Guérison d’un trouble alimentaire | La suite du témoignage de Jeanne

Dans ce nouvel épisode de mon podcast sur l’alimentation, nous allons parler de la question de la guérison d’un trouble alimentaire. Comment savoir si on est véritablement guéri·e ou non ? Est-il réellement possible de soigner un TCA (trouble du comportement alimentaire) ? Ce ne sont pas des notions simples. Je vous propose d’y réfléchir aujourd’hui au travers de la suite du témoignage de Jeanne. Elle avait témoigné de son parcours avec la thérapie d’alimentation intuitive dans l’un des premiers épisodes du podcast, l’épisode 18, qui était sorti au mois de juillet 2021.

Elle a aujourd’hui bien plus de recul sur son parcours de guérison d’un trouble alimentaire. Vous imaginez bien que la vie lui a proposé différentes étapes et défis durant ces 3 dernières années, en particulier, l’arrivée d’un second enfant. C’est ainsi l’occasion pour nous d’entendre l’expérience d’une personne sur le long terme. Qu’est-ce que la guérison ? À quoi s’attendre ? Comment Jeanne vit-elle aujourd’hui sa relation avec son alimentation et avec son image corporelle ? Nous avons également eu l’occasion de revenir sur certaines idées reçues concernant la thérapie d’alimentation intuitive… Je vous laisse découvrir tout cela.

Guérison d’un trouble alimentaire : des nouvelles de Jeanne

Presque 3 ans après son premier témoignage autour de l’alimentation intuitive, Jeanne nous explique que oui, elle va bien… mais que la question de la guérison d’un trouble alimentaire est, en fait, propre à chacun·e, selon elle. Si vous écoutez l’épisode en entier, vous découvrirez en détail toutes les étapes par lesquelles elle est passé et toutes les réflexions qui furent les siennes.

Depuis son premier témoignage, entre l’amélioration de sa relation avec la nourriture et sa nouvelle vie de famille, elle a cessé de publier sur son compte Instagram. Avec 2 enfants en bas âge, elle est bien occupée. De plus, comme elle va mieux, elle a naturellement eu envie de moins y penser. Elle avait aussi moins de choses à dire…

« Je ne sais pas si moi, ce que j’aurai à dire, ne pourrait pas presque être contre-productif pour des personnes qui souffrent parce qu’il y a des moments où je pense que j’ai oublié, presque, ce que c’était que souffrir de TCA. Ce qui est une très bonne chose pour moi et un très bon message d’espoir pour ceux qui souffrent : c’est possible d’aller tellement bien qu’on en oublie certains mécanismes ! »

Pour autant, la question de la guérison d’un trouble alimentaire n’est pas une question à laquelle il est simple de répondre.

« Je me suis retrouvée dans une phase de la guérison où ça allait beaucoup mieux mais où je me suis beaucoup posé la question : « T’es guérie ? T’es pas guérie ? T’es guérie ? T’es pas guérie ?… » […]. Ce n’est pas très important, en fait […]. Il y a le processus intense de la thérapie, quand ça ne va pas du tout […. Et puis, en tout cas pour moi, il y a eu toute une phase, qui n’est peut-être même pas finie, où tout ça, ça décante et où on peut se laisser le temps. On met moins d’énergie dans ce processus-là parce que ça va déjà mieux. »

Jeanne s’est beaucoup demandé si c’était normal, s’il y avait ou non besoin de reprendre une formation… Mais elle a fini par réaliser que c’est normal d’évoluer et d’avoir des sujets sur lesquels on se questionne. C’est d’autant plus vrai pour la nourriture. L’alimentation, c’est lié à l’organisation de notre quotidien, à notre santé, à certaines émotions (manger pour se réconforter, perdre l’appétit quand on traverse une épreuve, stress à cause de l’inflation…). Tous ces éléments sont à prendre en compte quand on considère la question de la guérison d’un trouble alimentaire.


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Pas de réponse unique quant au curseur de la guérison d’un trouble alimentaire

Pas de réponse unique quant au curseur de la guérison d’un trouble alimentaire 

« En réalité, c’est quelque chose qui reste assez central. Qu’on s’en rendre compte ou pas, il y a des questionnements qui viennent autour de l’acte alimentaire. Et quand on a souffert de TCA, on a vite fait de paniquer, alors que […] je pense que l’acte alimentaire ne peut pas être quelque chose d’extrêmement simple. »

Par ailleurs, elle a constaté avec joie que la façon dont elle pense à ce sujet est différente. Si, aujourd’hui, elle se pose des questions autour de l’alimentation, c’est pour organiser ses journées, pour respecter ses valeurs, notamment l’écologie, pour sa santé et celle de ses filles…

Oui : c’est normal de s’interroger sur tout ça. Surtout dans notre société qui a vite fait de faire un amalgame entre le bénéfice pour la santé de manger varié, avec beaucoup de fibres, etc. et le fait que ça peut (soi-disant…) aider à mincir, ce qui serait bon pour la santé. 

Ainsi, se poser encore des questions sur son poids, sur ce qu’on va manger, sur son image corporelle… ça ne signifie pas forcément qu’on n’est pas guéri·e.

Dans son mot de la fin pour cet épisode grandement tourné sur la question de la guérison d’un trouble alimentaire, Jeanne explique que, selon elle, il ne faut pas toujours se faire confiance… En effet, quelqu’un qui se restreint trop et tous les jours, ou encore quelqu’un qui se fait vomir ne va pas bien, quoiqu’il·elle en dise, en pense.

« Mais, le curseur de la guérison, je pense qu’il est vraiment assez propre à chacun […]. Je pense que c’est important de ne pas se laisser enfermer dans les discours de gens qui vont venir dire : « oh non mais c’est forcément ça, et si tu fais ça, c’est que tu n’es pas guéri·e […] ». C’est ça que je trouve compliqué aussi […]. Typiquement, j’aurais tendance à penser que si on continue à se sentir incontrôlable à l’égard de certains aliments, c’est qu’on n’est pas allé au bout du processus. Maintenant, peut-être que certaines personnes n’arriveront jamais à aller au bout du processus, donc s’ils trouvent leur point d’équilibre avant, c’est toujours mieux que d’être en phase aiguë de TCA. »

Le plus important, c’est de se faire accompagner (par une personne formée aux problématiques des troubles alimentaires !) lorsqu’on en ressent le besoin, lorsque notre comportement crée une forme ou une autre de souffrance. Nous avons eu l’occasion de le voir au fil des témoignages sur ce podcast : la notion de guérison d’un trouble alimentaire reste vraiment propre à chacun.

Guérison d'un trouble alimentaire | La suite du témoignage de Jeanne

Idées reçues sur la thérapie d’alimentation intuitive

Dans les 2 parties de son témoignage, Jeanne nous parle beaucoup de la thérapie d’alimentation intuitive, car elle a joué un grand rôle dans la guérison de son TCA. Si je vous encourage à écouter l’épisode en entier, pour découvrir en détail son expérience, je tiens quand même à en toucher quelques mots dans cet article.

En effet, il existe d’assez nombreuses idées reçues sur l’alimentation intuitive… Elles concernent différents aspects de cette approche, notamment son rapport à la nutrition. Quand on ne se renseigne pas réellement sur le sujet, ou qu’on écoute certaines personnes qui proposent une version déformée de l’alimentation intuitive, on peut vite avoir l’impression que cette thérapie :

  • ne prend pas en compte les conseils nutritionnels ;
  • devrait naturellement amener à ne jamais avoir envie d’aliments « malsains »…

Évidemment, ces idées reçues peuvent rendre plus difficile le fait de se sentir guéri·e, voire même compliquer la guérison elle-même.

« Ce n’est pas que l’alimentation intuitive est anti-nutrition. Pas du tout. C’est juste que, pour une bonne partie des gens qui souffrent de TCA […], la nutrition ne devient plus une information […], ça devient des injonctions. Et le problème, c’est que, en fait, la nutrition, ce sont des informations, pour certaines contradictoires… qui évoluent, parce que derrière, il y a de la science et que la science, elle évolue […]. Du coup, si on prend ça comme des injonctions, on finit par être complètement perdu·e. Tout acte alimentaire finit par être compliqué. Typiquement, cette illustration de : « Il faut 5 fruits et légumes… mais pas trop de fruits »… Je veux dire : quand on en est à stresser de manger un fruit, on atteint un niveau grave… Je trouve que les professionnels qui continuent à avoir ces discours-là, ils devraient sérieusement se poser des questions. »

J’en profite pour rappeler que, dans l’épisode 69, Amélie Carlot-Chichoux nous avait expliqué que l’équilibre alimentaire se fait sur une vingtaine de repas. Du coup : non, ce n’est pas grave si on ne prend pas de légume durant un repas ou même durant une journée…

Savoir prendre les recommandations nutritionnelles pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des informations, et les utiliser avec bienveillance et souplesse, c’est un signe de guérison d’un trouble alimentaire. Jeanne nous parle d’ailleurs, dans son témoignage, du moment où elle a réalisé qu’elle avait redonné sa juste place à la nutrition.

« Comme la météo, en fait. Tu vois, tu sais qu’il va pleuvoir aujourd’hui, bon et bien oui, tu vas mettre des bottes de pluie. Mais si tu as absolument prévu une tenue et que ça ne va pas du tout avec, et bien tu t’adaptes. Je ne sais pas, tu prends un parapluie, tu vas moins sortir… En fait, ce n’est pas quelque chose où tu vas t’imposer tout le temps ta tenue de pluie parce qu’il pleut, où tu vas t’interdire de te faire plaisir sur le plan vestimentaire avec des choses que tu avais prévues. Tu vas l’intégrer, comme une information. »


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Dans le même esprit, la question du sport est importante… La place accordée au sport dans la thérapie d’alimentation intuitive est parfois aussi mal comprise que celle accordée à la nutrition. Pourtant, pour de nombreuses personnes comme Jeanne, stopper le sport pendant un temps peut être une nécessité. Cela peut permettre de n’y retourner que lorsqu’on en ressent vraiment l’envie, lorsque c’est le corps lui-même qui le réclame. On peut alors retrouver le plaisir, les bienfaits, SANS les pensées qui prennent trop de place.

« Oui, de temps en temps, pour le mouvement, il faut un petit peu avoir de la discipline, se mettre un coup de pied aux fesses… mais plus on avance et plus on arrive à jauger ces moments-là, en fait. Il faut se laisser du temps, pour être capable de ressentir le moment où on a vraiment besoin de repos, et puis il y a des loupés. 

– C’est ça. Et ce n’est pas grave ! »

*

Si vous souhaitez allez plus loin sur la question du moment où on peut estimer avoir atteint la guérison de son trouble alimentaire, je vous encourage à écouter l’épisode. Celui-ci est riche de beaucoup de réflexions pertinentes. Jeanne nous propose un retour d’expérience très complet, grâce à un recul de plusieurs années.

Pour continuer à explorer les différentes facettes d’une relation sereine avec la nourriture, je vous propose également de rejoindre ma newsletter.


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