Dans ce nouvel épisode de « La pleine conscience du pouvoir », c’est au tour de Capucine de partager un témoignage sur l’anorexie. Dans cet article, je vais mettre en avant le lien fréquent et complexe qui existe entre anorexie et dépression. Capucine a sombré dans ce TCA (trouble du comportement alimentaire) en douceur, sans s’en rendre compte, après une période faible appétit, ayant engendré une perte de poids… qui l’a rendue fière. Heureusement, elle s’est vite rendu compte que sauter des repas n’est pas normal et elle a commencé un suivi. Dans cet article, vous découvrirez comment anorexie et dépression se sont liées chez elle, comment la pose de diagnostics médicaux a pu l’aider et comment elle a réussi à se libérer de son TCA et à retrouver la joie de vivre.
Anorexie et dépression sont souvent liées
Des maladies aux causes généralement multiples
En écoutant le témoignage d’anorexie et de dépression de Capucine, vous saurez comment elle en est arrivée là. Elle insiste notamment beaucoup sur le fait que c’était insidieux.
« C’est vicieux, on ne s’en rend pas compte et c’est une fois que c’est trop tard qu’on se dit : là, y a un souci. »
Ces 2 maladies ont notamment en commun le fait que les causes sont très fréquemment multiples. Concernant son TCA, Capucine explique très bien l’impact du culte de la minceur de notre société.
« Je trouve qu’il y a cette chose, dans notre société, qui fait que… déjà, c’est un critère de mode, d’être mince, d’être fine, d’avoir un ventre plat. Il y a beaucoup de critères corporels, en fait, de l’apparence, dans notre société, ce qui fait que ça se répercute même dans le milieu médical. »
À côté de cela, elle évoque aussi :
- des difficultés avec son groupe d’amis ;
- une importante solitude durant 12 h de cours/semaine ;
- la pression liée au bac…
Des liens étroits entre ces 2 maladies mentales
« J’étais en même temps en dépression… parce que ça va un peu avec l’anorexie. […] L’un va avec l’autre. »
Dans le cas de Capucine, la dépression était probablement là avant l’anorexie. Mais c’est lorsqu’elle a pu réaliser que ce n’était pas normal de sauter des repas qu’elle a pu avouer :
- non seulement son rapport compliqué avec la nourriture et avec son poids ;
- mais aussi des scarifications.
Elles avaient eu lieu plusieurs années auparavant, mais elle n’en avait, jusqu’alors, jamais parlé à ses parents. Or, le mal-être et la dépression sont des portes d’entrée pour l’anorexie, qui donne le sentiment de reprendre le contrôle sur quelque chose.
Les difficultés de guérison de l’anorexie et de la dépression
Cumuler anorexie et dépression peut compliquer la guérison. Capucine parle très bien, dans son témoignage de comment se sont mélangé, pour elle :
- l’envie de se renfermer, de se couper des autres ;
- le besoin de contrôle lié à l’anorexie ;
- les clichés autour des psychologues, psychiatres…
Sentant qu’elle avait besoin d’aide, Capucine a quand même consulter des professionnels. Mais le résultat fut plus que mitigé…
« La psychologue me demandait aussi de noter à chaque fois que je me pesais, et quelles émotions ça faisait chez moi, et de quoi c’était issu, et pourquoi et… ça me saoulait. […] J’en avais marre qu’on commente tout ce que je faisais. Je m’étais dit : « je vais chez la psychologue pour parler et pour qu’elle me donne des solutions ». Et là, c’était l’inverse en fait : c’était elle qui parlait, elle qui dirigeait. Enfin… je l’ai senti comme ça. Après, j’étais en peine période d’anorexie, donc si ça se trouve, j’étais bloquée. Ça, je ne pourrais pas le dire. Mais en tout cas, j’ai eu une approche qui n’était pas du tout positive de cette expérience, donc j’ai préféré arrêter. Ça me mettait mal. »
Guérison de l’anorexie et de la dépression de Capucine
Néanmoins, c’est aussi tout ce contrôle, toutes ces questions permanentes, toutes ces pensées incessantes sur la nourriture qui ont fini par donner à Capucine l’impulsion de changer les choses. Cela ne s’est pas fait en un jour, ni en une fois et ce témoignage, comme les autres de « La pleine conscience du pouvoir », inclut des rechutes.
« Malgré ça, j’ai eu une période de bas assez bas, on va dire… où je me suis brûlée moi-même. En fait, c’est un peu comme les scarifications : c’est quelque chose d’inconscient. C’est comme une pulsion qui vient d’un coup. […] Comme j’étais toujours plongée dans la dépression, il y avait un tourbillon d’émotions constant et pour le faire stopper un petit peu, j’avais trouvé la solution […] de me scarifier ou, là c’était la première fois, de me brûler moi-même. »
Si vous écoutez cet épisode en entier, vous entendrez Capucine expliquer qu’il n’y a pas eu un seul élément qui a permis sa guérison… mais que l’ensemble des difficultés générées par anorexie et dépression a joué un rôle majeur.
« Ça a fait une accumulation […] qui a fait que je me suis un peu reprise en main. Il y a eu comme un déclic au bout d’un moment et j’ai recommencé à manger normalement, mais d’un coup. […] Je sentais que la rémission n’était pas loin parce que j’avais réussi à remonter une bosse beaucoup plus haute que les autres. »
Parmi les choses qui lui ont fait du bien à cette période, on retrouve la résolution d’éléments qui, plus tôt, lui pesaient :
- Elle a quitté le groupe d’amis dans lequel elle se sentait mal.
- Elle a instauré un meilleur climat dans sa classe en faisant plus connaissance avec ses camarades.
- La pression du bac a diminué avec la fin des épreuves de spécialités.
« Je me suis dit : t’as pas fait tous ces efforts-là pour rien ! »
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Poser un diagnostic médical de TCA et/ou de dépression peut parfois aider
Pour terminer cet article, j’aimerais revenir sur un élément très important expliqué par Capucine dans ce témoignage sur l’anorexie et la dépression. Elle a parlé de :
- la difficulté que ça peut être de réussir à se faire entendre comme personne souffrant d’anorexie quand on n’est pas spécialement maigre ;
- et de ce que ça peut générer pour une personne souffrant d’un TCA.
« Les gens quand on leur dit :
- Si je ne mange pas à la cantine c’est parce que je souffre d’anorexie.
- Ah ça ne se voit pas !
L’anorexie, ce n’est pas une maladie corporelle. Je me le suis répété plusieurs fois : l’anorexie, c’est un trouble mental qui a des impacts corporels. […] Ce n’est pas parce qu’on est mince qu’on est anorexique. […] Donc ça veut dire qu’il faut que je continue. »
Capucine et moi avons échangé un certain temps sur la (non-)pertinence de l’IMC (s’il est utilisé comme seul indicateur), sur les difficultés qu’engendre la valorisation de la perte de poids…
De cela a résulté le besoin de Capucine de se faire diagnostiquer par un professionnel.
« Ensemble, on avait parlé d’anorexie, de TCA, etc. et je voulais vraiment que ce soit acté, que je puisse enfin dire : « J’ai été diagnostiquée et maintenant, c’est avéré, c’est par un professionnel. Ce n’est pas moi qui gamberge […], c’est un fait. ». C’est ce qu’on a fait et du coup, elle m’a diagnostiquée avec de l’anorexie, une dépression dite « très sévère » et un soupçon […] de trouble anxieux et d’hypersensibilité […] et elle m’a dit qu’il fallait faire un test de QI. »
Si, bien sûr, le diagnostic ne permet pas de guérir, il a permis à Capucine de comprendre certains points de son fonctionnement, de prendre du recul sur certaines choses… Or, cela est très précieux dans le chemin de guérison.
*
J’espère que cet article vous aura éclairé sur les liens étroits existants entre anorexie et dépression. Je vous invite à écouter le témoignage de Capucine en entier pour en découvrir plus sur son histoire, son expérience des TCA et sa guérison. Pour celles et ceux qui désirent aller plus loin, je vous propose de découvrir :
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