser, de ne plus y penser du tout. Moi, j’en suis à ce moment donné où on quitte cette démarche d’aide, où on arrête vraiment d’y penser. J’en suis à ce stade aujourd’hui et, pour répondre à ta question, j’ai vraiment commencé à travailler sur mes pensées et au fait de ne plus manger mes émotions en 2016. Je le sais parce que j’étais en voyage cette année-là, donc c’est facile de m’en rappeler ! C’est à cette période que je suis tombée sur le podcast de Brooke Castillo, qui m’a apporté plusieurs déclics. C’est elle, ensuite, qui fut la personne qui m’a formée au coaching. Je dirais que j’ai terminé ma perte de poids fin 2018, début 2019. Je prends le poids comme un marqueur, même si ce n’est pas la fin du travail sur mes pensées. Malgré tout, ça représente la fin du travail sur les pensées basiques sur l’alimentation qui impactaient directement mon poids, soit quelque chose comme 80 % des pensées. Cette partie-là du travail m’aura donc pris 2 ans à 2 ans et demi. Depuis, le travail continue avec les dernières pensées et je pense qu’il est plus long que ce qu’il aurait pu être car entre temps, je me suis mise à exercer le métier de coach.
L’amour de soi comme base d’une bonne santé mentale
- C’est intéressant ce que tu dis, d’autant que je peux moi-même me reconnaître aussi, dans cette notion de quelque chose qui reste, mais d’une autre façon. Moi, je le vois vraiment comme quelque chose qui n’est plus obsessionnel, en ce qui me concerne… mais il reste une vigilance, sur ce qu’il se passe. Il reste une notion de présence, de continuité d’observation, de continuité de pensées… Oui, effectivement, je n’avais jamais réalisé ça, mais exercer ce métier participe au fait de continuer à y penser, alors que ça pourrait être un « non-sujet ».
- C’est pour ça qu’aujourd’hui, dans les coachings dont je m’occupe moi-même au quotidien, je m’oriente beaucoup plus vers les relations amoureuses et la sexualité d’une part, et, d’autre part, l’entreprenariat au quotidien, notamment au travers de la relation à l’argent. Je m’oriente vers ça par choix, même si ça ne représente pas du tout 80 % de notre activité. 80 % de notre activité, c’est l’alimentation, le corps, etc. Et j’adore qu’on fonctionne ainsi ! Ça a tellement transformé ma vie ! Quand j’entends des personnes comme toi, je me dis que oui, je veux que ça continue à exister ! Mais je veux aussi mon bien. J’ai aussi envie de montrer l’exemple aux personnes que nous accompagnons, pour qu’elles constatent que ce sera juste une passade dans leur vie et qu’à un moment donné, elles passeront totalement à autre chose. C’est aussi cela, le slogan de « Se sentir bien » : « se sentir bien et devenir son propre coach », ça inclut cette notion d’indépendance, cette notion qu’à un moment donné, on volera de nos propres ailes. Je suis vraiment dans cette logique-là, au niveau du coaching sur la nourriture. Ça fait encore partie de mon quotidien, mais dans une moindre mesure et plus ça va, plus je m’en éloigne, parce que c’est nécessaire à ma propre santé mentale. C’est de ça dont on parle ici, au final, c’est de prendre soin de sa santé mentale. C’est aussi ce qu’on fait, avec le coaching : ne pas attendre d’être en anorexie, en boulimie, en dépression, en anxiété, etc. pour commencer à s’intéresser à ses pensées et sa santé mentale. De la même façon qu’on n’attend pas d’avoir un cancer pour prendre soin de notre corps, en veillant à avoir une bonne alimentation et un bon sommeil.
- En fait, c’est une question d’hygiène de l’esprit ! On arrive à la fin de cet entretien. Je suis sûre qu’il y a encore plein de choses à en dire… J’ai presque envie de dire « à suivre », puisque, tu le disais, c’est un processus qui continue, même si la majeure partie du travail en lien avec l’alimentation est derrière toi. Tu te diriges désormais vers un travail sur le rapport au corps, autour de la sexualité et des relations amoureuses… J’ai l’impression qu’il y a encore un travail qui touche au corps, dans ton travail. Non ?
- Oui, entre autres, mais je crois que le message qu’il y a derrière ça, c’est le travail d’amour de soi, puisque c’est de ça dont on parle, in fine. Il s’agit plutôt d’apprendre à se reconnaître, à s’accepter pleinement, à s’aimer, à vivre pleinement la vie qu’on a envie de vivre, là où on a envie d’être. Ce n’est pas quelque chose qui se fait en quelques jours, quelques mois ni même quelques années. C’est un chemin de vie, qu’on peut accélérer avec un travail sur les pensées, au travers du coaching, ou de la psychologie, etc. Avec ces outils, on peut réaliser ce chemin avec plus de conscience et d’intention. Mais quoiqu’il en soit, c’est un chemin de vie qu’on emprunte forcément. Ne serait-ce qu’avec les années qui passent, on gagne en connaissance de soi et en sagesse. À force de passer tout son temps avec soi-même, avec le temps, on finit forcément par bien se connaître. Ce que je partage, finalement, c’est juste un travail de connaissance de soi, pour lequel mon point d’entrée fut la nourriture et le corps. Je suis une femme, donc j’ai reçu des injonctions autour de ça, c’est un point d’entrée assez banal, mais c’est le point d’entrée de beaucoup d’entre nous. Mais ça ne s’arrête pas là et je ne pense pas qu’il y ait une finalité à ce genre de travail. Je n’en recherche pas, d’ailleurs. Ça m’intéresse en soi, de comprendre ma psyché, d’être de plus en plus présente pour moi-même, de m’aimer davantage… Je ne pense pas qu’il y aura une fin à ce chemin. La douleur n’est plus là, l’urgence n’est plus là et j’espère que, dans nos programmes, nous arrivons à lever ça en 6 mois, 1 an max. Sur ce type de durée, on peut déjà faire un travail énorme pour ne plus être dans la souffrance. Mais quand on commence à s’intéresser à ces sujets-là, il faut se dire qu’en fait, il y en a pour des décennies. Ceci étant, on a le droit de ne pas être intéressé, d’ouvrir la porte du développement personnel puis de la refermer en constatant que le fonctionnement de notre psyché ne nous intéresse pas. Mais si on s’y intéresse, c’est un travail de longue haleine, c’est le travail d’une vie.
- C’est un chemin de vie, exactement ! Pour conclure, est-ce qu’il y a un point sur lequel tu aimerais insister, ou un message que tu aimerais faire passer avant qu’on se quitte ?
- Je crois qu’un message important pour moi, au sujet du travail sur soi que je propose et que tu proposes aussi, c’est que, quelle que soit la problématique, in fine, c’est toujours une question d’amour de soi et d’estime de soi. La question, c’est : « Qu’est-ce que je vaux et est-ce que je m’accepte complètement tel que je suis ? » Je m’aperçois que plus tôt on se pose cette question-là, plus tôt on s’attelle aux « vraies choses ». Le message que j’ai envie de donner aux personnes qui nous écoutent, c’est de s’intéresser à cette question-là. Elle n’a pas de réponse miracle, c’est votre chemin à vous. C’est hyper cucu ce que je suis en train de dire, mais l’important c’est de ramener de l’amour dans votre vie. Quand je coache, quel que soit le sujet, on revient toujours sur :« Qu’est-ce que Papa et Maman vont en penser et est-ce qu’ils vont toujours m’aimer ? » Et c’est normal, ce sont les premiers à nous donner de l’amour dans notre vie ! La question, c’est vraiment l’amour ; le but, c’est vraiment de se ramener à l’amour de soi.
- Je ne trouve pas ça cucu du tout 😉 Je trouve ça super important comme message et, vraiment, je te remercie de le faire passer aussi, à ta façon. Je vais le redire, tant pis si c’est cucu aussi, mais je te remercie beaucoup Esther, de m’avoir consacré ce temps et d’avoir partagé avec nous une partie de ton histoire.
J’espère que cet article de mon podcast sur l’alimentation et le parcours d’Esther pour ne plus manger ses émotions vous permettra autant de prise de conscience que moi ! Si vous le souhaitez, vous pouvez continuer à explorer son univers avec son compte Instagram et sa chaîne YouTube. Je trouve l’histoire des macarons très parlante, aussi je ne cesse de la raconter aux clientes que j’aide à se réconcilier avec la nourriture et à manger en pleine conscience avec mon accompagnement Indépendance Cannelle. Si vous souhaitez, vous aussi, contribuer à ce podcast en apportant votre témoignage d’un vécu compliqué avec votre alimentation, n’hésitez pas à me contacter via mon compte Instagram, ou le formulaire de contact de mon site internet. N’oubliez pas d’encourager le podcast en le partageant autour de vous, en vous abonnant, en lui donnant une note 5 étoiles sur Apple Podcast et en me laissant un avis !