Éducation alimentaire chez l’adulte : (ré)apprendre à bien manger, avec Charles Brumauld

Bienvenue dans ce nouvel épisode de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ».  Aujourd’hui, j’ai la grande joie de recevoir Charles Brumauld, diététicien-nutritionniste, formé à l’accompagnement du comportement alimentaire et créateur de très nombreux contenus. Charles est l’auteur du podcast « Dans la poire ! », premier podcast français sur la nutrition, classé depuis un bon moment dans les 3 premières suggestions sur Apple podcast dans sa catégorie ! Ensemble, nous allons parler de l’éducation alimentaire des adultes. Nous avons beau connaître les règles de base pour « bien manger », force est de constater que manger équilibré est compliqué pour plein de gens. Les recommandations nutritionnelles élémentaires, vous les connaissez sans doute… Nous n’allons pas vous les répéter ici. Au lieu de cela, nous vous proposons plutôt de comprendre comment faire pour que cette alimentation saine puisse être pérenne. Quel est votre rapport avec l’alimentation émotionnelle ? Comment introduire un aliment sans se forcer ? Comment faire quand on n’aime pas cuisiner ? Ces réponses sont, à nos yeux, parmi les plus importantes pour qui souhaitent (ré)apprendre à bien manger !

Pourquoi une (ré)éducation alimentaire peut être nécessaire à l’âge adulte ?

J’en ai parlé dans l’épisode 29 : nous sommes tous nés « mangeurs intuitifs ». Pourtant, en grandissant, nous ne restons pas tous égaux sur ce sujet. Nous ne recevons pas tous la même éducation alimentaire. De nombreux facteurs peuvent faire que nous ayons ou non :

  • goûté à tel aliment ;
  • apprécié tel autre ;
  • ou encore simplement appris à cuisiner.

Pour certaines personnes, il peut alors être très compliqué de réussir à bien manger une fois adulte. Sans compter que les injonctions et les règles sur le sujet ne manquent pas ! Entre l’incitation au tout bio et 100 % « healthy », le culte de la minceur, les informations contradictoires sur ce qui est « bon pour la santé »… Il y a de quoi se faire des nœuds à la tête !

Pour peu que nous ayons, pour une raison ou une autre, une relation compliquée avec la nourriture, il faut également compter avec la restriction cognitive, les TCA, les compulsions alimentaires ou l’alimentation dite « émotionnelle » qui déborde.

C’est dans ce genre de cas que reprendre une éducation alimentaire avec un professionnel bienveillant formé aux comportements alimentaires peut être une grande aide ! Alors, comment (ré)apprendre à bien manger ? Je vous invite à découvrir ci-dessus une partie de l’échange que j’ai eu avec Charles Brumauld. Pour plus de détail, je vous invite à écouter l’épisode en entier. 😉


Nous vous conseillons aussi :


Comment réapprendre à bien manger sans faire de la nourriture sa principale source de charge mentale ?

Pour Charles Brumauld, il n’y a pas de réponse toute faite. Pour (ré)apprendre à bien manger, il est important de comprendre pourquoi, aujourd’hui, la personne n’y arrive pas. Le voyage de l’éducation alimentaire ne sera pas le même selon l’origine du problème. Il peut s’agir de :

  • un manque de connaissances en nutrition ;
  • un manque d’appétence pour le fait de cuisiner ;
  • ou une relation troublée avec l’alimentation pour des raisons émotionnelles, par exemple.

Dans un premier temps, il s’agit donc de comprendre la situation de la personne. Pour cela, il peut être nécessaire de « dérouler le fil », pour remonter à la source.

« Les clés d’entrées selon le·la patient·e vont varier en fonction de l’urgence émotionnelle, vont varier en fonction de l’éducation […]. Est-ce qu’on va d’abord entrer sur la restriction cognitive, avant de tout déconstruire […] ? Qu’est-ce qui est construit et qui fortifie les repères de la personne ? Qu’est-ce qui fait qu’elle peut s’appuyer sur un trépied, quelque chose qui lui permette de rester debout ? En tout cas, effectivement, je suis persuadé qu’on peut continuer cette éducation et ce voyage alimentaire à l’âge adulte. »

Notre « palais des saveurs » évolue et peut évoluer à tous les âges de la vie, mais nous n’avons pas tous besoin des mêmes outils pour cette construction.

Pour (ré)apprendre à bien manger, il nous faut, bien sûr, des connaissances théoriques. Mais il est aussi important de :

  1. Réaliser un travail sur le rapport émotionnel avec les repas.

C’est notamment ce que nous faisons dans mon accompagnement Indépendance Cannelle. 😉

2. Savoir s’auto-observer, afin de jongler entre ses besoins, ses envies, les recommandations nutritionnels, ses objectifs, ses valeurs, etc.

En bref, il s’agit là de savoir écouter sa tête, mais aussi son cœur et son corps. Dans un premier temps, cette observation permet de comprendre son fonctionnement. Ensuite, on peut repérer ce qui est compatible ou non avec nos valeurs et avec nos objectifs pour notre alimentation. À partir de là, on a les moyens de voir comment faire autrement, pour tendre vers les conseils nutritionnels importants pour nous.

3. Accorder la place qui lui est due à l’alimentation émotionnelle.

À ce sujet, Charles surprend régulièrement ses patient·e·s.

« On me dit : « Mais ah bon, vous faites ça ? Mais comment ça, vous faites ça ? ». « Ben oui… On voit bien que les aliments qui sont plutôt gras, plutôt sucrés, plutôt salés, plutôt crousti-fondants, il y a tout ce qu’il faut pour amener du réconfort dans l’urgence, sur le moment. Ils sont un peu taillés pour ça. Ce serait dommage de ne pas les utiliser aussi comme ça. Ils ont toutes les qualités organoleptiques pour nous procurer du plaisir et du réconfort à un instant T. Ça vaut le coup. Votre cerveau, il est plutôt bien fait, en fait : il cherche du réconfort et va vers des aliments plutôt réconfortants. J’ai envie de dire : bien joué, meuf ! ». »

Cette permission permet un soulagement et il est alors plus facile de chercher d’autres solutions en parallèle, afin que l’alimentation ne soit pas l’unique façon de traverser les émotions.

En résumé : (ré)apprendre à bien manger, quelle que soit l’éducation alimentaire que l’on ait reçue, ce n’est pas juste savoir préparer un repas équilibré. 😉 C’est avec une approche bien plus large que ça que les changements seront pérennes.


Nous vous conseillons aussi :


Réapprendre à bien manger, avec Charles Brumauld

Comment introduire dans son alimentation des produits qui ne nous attirent pas, mais qui sont importants pour l’équilibre alimentaire ?

Une problématique fréquemment rencontrée par les personnes qui souhaite apprendre à bien manger, c’est la consommation régulière de certains aliments qu’elles n’aiment pas, ou si peu. Nous pouvons citer les légumes comme exemple, mais ce peut être tout à fait autre chose. (Le tofu sans connaissance en cuisine, ce n’est pas fou, n’est-ce pas ? 😉).

« On part des goûts et des dégoûts de la personne. Moi, souvent, sur la question des légumes, je fais un peu comme [pour] les enfants : je représente le truc sous différentes formes. Par exemple : « Est-ce que vous avez déjà essayé les légumes rôtis ? ». Bon OK, les puristes me diront : « Attention, les légumes rôtis, la glycation, les fortes cuissons… ». OK, super… Là, on part step by step ! On ne va pas tout de suite aller sur du crudivorisme ou des légumes cuits à la vapeur avec le vitaliseur de Marion à 95°, machin truc… Wouho wouho. On se détend. […] On commence : « Tiens, est-ce que vous pouvez faire un mix, sur une plaque, de carottes, de courgettes et de pommes de terre avec juste quelques épices, avec un trait d’huile d’olives, vous mettez au four et […] 12/15 minutes après, hop, c’est prêt, c’est cuit. Comment c’est pour vous, quand vous faites ça ? ». Là : « Ah oui, c’est vrai que c’est déjà un peu plus gourmand, il y a un côté un peu crousti. […] ». »

Notre conseil, c’est d’y aller petit à petit. Commencez par introduire ledit aliment d’une façon qui est possible pour vous. Une fois que c’est bon, il vous sera plus facile d’aller plus loin – si vous le souhaitez. Parfois, il peut simplement s’agir de maîtrise dans l’art de cuisiner. Des suggestions et des tests peuvent alors permettre d’élargir le champ des possibles.

Il est toujours possible de faire de l’éducation alimentaire au sens strict en même temps, ou de se concentrer dessus seulement lorsque l’aliment est réintroduit. Une fois que le rapport avec l’alimentation est plus fluide et apaisé, vous serez naturellement plus disposé à écouter et à retenir les intérêts nutritionnels des différentes catégories d’aliments.

(Ré)apprendre à bien manger... pour que ça dure !

Comment réapprendre à bien manger si on n’aime pas cuisiner ou qu’on n’a pas le temps ?

Parmi les problématiques fréquemment rencontrées quand on veut (ré)apprendre à bien manger, on retrouve aussi le fait de :

  • ne pas aimer cuisiner ;
  • ne pas avoir le temps ;
  • ou encore ne pas du tout savoir cuisiner.

Pour Charles, il est important de commencer par normaliser cela, afin de faire redescendre la pression. Notre société ne va pas dans le sens du respect de nos besoins de base, comme dormir, manger, bien bouger, se détendre, etc. En plus, les réseaux sociaux (pour ne citer qu’eux) sont pleins d’injonctions.

« En réalité, on voit que le « je ne suis comme ça » est le fruit d’une construction du référentiel de la maman ou du papa, qui a elle-même reçu le référentiel de son papa ou de sa propre maman, de l’éducation, de ce qu’on dit les potes, de comment on a vécu notre alimentation et les repas de la cantine, des injonctions, ou en tout cas de ce qu’on a reçu comme message dans les séries, dans les cinémas, aujourd’hui sur les réseaux sociaux, dans tous les articles de magazines… On voit qu’il y a eu progressivement une fermeture, genre « ba moi je suis comme ça », « moi la cuisine, ça ne m’intéresse pas »… Moi, je leur dis : « Et bien vous avez le droit, en fait, de ne pas être intéressé·e par la cuisine. C’est vrai qu’il y a peut-être d’autres choses plus passionnantes que ça. », plutôt que de dire : « OK, vous êtes comme ça ? Et bien, on va vous changer, on va vous intéresser quand même à la cuisine. ». »

Ensuite, petit à petit, il ouvre le champ des possibles.

« OK, peut-être que vous n’avez pas eu un référentiel de parents qui cuisinent, c’est vrai que c’est moins évident. Mais j’entends aussi que vous ne souhaitez pas en rester là. J’entends aussi que vous voulez vous diriger, porter votre attention vers une nourriture avec des aliments plus reconnaissables ou vers le brut. « Vers » : déjà, on est en chemin, on est en mouvement et moi, je me sers de ce mouvement. »

C’est important d’être à l’écoute de ses ressentis… tout en allant tester de nouvelles choses, à son rythme. Si la question de (ré)apprendre à bien manger se pose, c’est bien que quelque chose dans la situation actuelle ne convient pas !

Sur ce sujet, Charles nous parle de comment il lui arrive d’utiliser l’imagination, la visualisation, pour aider ses patient·e·s à se rapprocher de ce qu’ils·elles souhaitent. Je vous suggère d’écouter l’épisode si cela vous intéresse ! 😉

Qui est Charles Brumauld, le diététicien joyeux ?

Après des études de droit, du journalisme, du mannequinat… un licenciement économique l’a amené à choisir entre le coaching sportif et le coaching nutritionnel.

« J’avais le choix entre coaching sportif et coaching nutritionnel et j’ai choisi d’écouter mon corps parce que plus je m’entraînais pour être coach sportif, passer les sélections, soulever des charges lourdes, […], plus je me faisais mal au dos, mal aux genoux… À un moment donné, au bout de quelques mois, je me suis dit : « Mais attends, le corps essaie de dire des choses, peut-être qu’il serait bon juste de te poser et d’écouter un peu comment ça se fait que tu aies mal du back-squat aussi lourd, etc. Est-ce qu’il essaie de te dire quelque chose ? ». Effectivement, je me suis rendu compte que j’étais naturellement plus intéressé par les sujets d’alimentation dans toutes ses dimensions : philosophique, culturelle, énergétique, micro-nutritionnel et surtout social. »

Lors de sa formation, le discours de l’une de ses professeurs l’a interpellé. Il a creusé et c’est ainsi qu’il a décidé de se former aux comportements alimentaires.

« Et là, j’ai appris que… je ne savais rien. »

Aujourd’hui, c’est un diététicien-nutritionniste bienveillant et producteur de bonne humeur !

Côté rapport au corps et à l’alimentation d’un point de vue personnel, Charles, comme tant d’autres, est passé par plusieurs phases.

« J’ai été élevé par des parents qui cuisinaient plutôt, avec une maman très « La vie claire », magasins bio, le marché, les bons produits, les « vrais » produits, entre guillemets… Pas de coca, pas de Nutella©. […] On n’était pas tellement frustré, mais c’est vrai qu’il n’y avait pas ça à la maison. Ça, c’était dédié à ma tante Odile, qui nous emmenait dans des restaurants autres. On a découvert les poissons panés, Disneyland©, le coca… »

À l’adolescence, il fut tiraillé par le mannequinat d’un côté, qui demandait de ne pas trop manger, et le sport en compétition d’un autre côté, qui, au contraire, demandait de l’énergie.

« Je pense que j’ai flirté au minimum avec l’orthorexie et quelque chose de l’ordre d’un contrôle assez cadenassé pendant quelques années. »

Puis l’arrivée de son fils notamment, ainsi que ses études, ont progressivement changé sa vision des choses.

Éducation alimentaire chez l’adulte : le mot de la fin

Pour terminer cet échange, Charles a tenu à souligner que, quelle que soit votre éducation alimentaire, il est possible de l’améliorer pour du mieux, si vous le souhaitez. C’est même possible de le faire en douceur ! (Ré)apprendre à bien manger peut être rigolo, progressif et pérenne.

« J’aimerais dire aussi qu’on a le choix. On est libre et responsable de son bien-être, même si on part d’une éducation alimentaire et culinaire qui est comme ci ou comme ça et qui n’est pas tout à fait valorisée par la société aujourd’hui, parce que notamment sur les réseaux et à la télé, on nous dit : « il vaut mieux manger ci, il vaut mieux manger ça »… Ce n’est pas facile à vivre et on peut aussi évoluer. »

*

Si vous vous demandez (une fois de plus ?) comment (ré)apprendre à bien manger et comment conserver dans la durée une alimentation saine, j’espère que cet article vous aura donner des pistes. Pour bien saisir le propos de Charles, je ne peux que vous conseiller d’écouter l’épisode de podcast en entier et de consulter ses contenus. Si votre problème ne vient pas des connaissances nutritionnelles, mais plutôt d’un rapport compliqué avec la nourriture, je vous propose de découvrir mon accompagnement Indépendance Cannelle.


Nous vous conseillons aussi :


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Téléchargez le guide de tous les épisodes du Podcast

Besoin d’aide pour trouver l’épisode de podcast que vous cherchez ? 

Le guide des épisodes de podcast

Besoin d’aide pour trouver l’épisode de podcast que vous cherchez ? 

💬 Besoin d'infos supplémentaires ?