Grossophobie | Témoignage et explications, avec Nina Lahaeye

Dans ce nouvel épisode de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir », nous allons, une nouvelle fois, parler de grossophobie. Le témoignage de Nina se mêlera à ses précieux exemples, explications, réflexions. Nina Lahaeye est thérapeute et créatrice du compte Instagram @lesnouvellesheroines, ainsi que de l’accompagnement « Héroïnes solo » qui propose aux femmes rondes et grosses de faire la paix avec leur corps et leur poids. Nous allons échanger ensemble sur le vaste thème de la grossophobie, y compris la grossophobie médicale, et sur le processus qui va permettre de ne plus la subir, dans une société où les personnes grosses y sont perpétuellement exposées. Nina nous partage son propre parcours et ce qui l’a amenée à proposer aujourd’hui d’accompagner les femmes grosses vers le mieux-être, sans changer leur corps ni modifier leur poids.

Grossophobie | Le témoignage de Nina

Aujourd’hui, Nina accompagne des femmes grosses à faire la paix avec leur corps, avec leur poids, avec elle-même. Cela ne sort pas de nulle part !

« Mon métier de thérapeute avance main dans la main avec mon parcours personnel. Il faut savoir que j’ai commencé les régimes à l’âge de 5 ans […]. Mes parents m’ont poussé un peu dans les bras des régimes à cause du médecin de famille. En fait, la petite anecdote : je suis rentrée de vacances passées chez mes grands-parents et la première chose que m’a dite ma mère, je m’en souviendrai toute ma vie même si je n’avais que 5 ans, ce n’est pas « bonjour », c’est : « Qu’est-ce que t’as grossi ! ». »

Peu après, elle est allée chez le médecin. Elle a commencé les régimes et la restriction cognitive et alimentaire. Naturellement, environ 1 an après, les TCA sont apparus, notamment l’hyperphagie. 

À l’adolescence, elle ressentait une très très grande haine de son corps. Elle a fait des tentatives de suicides et s’est auto-mutilée.

« J’avais toujours eu ce discours de : « si t’es grosse, les gens vont se moquer de toi, les garçons, ils ne voudront jamais de toi ». Et du coup… ba, en fait j’étais grosse, donc personne ne m’aimera. »

Ce discours, nous l’avons tous plus ou moins entendu, même s’il ne nous a pas forcément concerné directement. Nina l’a entendu dans la bouche de ses parents, mais aussi à l’école, de la part de ses camarades de classe, qui l’avaient eux-mêmes entendus chez leurs parents, dans les dessins animés…. On le retrouve jusque dans le corps médical, où il est, encore aujourd’hui, très présent.

Durant cette période d’adolescence, elle a subi différents traumatismes, dont le divorce de ses parents.

« Déjà que je n’étais pas « équilibrée », je mets des guillemets parce que je ne vois pas d’autre terme : déjà que je n’avais pas un équilibre mental cohérent, là, j’avais aussi mon monde qui se déséquilibrait. »

Son rapport aux garçons aussi, a renforcé sa mésestime d’elle-même.

« J’avais ce côté de vouloir un peu chercher dans le regard de l’autre… ma « sexitude », j’ai envie de dire ! »

Mais, sans surprise, ça ne fonctionnait pas tellement…

« J’étais plutôt le pari. […] Pas pour tous hein ! J’ai eu des petits copains, notamment mon premier, avec qui j’ai eu ma première fois, etc. qui était vraiment quelqu’un de bien. Mais oui, j’ai déjà été le pari, j’ai déjà été celle qu’on touche parce qu’elle a des gros nénés… »

Évidemment, la vie de Nina n’est que la vie de Nina, mais au sujet de la grossophobie, son témoignage retrace ce que beaucoup de femmes traversent. Nina donne des exemples concrets, parlants, qui montrent bien comment les TCA et la mauvaise estime de soi, voire le dégoût, la haine de soi peuvent s’installer à cause de la grossophie ambiante de notre société, malgré l’amour de parents qui font ce qu’ils peuvent.

Grossophobie | Témoignage et explications, avec Nina Lahaeye

Qu’est-ce que la grossophobie | Exemple à tous les âges

Avant de devenir thérapeute, Nina a travaillé plusieurs années en salariat, dans une structure traitant de l’obésité. Elle a donc, au fil de sa vie, entendu beaucoup de femmes grosses – en plus de ses propres expériences.

Sur le sujet de la grossophobie, son témoignage et tous ceux qu’elle a écoutés lui permettent de présenter les exemples les plus courants de ce que traversent les femmes grosses, âge par âge.

Durant l’enfance, ce qu’on retrouve le plus, c’est le traumatisme de la fameuse courbe de poids qu’il ne faut surtout pas dépasser. Le simple fait de s’approcher de la fourchette haute entraîne déjà souvent des problèmes, comme des régimes dès l’enfance.

« On est pleine croissance, donc c’est normal que le poids fluctue encore plus qu’à n’importe quel âge de la vie ! »

Plus on grandit et plus le regard de l’autre prend de place.

« Le regard de l’autre, c’est un indicateur très très fort, parce qu’on a ce besoin d’appartenance, de communauté, de communion avec les autres. Et, à partir du moment où tu es dépeinte comme « la grosse », là aussi, tu subis la grossophobie parce que tu es la bonne copine, […] où tu es vue comme un coup facile. »

Autre point qui se retrouve systématiquement quand on grandit : la question de la santé.

« Ce qui nous plombe, nous, les personnes grosses, ce sont toutes ces croyances, parce que ce sont plus des croyances, c’est de l’extrapolation d’études scientifiques. On choisit une particule d’un écrit scientifique qu’on développe de la manière qui nous arrange le plus. Et nous, on est victime de ça. Moi, c’est ce qui m’a causé… de la mauvaise santé, en fait. »

Nina nous explique très bien, dans cet épisode, comment la grossophobie de notre société, qui prend notamment la forme d’une grossophobie médicale, nous fait croire que tous les problèmes sont la faute du poids… Alors que, si on prend l’exemple courant des genoux douloureux : le problème vient-il vraiment uniquement du poids ? Ou bien ne serait-ce pas des années de yoyo engendrés par la grossophobie elle-même ? Ou tout simplement l’âge ?

« Le poids, peut-être que ça n’aide pas. Mais ce qui n’aide vraiment pas, c’est jouer au yoyo avec son poids. C’est de perdre, de reprendre, de perdre, de reprendre. Parce que ça, ça fatigue le corps. Ça fatigue les organes, mais ça fatigue aussi les membres, les articulations, les tissus musculaires, […] et c’est même ce qui va amplifier les douleurs articulaires, en fait. »


Nous vous conseillons aussi :


Grossophobie médicale et chirurgie bariatrique

En matière de grossophobie, le témoignage de Nina est notamment très édifiant quand elle parle de sa recherche de chirurgie bariatrique. Pour bien prendre la mesure de l’ampleur de la grossophobie médicale, je vous suggère vraiment d’écouter l’épisode en entier.

Nina nous donne, entre autres, l’exemple de la lutte qu’il faut mener, en France, pour réussir à obtenir une anesthésie générale pour la fibroscopie gastrique, sous prétexte que l’anesthésie générale est dangereuse quand on est en surpoids, alors que :

  • nous sommes un des seuls pays à ne pas la réaliser systématiquement sous anesthésie générale ;
  • c’est une opération qui peut être vraiment désagréable ;
  • la question ne se pose pas pour la chirurgie bariatrique… qui, elle, a pour but de faire perdre du poids.

Elle explique aussi à quel point les vérifications qui doivent être réalisées en amont (notamment l’absence de TCA – trouble du comportement alimentaire) sont menées avec laxisme (d’après son expérience, en tout cas).

« Je le sais bien, que pour avoir accès à la chirurgie, il faut dire que je n’ai pas de TCA […]. En fait, à la fin, je me suis dit : « Mais c’est du n’importe quoi… Là, les gars, je vous ai menti sur toute la ligne, je vais avoir une chirurgie qui va changer ma vie et vous, vous n’avez rien vu quoi ». Je me suis dit : « nan mais ce n’est pas possible… Cette opération, elle va signer mon arrêt de mort, c’est sûr ». Je le voyais vraiment comme ça, parce que j’étais anxieuse, je souffrais de dépression, j’avais des TCA… Mais j’avais menti sur toute la ligne juste pour être enfin mince. »

Le déclic de Nina contre la grossophobie

Point positif : c’est cette réflexion qui a permis à Nina d’avoir le déclic dont elle avait besoin.

« Là, tu te rends compte qu’en fait, t’as passé toute ta vie à vivre pour les autres, à tout faire pour maigrir et pour leur faire plaisir plus que pour que tu te sentes bien, toi. En fait, tout ce que tu as mis en place pour perdre du poids, tu l’as fait parce qu’on t’a dit que ce serait mieux pour toi, sans que toi-même, tu réfléchisses à ce qui était vraiment bien pour toi. Là, j’étais à quelques semaines de l’opération, j’ai dit : « Je ne la fait pas, je vais apprendre à m’accepter, à m’aimer et booster ma santé, à faire de mon mieux, parce que je ne peux pas tout maîtriser, à faire de mon mieux pour me sentir enfin bien dans mon corps ». »

Depuis, elle est passée par différentes phases, que ce soit dans sa réaction face aux gens qui souhaitent maigrir, dans son rapport avec le terme « gros·se »… Je vous conseille d’écouter l’épisode en entier pour comprendre son propos avec le plus de détails et de profondeur possible.

« Ce que j’entends […], [c’est de] ne plus considérer ça comme stigmatisant, en fait, d’être gros. C’est juste un fait. C’est comme quand on dit de quelqu’un : « il est grand », « il est petit », « il a les yeux bleus », […]. 

– C’est ça. Pour aller un peu plus loin […], je me suis un peu plus ouverte. J’ai fait des recherches par moi-même […]. Je trouve que c’est dangereux d’avoir des discours [alarmistes] parce que ça pousse les gens à faire n’importe quoi. Les discours des Québécois ou des Américains sont beaucoup moins alarmistes et beaucoup plus aidants que ceux qu’on a en Europe. Du coup, après, moi, j’ai décidé que ba non en fait, je suis grosse et c’est OK. Pourquoi je continuerais à soutenir que le terme « gros » est péjoratif, alors que c’est ce que je suis ? C’est m’auto-flageller. »

*

Si vous cherchez à vous questionner sur la grossophobie, avec des témoignages, des exemples de grossophobie médicale… j’espère que cet article vous aura plu. Encore une fois, je vous encourage à écouter l’épisode en entier, car il est très riche.

De plus, Nina a pris le temps, à la fin, de présenter les accompagnements qu’elle propose. Pour celles qui seront intéressées, sachez que vous pouvez profiter de 20 % de réduction grâce au code promo : CONSCIENCE20, n’hésitez pas à contacter Nina de notre part ☺️


Nous vous conseillons aussi :


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Téléchargez le guide de tous les épisodes du Podcast

Besoin d’aide pour trouver l’épisode de podcast que vous cherchez ? 

Le guide des épisodes de podcast

Besoin d’aide pour trouver l’épisode de podcast que vous cherchez ? 

💬 Besoin d'infos supplémentaires ?