Dans ce nouvel article, nous allons parler des troubles alimentaires, du fitness et de la musculation. Pour cela, j’ai invité Haïdar, du compte Instagram pacification_alimentaire. Au micro de « La pleine conscience du pouvoir », il nous raconte son parcours avec les TCA (troubles du comportement alimentaire). Il explique leurs liens avec le fitness et les objectifs physiques qu’il s’était fixé à un moment de sa vie où seul le contrôle de son alimentation et de son corps pouvaient lui permettre de survivre. En plus de cette masculinité toxique très présente dans le monde du fitness et de la musculation, vous découvrirez la place ambiguë qui y est donnée à l’estime de soi, ainsi que le chemin de guérison d’Haïdar.
Quel est le lien entre les troubles alimentaires, le fitness et la musculation ?
L’histoire d’Haïdar, qu’il partage avec nous dans cet épisode de podcast, illustre bien la facilité avec laquelle les troubles alimentaires, le fitness et/ou la musculation peuvent se lier.
La valeur accordée à un corps sculpté
Bien sûr, la culture des régimes et le culte de la minceur omniprésents dans notre société ont leur part de responsabilité. Ces pensées amènent énormément de gens à faire un lien entre leur poids, leur apparence, leur morphologie d’une part, et leur valeur en tant que personne d’autre part. Cela est d’autant plus vrai avec le fitness et la musculation, qui, plus encore que d’autres sports, visent à modifier son apparence corporelle.
Nous avons là une partie de ce qui a mené Haïdar aux troubles alimentaires.
« Je me souviens m’être regardé dans le miroir et m’être dit : « Maintenant, je me reprends en main […] et je vais être heureux et m’aimer à partir du moment où j’aurai des plaques de chocolat […], une petite veine sur mon biceps qui sera visible… Alors j’aurai atteint suffisamment de minceur pour, enfin, être en sécurité et valable ». »
Pour bien comprendre l’histoire personnelle d’Haïdar, je ne peux que vous encourager à écouter l’épisode en entier.
L’institutionnalisation des TCA dans le fitness
Par ailleurs, bon nombre de troubles alimentaires sont institutionnalisés dans le fitness et la musculation. On peut notamment prendre l’exemple du fameux « cheat-meal ». Concrètement, ce repas où on a le droit de manger ce qu’on veut, est une forme de compulsion alimentaire organisée.
« Quand on n’est pas dans la musculation, faire ça, c’est de la boulimie. Mais quand on est dans la musculation, c’est tout d’un coup tout à fait normal et légitime. »
La restriction alimentaire est également quelque chose de très normal en fitness, de même que la bigorexie (addiction au sport) ou encore l’orthorexie (obsession du « manger sain »).
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Quelle est la place de l’estime de soi dans les TCA et dans la pratique sportive ?
L’estime de soi est un élément central des TCA (troubles du comportement alimentaire) et, plus largement, des relations troublées avec la nourriture ou avec son corps. Là encore, les troubles alimentaires et le fitness ou la musculation offrent de quoi œuvrer ensemble… Haïdar parle de cette période de « lune de miel » qui donne aux TCA une allure de « solution miracle »… pendant un temps. Reprendre le contrôle sur son alimentation apporte un sentiment de sécurité, de fierté, de dépassement de soi, etc. Il en est de même pour quelqu’un qui se lance dans le fitness ou la musculation.
« Ces éléments qui sont tellement mis en avant dans les vidéos de musculation, de fitness : l’autodiscipline, le fait d’être fort, d’avoir de la volonté, d’être motivé… parce que ça nous donne un sentiment de supériorité, de sécurité, d’identité. »
Mais Haïdar nous met en garde : c’est illusoire… Une fois son objectif atteint, il s’est rendu compte qu’en fait, ça ne résolvait rien.
« Je me regarde dans ce miroir et je me dis : « ça y est, j’y suis arrivé ». Et je me souviens de la violence de cet instant parce que je suis là, face à moi. […] Je me suis violenté, je me suis privé, je me suis épuisé. J’ai atteint les objectifs. Sauf que… ô grande surprise : les abdominaux et la veine sur mon biceps n’avaient en rien résolu la vraie racine du problème qui était la mésestime et le manque d’amour, le manque de sécurité, le non-alignement et le non-accueil de mon intérieur. »
Pire que ça : ce corps fin et musclé pour lequel il avait travaillé si dur ne lui permettait même pas de plaire davantage. Il avait tout le temps froid, il était maussade, anxieux, vide de toute énergie, de toute libido… Et cela se sentait.
« Non seulement je ne me plaisais pas, mais en plus, je ne plaisais pas autour de moi, ce qui était quand même, à la base, un de mes objectifs. »
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Comment Haïdar, homme et pratiquant de musculation, est-il sorti des troubles alimentaires ?
Lâcher la mentalisation de l’alimentation pour écouter son corps
Dans cet épisode, Haïdar parle de la 1re fois où il a entendu un discours incitant à stopper la restriction et le contrôle pour se débarrasser des « craquages alimentaires ». Au début, il a pensé que c’était n’importe quoi, et même que c’était dangereux.
Et puis… au fil des vidéos, son avis a évolué.
« Et je me dis : « Mais en fait… je comprends oui. En fait, oui ». […] J’ai des troubles du comportement alimentaire. En fait, ce n’est pas normal, ce qu’il se passe et c’est possible de vivre autrement. »
À partir de là, il a suivi une formation pour aller plus loin, il a expérimenté, il est passé à l’action.
« Je vais vivre, phase après phase […], ce que, aujourd’hui, j’appelle la pacification alimentaire, qui est l’approche que je propose […] aux personnes que j’accompagne. [C’est], en fait, la transition entre l’état de guerre entre le mental et le corps […]. Il y a un mental tyrannique et dopé au contrôle et à la restriction qui cherche à tyranniser un corps qui, lui, se fiche de tout ça et qui ne veut que survivre. Et donc le corps va se défendre face au mental et le mental va se méfier et détester le corps. »
Travailler sur son estime de soi, inconditionnellement
Il a travaillé son estime de soi… mais pas la version des troubles alimentaires, du fitness et de la musculation. Il est revenu à ce que devrait vraiment être l’amour et l’estime de soi.
« L’estime de soi, ce n’est pas s’aimer parce que j’ai réussi à atteindre un poids et que je ressemble à ça dans le miroir et parce que j’ai fait ce que je m’étais dit que j’allai faire. Ça, c’est tout sauf de l’amour de soi. C’est le contraire ! L’amour de soi ne peut être QUE inconditionnel. »
Pratiquer du sport pour le plaisir avant tout
Et… après une longue période sans sport, dégouté de la musculation, il a naturellement retrouvé l’envie de pratiquer une activité sportive.
« Petit à petit, en fait, j’ai senti que j’avais de nouveau envie de bouger. J’ai redécouvert la musculation et aujourd’hui, je vais à la salle de sport 5 à 6 fois par semaine. Et j’adore aller à la musculation ! Et j’adore soulever des charges lourdes parce que j’adore sentir mon corps, expérimenter mon corps, mes articulations, mes muscles… […]. »
Le fait de pouvoir plaire en partie grâce à ça fut agréable pour lui. Ça lui a fait plaisir, mais ce n’était plus la raison n° 1 de sa pratique.
« C’est un bonus ! Ce n’est pas la raison. La raison, c’est que pour moi, la musculation, c’est me rencontrer. C’est rencontrer mon corps. C’est presque être dans un état méditatif. J’aime mon corps et donc, j’ai envie de lui offrir la possibilité d’exercer tout son potentiel lié à la force. »
*
J’espère que cet article vous aura permis de mieux comprendre le lien étroit et insidieux qui peut exister entre troubles alimentaires, fitness et musculation. Pour approfondir ce sujet, je vous conseille d’écouter l’interview d’Haïdar en entier. Enfin, si vous ressentez le besoin de vous faire accompagner vers une relation plus sereine avec la nourriture, je vous propose de me contacter via le formulaire de contact du site.
Nous vous conseillons aussi :
- le compte Instagram d’Haïdar
- La chaîne Youtube d’Haïdar
