Restriction alimentaire : bonne ou mauvaise méthode ? | Avec Ariane Garcia

Bienvenue dans ce nouvel article et ce nouvel épisode de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Aujourd’hui, nous allons parler de restriction alimentaire. Je vous ai déjà parlé de la restriction cognitive dans l’épisode 9, « Du danger des régimes | Interdire ne fonctionne pas ». Cette fois-ci, nous allons aborder la question sous un autre angle : il est question de l’ambivalence de la restriction alimentaire. D’un côté, avec ou sans perte de poids, elle peut nous faire du bien, nous faire nous sentir meilleur·e. Mais à long terme, le constat est tout autre…

Pour aborder ce sujet complexe, je suis très heureuse d’accueillir Ariane Garcia, dont vous connaissez peut-être le compte Instagram, Ariane_la_psy. Ariane est psychologue, diplômée en psychologie sociale de la santé, psychothérapeute, spécialisée dans les troubles alimentaires et de l’image corporelle. Elle pratique la thérapie d’acceptation et d’engagement, ou thérapie ACT, dans une approche inclusive à l’égard du poids.

L’ambivalence de la restriction alimentaire

Sur son compte Instagram, Ariane a publié un post intitulé « La restriction, ça fonctionne ! ». C’est à la suite de sa lecture que j’ai souhaité l’inviter dans « La pleine conscience du pouvoir ».

« Ce post est venu rejoindre mon désir d’aborder sur le podcast le thème de l’ambivalence dans le processus de guérison des troubles alimentaires et, plus largement, celui des effets secondaires aux comportements que nous mettons en place pour nous préserver à court terme. »
Anne

Mais avant de parler de l’ambivalence inhérente à la restriction alimentaire, mettons au clair un point…

« Je fais un petit aparté : mon petit titre de post, « La restriction, ça fonctionne ! », est à prendre dans un sens bien précis. Quand je dis que la restriction, ça fonctionne, ce n’est pas pour perdre du poids. Ce n’est pas pour maintenir un certain poids. Pas du tout. Ce n’est pas mon propos. C’était vraiment dans le sens : ça fonctionne pour éviter de ressentir certaines expériences intérieures. Ça peut être des pensées, ça peut être des sensations, ça peut être certains types d’émotions, de sentiments. »
Ariane

Pendant la période qu’on appelle la « lune de miel » d’un régime, on se sent souvent mieux dans sa peau. On a plus confiance en soi. On a moins peur du regard des autres. D’ailleurs, l’entourage, souvent, nous encourage, nous félicite. Si la perte de poids vient de la restriction alimentaire, on peut donc considérer qu’elle est bénéfique, au moins à court terme. À long terme, en revanche, c’est une autre histoire. C’est entre autres là que réside toute l’ambivalence de la restriction alimentaire.


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Les bénéfices à court et long terme des comportements troublés avec l’alimentation

Chacun de nos comportements a une raison d’être. C’est valable même pour les comportements adoptés dans les TCA (trouble des conduites alimentaires) et les relations troublées avec l’alimentation. C’est également le cas avec la restriction alimentaire.

Chaque comportement peut soit :

  • nous rapprocher de ce qui est important pour nous, de la personne que nous souhaitons être, de nos proches, etc.
  • nous permettre de nous éloigner de quelque chose qui nous dérange, que ce soit une situation, une émotion, une pensée, un ressenti…

« Pour les personnes qui nous écoutent et qui vivent une relation troublée avec leur alimentation, ou un trouble des conduites alimentaires, ce sont ces fameux comportements qu’on met en place pour faire taire la petite voix dans la tête, qui vient nous faire culpabiliser, qui vient nous dire « tu devrais faire ci, tu devrais faire ça, etc. ». Et c’est extrêmement difficile d’y résister, donc on va mettre en place, par exemple, des comportements pour éviter de ressentir de la culpabilité ou, tu le disais au départ, pour se sentir plus puissant, pour se sentir plus en confiance, plus proche d’un idéal… »
Anne

Quand on observe ces comportements, il est important de considérer leurs bénéfices à court et à long terme. Ainsi, comme nous le disions plus haut, mettre en place une restriction alimentaire et perdre du poids, à court terme, ça peut permettre de se sentir mieux, de se sentir fort·e, de se sentir digne d’être aimé·e. Ce sont vraiment des choses bénéfiques (à court terme en tout cas, car la perte de poids permise grâce à un régime ne dure pas… mais c’est un autre sujet). Mais si on regarde les choses plus largement, le bilan est souvent différent.

« J’invite vraiment les personnes qui nous écoutent, aussi, à venir observer combien, même dans l’instant présent, ça peut couper. […] Les calculs sur « Qu’est-ce que je vais pouvoir manger après ? Là, j’ai mangé ça. Qu’est-ce qu’il va se passer si je suis invité.e au restaurant, si j’y vais avec ma compagne ou mon compagnon ? ». Je vais commencer, déjà, à me demander : « Qu’est-ce que je vais pouvoir manger ? Est-ce qu’il y a le menu quelque part ? Est-ce que je vais pouvoir estimer les calories ? »… […] Ça peut vraiment avoir un impact dans nos relations, au travail, sur nos loisirs, sur notre santé… sur tellement tellement d’aspects de notre vie. Et si on commence à ressentir un impact, on peut vraiment avoir besoin d’aide. »
Ariane

Si vous souhaitez commencer seul·e à analyser ça, vous pouvez lire le post d’Ariane sur la restriction alimentaire et y découvrir quelques questions. Nous vous conseillons de vous les poser si vous commencez à sentir, à réaliser, que votre fonctionnement ne vous convient plus.

Restriction alimentaire : bonne ou mauvaise méthode ?

Les étapes quand on réalise qu’on est dans la restriction alimentaire

Une fois qu’on a pris conscience (ou qu’on commence à prendre conscience) des effets de la restriction alimentaire dans tout ce qu’ils peuvent avoir d’ambivalent… Qu’est-ce qu’on peut faire ? Notre conseil à toutes les 2, c’est vraiment de se faire accompagner. Même si on peut observer seul·e les balances bénéfices/coûts et court terme/long terme, il est, en général, très compliqué de vraiment faire le tour sans aide.

C’est d’autant plus vrai dans notre société où la restriction alimentaire est valorisée et très présente. De plus, ce sont des comportements souvent liés à des causes plus émotionnelles, généralement profondes.

Une fois qu’on a compris quels sont nos fonctionnements, il faut encore apprendre à faire différemment. Il peut s’agir, bien sûr, de travailler sa relation à l’alimentation, mais aussi :

  • la gestion des émotions qui font qu’on a ce comportement ;
  • la prise de recul avec nos pensées ;
  • notre résistance à l’inconfort, afin d’avoir moins besoin de stratégies d’évitement…

Pour illustrer le travail que ça représente et les difficultés rencontrées, Ariane nous propose une métaphore très parlante et très poussée. Je vous encourage vraiment à écouter l’épisode de podcast, afin de bien saisir toutes les informations qu’elle contient. C’est un épisode très riche, qui permet de bien comprendre ce sujet complexe.

Cette métaphore illustre :

  • pourquoi il peut être long de réaliser que la restriction alimentaire n’est pas la solution qui nous fera nous sentir durablement mieux ;
  • combien ça peut être dur de véritablement abandonner ce fonctionnement ;
  • puis, ensuite, combien il peut être long d’apprendre à faire autrement.

Enfin, nous avons terminé cet épisode sur l’importance de savoir pourquoi on veut sortir de la restriction alimentaire, d’un TCA ou d’une relation troublée avec l’alimentation et/ou son image corporelle. Sur ce point, Ariane conseille d’être le plus concret·crète possible. Il ne s’agit pas seulement de « se sentir mieux ». Concrètement, qu’aimeriez-vous faire dans vos journées ? De quelles actions et occupations aimeriez-vous que votre vie soit remplie ?

« On travaille beaucoup, en ACT, autour des valeurs : c’est quoi, qui me motive aussi, à lâcher […] et à me mettre à faire autre chose avec ? C’est quoi, que je cherche à vivre, en sortant des troubles alimentaires, en sortant de ma relation de trouble avec l’alimentation ? La personne que j’ai envie d’être, elle fait quoi ? Qu’est-ce qu’elle vit, dans sa vie ? »
Ariane

*

Si vous êtes, avec votre alimentation, dans une forme ou une autre de restriction alimentaire, nous espérons que cet épisode vous aura aidé·e à mieux comprendre l’étendue des impacts possibles. Surtout, nous espérons que vous avez une meilleure vision des solutions, du travail possible pour retrouver une relation sereine avec la nourriture et avec votre image corporelle. Si vous pensez que c’est le moment de vous faire accompagner, je vous invite à découvrir mon accompagnement Indépendance Cannelle.


Pour découvrir le travail d’Ariane :

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2 Responses

  1. Incroyable cette métaphore du trou, de la pelle et de l’échelle ! Tellement partante…. Merci pour ces apports si riches qui permettent de cheminer 🙏🏻

    1. Merci Nathalie pour votre commentaire.
      Oui !!! je la trouve très parlante moi aussi ! Merci à Ariane pour ce partage 🤩

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