Dans ce nouvel article de mon podcast sur l’alimentation, nous découvrons un nouveau témoignage d’anorexie mentale. Marie s’est rendu compte en thérapie que sa relation difficile avec l’alimentation avait commencé bien avant qu’elle ne souffre d’anorexie. Dès l’âge de 7-8 ans, Marie mangeait en cachette de ses parents et elle a grandi dans une famille où les préoccupations pour le poids et la silhouette étaient omniprésentes. Sa période d’anorexie a débuté avec l’essayage de sa robe de mariée, un peu serrée. Marie a voulu s’adapter à la robe, puis prendre de la marge, et le trouble a pris le contrôle, avec le sport en parallèle, le corps qui se sculpte, les compliments qui entretiennent la maladie… Jusqu’à ce que le conjoint de Marie s’alerte et pose la question de l’anorexie. Elle a alors commencé à consulter et elle nous explique très bien les différentes étapes avant l’acceptation du début d’un changement. Je vous laisse découvrir le témoignage de son trouble du comportement alimentaire.
Un problème avec l’alimentation qui commence dès l’enfance
Nous le verrons plus loin dans son témoignage d’anorexie mentale, le TCA (trouble des conduites alimentaires) de Marie s’est déclenché avec sa robe de marié. Cependant, sa relation compliquée avec l’alimentation, elle, a débuté dès l’enfance. Les questions du poids, de l’apparence corporelle et du contrôle alimentaire ont toujours été très présents chez sa mère. Aujourd’hui, cela se ressent dans toute sa fratrie.
« J’ai fait de l’anorexie. Ça a commencé vers 24 ans, c’est-à-dire un an avant mon mariage. Mais, en fait, après beaucoup de psychothérapie, je me rends compte que, finalement, des problèmes avec la nourriture, j’en ai eu quasiment toute ma vie. Déjà toute petite, je me revois manger un paquet de gâteaux en cachette. J’avais peut-être 7 ou 8 ans et je me cachais dans mon placard avec mes habits. […] C’est ma mère qui rangeait mes habits et du coup, elle découvrait mes paquets de gâteaux […] et puis elle rigolait, elle se moquait un peu de moi… »
Marie
Néanmoins, quand Marie repense à son enfance, elle n’a pas autant de souvenirs sur ce sujet que certains de ses proches.
« Ma sœur me dit qu’elle avait des réflexions sur son poids par ma mère. Moi, je n’en ai pas souvenir mais quand j’en ai parlé récemment à une amie, elle m’a dit : « Mais si, quand je venais déjeuner chez toi au lycée, ta mère, elle te disait : « fais attention, ne mange pas trop ça, etc. ». » Et je ne m’en souviens pas, donc je ne sais pas si c’est un déni ou autre… Mais je pense qu’il y avait quelque chose de tabou dans la famille. »
Marie
D’ailleurs, avant de tomber dans l’anorexie mentale, Marie a fait un peu de boulimie. Celle-ci avait disparu d’elle-même, sans prendre trop de place dans sa vie.
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Témoignage d’anorexie mentale : la robe de mariée comme déclencheur du TCA
Dans son témoignage sur son anorexie mentale, Marie explique bien à quel point, dans son cas, la maladie s’est installée très doucement. Contrairement à d’autres personnes souffrant d’anorexie, elle n’a pas connu de perte brutale de nombreux kilos en quelques semaines ou mois seulement. En revanche, il y a eu un déclencheur très précis : l’essayage de sa robe de mariée.
« Je suis rentrée petit à petit dans l’anorexie. C’est mon mariage qui a déclenché ça, avec le fameux essai de la robe de mariée […]. J’ai essayé une robe, qui m’allait bien, mais j’étais un peu serrée dedans. La personne me dit : « Est-ce que vous voulez que je l’agrandisse un peu ? ». Je lui dis : « Non, ne vous inquiétez pas parce que, pour le mariage, je sais que je vais perdre 2 kilos, donc du coup ça va être parfait. » […]. Je me suis mise à faire attention. Et puis, en fait, c’est un engrenage qui commence. »
Marie
À partir de là, elle a perdu un petit peu de poids. Puis, elle a voulu prendre un peu de marge, en prévision de l’été. Ensuite, elle a eu besoin d’augmenter cette marge. Les réflexions positives ont commencé, validant son comportement. Pourtant, bien sûr, elle était déjà mince.
« Après, je me suis mise au sport aussi. Beaucoup de sport. Et en fait, ça m’a sculptée. Du coup, c’est pour ça, je pense, que je recevais beaucoup de compliments. C’est-à-dire que j’étais mince et j’étais musclée, mais pas au sens négatif. Je faisais entre 3 et 5 heures de sport par semaine et c’était malsain dans le sens où, si je loupais une séance de sport, c’était la catastrophe. J’étais capable de dire non à un dîner si je n’allais pas au sport, de me lever plus tôt pour aller au sport… Avant un déjeuner, il fallait que j’aille faire un petit footing […]. J’étais malade : et bien ce n’était pas grave, j’allais au sport. »
Marie
Comme de nombreuses autres personnes souffrant de cette maladie, le témoignage sur l’anorexie mentale de Marie mentionne bien ce sentiment très agréable qu’on ressent aux débuts de la maladie, notamment grâce à tous ces compliments. Cela est d’autant plus vrai que ces derniers concernent le corps, la silhouette… mais aussi le mental, valorisant la « grande volonté », le « courage nécessaire pour faire autant de sport », etc.
« Les personnes qui témoignent ici parlent souvent de cette fameuse « lune de miel » du début du trouble où il y a vraiment […] ce sentiment de puissance. »
Anne
Les premiers pas de Marie vers la guérison de son trouble alimentaire
Heureusement, son mari a joué un réel rôle dans son histoire avec son trouble alimentaire. Mangeur intuitif pour sa part, au bout d’un certain temps, il a commencé à faire de petites réflexions, gentilles et discrètes. Jusqu’à ce que…
« Il travaillait beaucoup, donc je pense qu’ils ne se rendaient pas vraiment compte. Je ne dînais pas forcément avec lui parce qu’il rentrait tard. Je pense qu’il n’en était pas trop conscient, jusqu’au jour où il m’a dit : « Je me demande si tu ne fais pas de l’anorexie. ». Et là, il a mis le mot sur la chose. Évidemment, à ce moment-là, je lui ai dit : « mais non, pas du tout… ». »
Marie
Comme dans l’immense majorité des cas, il a fallu du temps pour que l’idée fasse son chemin dans l’esprit de Marie, pour qu’elle se rende compte et accepte qu’en effet, il y avait un problème.
C’est également lui qui l’a incité à aller consulter un spécialiste.
« Je suis allée voir, sur les conseils de mon mari, une psychiatre spécialisée dans les troubles du comportement alimentaires. C’était à Paris. Le problème c’est que c’est un peu long entre « je tombe malade », « je suis consciente que je suis malade », « je vais me faire aider » et « j’ai envie de me faire aider ». Donc j’allais la voir, elle me disait plein de choses très intéressantes… mais ça rentrait par une oreille, ça sortait par l’autre et je n’arrivais pas encore à me faire aider, à l’époque. »
Marie
Comme elle l’explique dans son témoignage sur son anorexie mentale, Marie a commencé à mesurer combien la guérison et la reprise de poids allaient être progressives ! Malgré tout, même si ce n’était pas encore tout à fait le « bon moment » pour elle, ce fut bénéfique. De petits pas vers la guérison ont fini par être réalisés, lentement, mais… ils ont déménagé aux États-Unis.
« Sauf qu’après, on a déménagé aux États-Unis et en fait, je pense que, sans m’en rendre compte, ça a été un grand chamboulement dans ma vie. […] Je n’étais pas du tout malheureuse hein ! J’étais hyper contente de déménager […], je n’ai pas eu de choc culturel, je me suis tout de suite fait à ma vie américaine. Pour moi, il n’y avait pas de soucis…. mais j’ai encore perdu du poids. »
Marie
Quand elle a enfin déballé sa balance, elle s’est pesée et là, elle a vraiment réalisé le recul qui s’était opéré depuis leur emménagement.
« Je ne m’aimais pas du tout, physiquement. Je me voyais très maigre […]. Je me détestais. Dès qu’on prenait une photo de moi, je ne pouvais pas la regarder. Je me disais : « mais ce n’est pas possible, je suis squelettique ». C’est tout le paradoxe de cette maladie : tu te trouves squelettique, tu te dis qu’il faut que tu reprennes du poids, mais tu n’y arrives pas.
– C’est vraiment une illustration, entre autres, que c’est une maladie qui se passe dans la tête. »
Marie, puis Anne
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Témoignage d’anorexie mentale : le déclic de Marie et son choix de croquer la vie
Avec le covid et le confinement, son mari s’est mis a passé beaucoup plus de temps avec elle. Il a alors mieux mesuré le fait que les progrès précédemment réalisés avaient disparus. Une fois encore, il a encouragé Marie à consulter. Elle a fait le choix de reprendre contact avec la même psychiatre, grâce à la visio. C’était encore très lent, la prise de poids fut très progressive aussi, avec de nombreux paliers… jusqu’au jour où elle tomba sur une ancienne photo d’elle.
« Je tombe sur une photo de moi, plus ronde, effectivement, avec une coupe de glace énorme, avec plein de caramel, de la chantilly, etc., et un sourire jusqu’aux oreilles. Je me souviens très bien de cette photo. C’était à Cabourg, on était partis en week-end. Je me revois et je me dis : « mais ce n’est pas possible, en fait ». […] Je pense que ça a été un gros déclic. »
Marie
Avec cette photo, elle a pu réaliser qu’elle avait envie de vivre, de croquer la vie, vraiment. À partir de là, la guérison de Marie s’est accélérée même si la reprise de poids, elle, est restée lente, et c’est normal. D’ailleurs, cela fait partie des éléments qui ont compté. Dans son témoignage sur son anorexie mentale, Marie évoque cette peur de grossir, commune à tant de malades. Le fait de pouvoir constater que, même en mangeant beaucoup, elle ne prenait pas les dizaines et dizaines de kilos qu’elle redoutait, fut salutaire. Ceci étant, bien sûr, c’est véritablement un ensemble de choses qui lui ont permis de retrouver le plaisir de manger, ses sensations corporelles et une vraie joie de vivre.
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Bien entendu, il y a encore beaucoup à dire sur le chemin de guérison de Marie. Elle ne s’estime d’ailleurs pas guérie, mais en rémission ! Pour en savoir plus sur la suite de l’histoire et sur tout ce qui l’a aidée à se débarrasser de son anorexie, je vous propose d’écouter l’épisode en entier. Si votre relation avec votre alimentation est un sujet qui prend trop de place, d’une façon ou d’une autre, je vous invite à découvrir ma newsletter.
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