Bienvenue dans ce nouvel article de témoignage de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». « Je n’ai jamais faim » est un constat que Nadège a fait dès son enfance. Voyant ses camarades affamés dans la queue de la cantine du collège, elle a commencé à se questionner, jusqu’à se dire : « Non, moi, je n’ai pas faim… alors je ne vais pas manger ». Manger était devenu une perte de temps. Nadège a découvert la faim avec les envies d’aliments spécifiques lors de sa première grossesse. Mais la restriction est vite revenue… jusqu’à ce que son corps dise clairement « stop ». Quels risques y a-t-il, sur le long terme, à rester coincé avec un « je n’ai pas faim » permanent ? Comment Nadège s’est-elle sortie de cette problématique ? Je vous laisse découvrir le témoignage de sa réconciliation avec la nourriture et de son travail d’acceptation de son corps après sa prise de poids.
« Je m’appelle Nadège. Quand j’étais petite, je n’avais pas de sentiment de faim et je ne grossissais pas du tout. »
« Quand il a été question de me poser, justement, LA question : « est-ce que moi, j’ai faim ? », je me suis dit : « et bien je n’ai pas faim… je ne mange pas ». C’est devenu ma normalité et là, ça a commencé a dérapé. »
« Je ne me voyais jamais maigre. »
« La chose quand même, qui m’a fait me questionner sur le rôle de l’alimentation, c’est quand j’ai eu ma fille. »
« Il y a cette faim qui est venue. Mon corps, il a dit « non ». Il a dit : « Ce n’est pas du tout une bonne idée, de reprendre ce système de carences alimentaires et compagnie. ». J’ai commencé à avoir des migraines insupportables. J’étais incapable d’aller jusqu’aux toilettes, je rampais par terre. Là, la chute est devenue vertigineuse. Ça m’a demandé, vraiment, d’avoir de la compassion envers moi et de me dire : « Mais regarde tout ce que tu peux faire à nouveau », parce que j’ai repris du poids. »
« Il est plus question d’ignorer ce que tu dis ton corps. Maintenant, tu écoutes. C’était ça, mon truc. En prenant soin de moi et en me donnant de l’amour, je peux leur en donner encore plus à eux. »
Présentation de Nadège, qui témoigne de son rapport à l’alimentation
– Bonjour Nadège ! 😊
– Bonjour Anne !
– Je suis ravie de te recevoir dans ce nouvel épisode de « La pleine conscience du pouvoir », pour que tu apportes ton témoignage. Nadège, est-ce que tu veux bien commencer par te présenter ?
– Oui, avec plaisir ! Je suis ravie d’être là. Je m’appelle Nadège, j’ai une petite famille de 2 enfants, qui ont 10 années d’écart, et un mari. J’ai enseigné pendant un peu plus d’une dizaine d’années. J’ai arrêté il y a 2 ans. Nos chemins se sont croisés et, à un moment donné, je t’ai dit : « Ce n’est plus possible. ». C’est à cette époque-là que ma route a dévié. 😉 Je suis devenue coach. Je me suis spécialisée dans l’accompagnement des personnes atypiques-sensibles. Ce moment où nous nous sommes rencontrées a été un moment charnière dans ma vie professionnelle.
– Tout à fait. 😊 C’est vrai que je n’ai pas pris le temps de préciser comment nous nous sommes rencontrées. C’était, encore une fois, via Instagram. À chaque fois, je le dis : quel merveilleux réseau peut être Instagram pour faire des rencontres et créer du lien ! J’avais décidé de faire gagner un bilan de potentiel à une personne de ma communauté et c’est toi qui en a bénéficié. Ça t’avait permis d’éclairer un peu ta route et j’étais très heureuse d’avoir contribué à ton cheminement.
– Ce sont de chouettes souvenirs. 😊 J’ai l’impression que ça fait 10 ans, tellement il y a du moment de mouvement après ça. 😉
– Je comprends. 😉 Notre intention, pour aujourd’hui, c’est de discuter ensemble de ta relation avec ton alimentation. Elle aussi a connu pas mal de changements ! Je te laisse commencer ce témoignage comme tu le sens.
Un « Je n’ai jamais faim ! » existant dès l’enfance
– Pour commencer, je vais poser les bases et revenir à mon enfance. Elle a contribué à l’évolution que j’ai pu avoir dans mon rapport à la nourriture. Quand j’étais petite, je pouvais manger, manger, manger… mais je ne grossissais pas du tout. De plus, je ne ressentais pas la faim. Contrairement à d’autres personnes qui rencontrent cette problématique, le « Je n’ai jamais faim », pour moi, ça a commencé dès l’enfance. Tout cela m’a valu des commentaires. À l’école primaire, ça allait, car j’étais dans mon petit village. Tout le monde se connaissait. Par contre, quand je suis arrivée au collège, j’ai reçu des remarques comme : « Tu ne manges pas ! », « Tu es anorexique. », « On ne peut pas être aussi maigre que ça si on mange. », etc. C’est dans ce contexte qu’est arrivé le moment où j’ai commencé à me poser des questions. Est-ce que je fais bien comme il faut ? Est-ce que je mange bien ? J’ai commencé à me demander si je faisais bien comme tout le monde.
– À côté de ça, tes parents et ton entourage ne s’alertaient pas plus que ça ? Qu’en était-il de l’avis des médecins ?
– Non. Ma maman ne s’alertait pas parce que, pendant son enfance, elle a toujours été très maigre. Elle avait une grand-mère qui lui répétait tout le temps : « il faut que tu manges, il faut que tu te remplumes ! ». Du coup, ce n’était pas alarmant pour elle, puisque c’est quelque chose qu’elle avait vécu. Le fait qu’on l’enquiquine avec ça, ça lui avait cassé les pieds. Il était hors de question qu’elle aussi m’embête avec ça.
– Bien sûr.
– Elle ne voulait pas s’alerter alors que, pour elle, ça s’était bien passé. Parfois, une de mes grands-mères pouvait me dire des choses comme : « Vas-y, mange, tu peux… », mais ce n’était jamais insistant. En primaire, nous étions 7 du même niveau, du même âge. Forcément, je n’avais pas grand-chose comme modèles. J’avais vite fait de me dire : « C’est normal, nous fonctionnons tous d’une façon différente ». Arrivée au collège par contre, j’ai constaté qu’il y en avait pas mal qui disaient : « J’ai faim ! » dans la queue de la cantine. J’entendais beaucoup de « Oh je n’en peux plus, j’ai faim ! ». C’est une sensation que je ne connaissais absolument pas. Quand il a été question de me poser, justement, LA question : « Est-ce que moi, j’ai faim ? », je me suis dit : « Et bien non, je n’ai pas faim… donc je ne mange pas. ». C’est devenu ma normalité. C’est là que ça a commencé à déraper au niveau de mon alimentation. Il arrivait que je ne mange pas du tout le midi, à la cantine. J’avais des amis qui mangeaient à un autre horaire, donc ils avaient déjà mangé quand c’était le tour de ma classe. Je n’avais pas envie de perdre de temps sans eux, puisque je n’avais pas faim.
Des causes multiples : manger est aussi une perte de temps et d’argent
– Et oui… Déjà, il n’y avait pas ce signal physiologique, et ce d’aussi loin que tu te souviennes. Mais en plus, tu avais tellement d’autres choses à faire, bien plus intéressantes !
– Exactement ! C’est très important ce que tu dis là. C’est une phrase que j’ai dite pendant très longtemps : « quand je mange, je perds du temps ». C’était comme ça dans ma tête. Je ne voyais pas l’intérêt d’être à table, parce qu’on y perd du temps, et je l’exprimais clairement.
– Tu ne ressentais pas la faim, d’accord… mais tu ne ressentais pas non plus de manque d’énergie ni de sensation de fatigue ?
– Non. Encore que, il y a des détails dont je me rends compte au fur et à mesure de mon cheminement sur ce sujet… Il y avait, par exemple, quelque chose qui faisait beaucoup rire ma maman. Quand j’étais au lycée, je me couchais souvent très tard. Par contre, environ une fois par mois, je rentrais, je me couchais et je ne me relevais que le lendemain. J’avais besoin d’un espace de sas de sommeil. Ils ne voyaient pas, je ne mangeais pas… Je rentrais et hop, j’allai me coucher. Donc finalement, mon énergie n’était pas très stable. C’est rare que quelqu’un rentre, se couche directement, enchaîne 12 ou 14 h de sommeil et se relève le lendemain. Au lycée, de même qu’au collège, je ne mangeais pas le midi. Déjà, c’est tout bête, mais ça coûtait de l’argent et je préférais dépenser ce que mes parents me donnaient pour autre chose. Parfois, je mangeais parce que j’avais envie de faire comme tout le monde. Dans ces moments-là, c’était un plaisir de partager. Par contre, j’avais des copines qui faisaient le ramadan, donc à cette période, je ne mangeais pas. Là encore, je n’avais pas envie de louper du temps avec elles pour ce truc qui ne servait à rien.
– D’accord, ça n’avait vraiment aucune utilité à tes yeux. Ce n’était pas juste « Je n’ai jamais faim. », c’était véritablement : « Je n’ai jamais faim et ça ne sert à rien. ».
– Voilà. Je n’avais pas non plus cette conscience du potentiel danger que ça peut être de ne pas manger. J’alternais des moments où je ne mangeais pas du tout et des moments où je mangeais beaucoup, jusqu’à me créer des douleurs à l’estomac. Mon estomac avait pris l’habitude des petites quantités et quand je lui donnais une grosse, il ne savait pas quoi en faire. Du coup, ça a, en plus, enclenché cette idée que : « OK, en plus, manger, ça fait mal. ».
– Hé oui… Tu rajoutais ça à la liste.
– Là, ça commençait à faire beaucoup. Manger, ça ne sert à rien…
– Et en plus, ça fait mal. C’était une relation à l’alimentation qui devenait de plus en plus mauvaise.
– En plus, ça coûte de l’argent.
– Aussi, oui.
– À un moment, ça va bien quoi. 😉 Quand je regarde les photos, je constate que ça a été une catastrophe à cette période. J’étais vraiment très très maigre.
– Quand tu dis « à cette période-là », tu parles du lycée, n’est-ce pas ? Ça durait depuis ce moment, au collège, où tu t’étais questionnée sur la norme et sur ton comportement et ta faim à toi. C’est bien ça ?
– Exactement. En plus, au collège, il y a un suivi. Si untel n’est pas allé manger, on lui demande pourquoi. « Je ne me sens pas bien, je n’ai pas faim », on peut le dire une fois, mais pas beaucoup plus. Alors qu’au lycée, c’est terminé. Personne ne vient vérifier quoi que ce soit. Pour moi, ce fut la porte ouverte à un grand n’importe quoi alimentaire. Quand c’était la saison, j’achetais parfois une barquette de fraises, le midi. Je la partageais avec une copine et c’est tout ce que je mangeais. Et je tenais debout sans problème.
– Tu me dis si je fais erreur mais, ce que je comprends, c’est que, derrière tout ça, il n’y avait aucune intention de contrôle de silhouette, de poids ou autre. C’était vraiment une question de non-faim et de perte de temps et d’argent.
Une image corporelle biaisée et une maigreur cachée
– C’est ça. En plus, à l’époque, il y avait un problème avec mon image corporelle : je ne me voyais jamais maigre. Maintenant, je suis capable de le voir, sur les photos de mon adolescence par exemple. Sur les photos de mon mariage, je trouve que c’est une catastrophe. Si je suis maintenant capable de m’en rendre compte, c’est parce que j’ai fait un travail dessus. Mais à l’époque, je trouvais que, de toute façon, même si je ne mangeais pas, ce n’était pas grave parce que « j’avais des réserves », alors qu’il n’y en avait pas le moins du monde.
– Ton entourage, à l’époque, ne s’alertait toujours pas ? Peut-être parce que cette maigreur restait cohérente avec la constitution familiale ?
– Je pense aussi qu’inconsciemment, je savais m’habiller en fonction… C’était l’époque des bombers, par exemple. Avec ça, ça passe beaucoup plus facilement, on ne voit rien. Le blouson faisait le rembourrage à ma place. 😉
– D’accord. Malgré tout, tu utilisais des techniques de camouflages, même si tu ne voyais pas vraiment comme tu étais. Tu ne voulais pas qu’il y ait de questionnement.
– C’est l’inconscient qui agissait. J’allais plus naturellement vers des vêtements comme des pantalons en velours qui, finalement, donnent l’impression qu’il y a un peu plus de chair. Je cachais plus ou moins le fait que je manquais de kilos. J’étais en sous-poids par rapport aux courbes. Pour autant, je n’allai pas non plus chez le docteur, c’était très rare. En plus, de toute façon, mon docteur me connaît depuis ma naissance. J’avais toujours été mince, donc pour lui, ça continuait normalement.
Découverte de la sensation de faim avec la première grossesse
– Tu suivais ta propre courbe de croissance, en fait, aux yeux de ton entourage et de ton médecin. Nous en étions à ton mariage. À priori, la situation était un peu la même à ce moment-là.
– Le moment qui m’a fait me questionner sur le rôle de l’alimentation, c’est quand j’ai eu ma fille. Lorsque j’étais enceinte, je voulais qu’elle ne manque de rien. Là, du coup, je me suis questionnée. Déjà, il faut savoir que j’étais végétarienne, je ne mangeais jamais de viande. Mais, enceinte, je n’avais envie de manger que de la viande. Cette faim-là est apparue durant la grossesse.
– Ah ! C’est là que tu l’as découverte !
– Oui, mais par envie de manger quelque chose de spécifique. J’avais faim, mais j’avais envie de manger quelque chose de précis. Ça m’a interpellée, car c’était quelque chose que je ne connaissais pas. Lors de ma première grossesse, j’étais âgée de 21 ans. C’était voulu, je ne voulais pas avoir mes enfants tard. Je me suis dit : « OK, il faut qu’elle, elle ne manque de rien. ». Ça n’avait rien à voir avec moi. Après l’accouchement, j’ai continué sur la voix d’une alimentation plus respectueuse du corps parce que j’allaitais. Il fallait quand même que je remplisse certains besoins.
– D’accord : que ce soit pendant la grossesse ou pendant la période d’allaitement, c’était vraiment en lien avec elle. Il fallait, pour elle, que tu t’alimentes correctement, avec des aliments qui puissent l’aider à grandir.
– C’est ça. Je cherchais une alimentation équilibrée, pour elle. Il y a eu ce changement, dans ma tête. Je ne pouvais pas me dire que ça ne servait pas à rien.
– Ce n’était plus une perte de temps.
– Oui. Mais bizarrement, je l’ai ressenti pour ma fille, mais pas pour moi. Pour moi, ce n’était pas grave.
– C’était vraiment un… « but externe », si je puis dire.
– C’était décentré, tout à fait. Comme c’était pour elle, je le faisais. Je faisais attention. Durant la grossesse, il y a une prise de poids. Même si je n’en ai pas pris énormément, le corps change. C’est venu me questionner : « Mon corps a pris une autre forme, qu’est-ce que je fais avec ça ? Est-ce que ne pas manger suffira à retrouver la forme qu’il avait avant ? ». Forcément, non.
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Reprise de la sous-alimentation pour retrouver le corps d’avant
– D’accord, tu avais quand même cette intention de retrouver le corps d’avant.
– Oui, parce que je n’ai pas eu ces explications qu’on a maintenant sur le fait qu’après un accouchement, le ventre ne redevient pas plat du jour au lendemain. Je n’avais jamais entendu parler du fait qu’on ne perd pas tous les kilos pris durant la grossesse juste en accouchant. Il y a 20 ans, ce n’était même pas quelque chose qui était abordé en famille.
– En effet. De plus, je ne sais pas ce que tu en penses, mais je trouve qu’encore aujourd’hui, il y a une injonction à retrouver le corps d’avant. « Perdez vos kilos de grossesse », « Abdos pour retrouver un ventre aussi plat qu’avant », etc. Difficile d’y échapper !
– Tout à fait. C’est à cette période que je suis retombée dans l’idée que, si je ne mangeais pas, ça redeviendrait comme avant. Reprendre les habitudes que j’avais avant, pour moi, c’était synonyme de retrouver le corps pré-grossesse. Le « je n’ai jamais faim et manger, ça ne sert à rien » est revenu. En plus, j’avais un enfant, donc ça me faisait gagner du temps pour m’occuper de ma fille.
– Hé oui !
– Il y a toujours de bonnes excuses ! 😉
– Bien sûr… Tu cuisinais pour elle, mais pour toi, il n’y avait toujours pas besoin ?
– J’achetais la viande par 100 g, parce que moi, je n’en mangeais pas. J’étais retombée dans mon « non, moi je n’en veux pas ». Le boucher avait l’habitude. Il me préparait plein de petites portions, juste pour elle. C’est assez farfelu, quand même… Je prenais soin d’elle quand elle était dans mon ventre. J’ai toujours soin qu’elle ait une alimentation équilibrée. Par contre, je ne me suis jamais souciée du fait que mon alimentation à moi n’était pas équilibrée…
– Il y avait un truc qui ne se rejoignait pas, qui ne connectait pas.
– C’est le fameux : « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
– Oui, avec le courant : « mange, c’est bon pour toi », mais sans en prendre. 😉
Migraines, fatigue extrême… : le corps qui dit stop
– C’était vraiment ça ! Mais je ne voyais pas où était le problème. Je l’ai allaitée pendant au moins 7 mois. Ensuite, j’ai commencé à reprendre mes habitudes… mais mon corps a dit non. Il a dit : « ce n’est pas du tout une bonne idée, de reprendre ce système de carences alimentaires et compagnie, de reprendre des compléments gélule, etc. ». Parfois, on me disait : « Il faut peut-être prendre du fer, du magnésium, etc. ». Mon corps a dit non et j’ai commencé à avoir des migraines énormes, insupportables. Je n’arrivais plus à me lever. Je ne pouvais pas marcher, ma fille faisait des puzzles à côté de moi. J’étais incapable d’aller jusqu’aux toilettes, je rampais par terre. J’étais suivie par un neurologue. Ensuite, j’ai eu mon fils et elles se sont arrêtées pendant ma grossesse. Après, ça a recommencé. Je dirais donc que, pendant une quinzaine d’années, mon corps disait non, mais je ne comprenais pas pourquoi.
La recherche de réponses… ailleurs que dans la dénutrition
– Comment tu t’en es rendu compte, alors ? Tu as parlé d’une quinzaine d’années, pendant lesquelles tu vivais ces alertes… J’imagine que tu devais chercher ce qu’il se passait dans tous les sens ?
– C’est ça. Ça s’est fait par élimination. J’ai vu une neurologue, j’ai fait des scanners pour vérifier que je n’avais rien au niveau des yeux ou de la tête. Ça a été mis sur le compte des hormones, le truc facile… Les migraines, chez les femmes, c’est bien connu, ça vient toujours des hormones. 😉
– En plus, tu n’avais plus eu de migraines durant ta grossesse, ce qui venait appuyer cette hypothèse… sauf que tu avais peut-être une alimentation plus équilibrée aussi !
– Voilà. Peut-être que les hormones jouaient un petit rôle, mais je pense que je me suis aussi de nouveau alimentée de façon correcte. Mon corps était alors suffisamment nourri, donc il se disait : « c’est OK, elle n’est pas en danger de mort, donc je n’ai pas besoin de mettre des alertes partout ».
– C’est ça. « Je coupe les warnings. »
– Du coup, quand je suis retournée travailler aux 2 ans de mon fils, j’ai repris mes mauvaises habitudes. Au « je n’ai jamais faim » c’est rajouté le « je n’ai pas le temps ». Je ne mangeais pas le midi parce que j’avais plein de trucs à corriger. J’étais enseignante, donc si je ne voulais pas rentrer trop tard, il fallait corriger un maximum de trucs le midi. Je suis donc de nouveau rentrée dans cette boucle, dans cette idée que ce n’était pas grave. « C’est parce que je suis stressée, c’est parce que je suis fatiguée, c’est parce que ceci ou cela… » Tout était bon pour expliquer mes migraines, sauf me questionner sur le fait que je ne mangeais pas le matin ni le midi. Il ne me restait qu’un seul repas, le soir, mais comme j’étais fatiguée, je n’avais pas trop le courage pour ça, en général. Là, la chute est devenue vertigineuse, jusqu’au mariage. J’ai axé toute mon énergie sur le fait que ce soit joli, que ça se passe bien, que tout soit calé, etc. En plus, mon papa était malade. Mon énergie, comme tu l’as dit tout à l’heure, je l’ai remplacée sur l’extérieur. Au moment où toi et moi nous sommes rencontrées, je crois que je pesais à peine 48 kilos. Je mesure 1m58, donc j’étais déjà descendue bien bas. Je ne me pesais plus parce que j’avais peur que ça descende encore. La petite technique sympa, c’est que je ne me pesais qu’après un repas, pour cacher les dégâts. 😉 Mais c’était idiot… Une semaine avant mon mariage, j’ai perdu environ 5 kilos. J’étais tellement concentrée sur le fait que les invités soient bien installés, que les prestataires arrivent à telle heure à tel endroit, etc. que j’ai complètement oublié de manger. Là encore, je ne ressentais pas la sensation de faim. J’étais déconnectée de mon corps, et même tellement déconnectée que je ne m’en rendais pas compte qu’au-delà de la migraine, j’avais des douleurs liées à l’endométriose. Je n’avais même pas remarqué qu’elle était là. Ce qui fait que, quelques mois après le mariage, j’étais en dénutrition sévère. C’est ce qui était écrit. Avec tout ça, les douleurs de l’endométriose se sont vraiment réveillées et je n’arrivais même plus à marcher correctement. Je ne pouvais plus faire 100 m. Là, le corps a vraiment dit « stop, c’est fini ».
– Oui, c’étaient de sacrés warnings…
– Je n’ai rien écouté. J’avais peut-être cette éducation du « il faut souffrir pour être belle »…
Une hypersensibilité au toucher qui complique l’écoute de son corps
– Tu as beaucoup parlé de cette non-connexion au corps qui faisait que, depuis toute petite, tu ne ressentais pas la faim. Pourtant, cette déconnexion n’allait pas jusqu’à nier la douleur, puisqu’elle était forte et présente… Tu veux bien nous expliquer ça un peu plus en détail ?
– J’ai eu un suivi psy, un médecin de la douleur, etc. Nous nous sommes notamment penchés sur mon hypersensibilité au toucher. Pour moi, chaque contact peut être douloureux. Par exemple, quand quelqu’un m’attrape le bras : j’ai un bleu. Comme j’avais cette habitude que la douleur fasse partie de mon quotidien, pour moi, ce n’était pas grave.
– D’accord, c’était normal…
– C’est ça. Le rapport que j’avais à mon corps, c’est qu’il était une douleur. Du coup, plus ou moins mal… ça ne faisait pas grande différence.
– Il n’empêche, pourtant, quand dans cette période post-mariage, ton corps hurlait tellement de douleur que tu étais quasiment immobilisée. C’est bien ça ?
– Oui. Même encore maintenant, je ne peux pas refaire de vélo. C’est le seul truc que je n’arrive pas à refaire. Ça m’a demandé un effort, mais j’ai renoncé et je l’ai revendu. Ça faisait 4 ans que j’avais eu mon vélo en cadeau et que je me disais que j’en referai et que je n’allai pas le revendre. Mais c’est tellement difficile pour moi… ça me fait mal pendant une semaine après. Ça me donne une démarche de femme en fin de grossesse. 😉 Vendre ce vélo m’a vraiment demandé d’avoir de la compassion envers moi et de me dire : « regarde tout ce que tu peux faire, à nouveau »… parce que j’ai repris du poids.
L’arrêt des médicaments qui permet la reprise de poids
– Raconte-nous, justement. Tu en étais à la période post-mariage. Est-ce que c’était vraiment là le creux du creux de la vague ?
– Oui. C’est le moment où je me suis faite coacher parce que je voulais changer de boulot. Je ne pouvais plus supporter mes journées avec les enfants. J’avais mal à la tête tout le temps, tout le temps. J’avais des crises de douleurs qui duraient 3 ou 4 jours, qui se répétaient 3 ou 4 fois dans le mois. Il restait vraiment très peu de jours sans douleur insupportable. Ce n’était plus possible. J’ai essayé le mi-temps, le mi-temps thérapeutique, mais rien n’allait. Je crois qu’en fait, mon corps me disait : « Tu ne veux pas m’écouter, alors que je te préviens depuis des années et des années… Maintenant, tu vas tout stopper et tout remettre à plat. ». Il était temps, vraiment, de regarder tout ce qu’il se passait et d’arrêter de prendre un traitement, et un autre à cause des effets secondaires, puis encore un autre, etc. J’en étais là. La douleur me causait de la fatigue, la fatigue causait un état dépressif, qui entraînait une anxiété généralisée, ainsi de suite. À la fin, j’en étais arrivée à prendre 9 médicaments. J’ai fini par admettre : « ça ne va plus ». À partir du moment où nous avons fait ce bilan ensemble, j’ai réalisé que ce n’était plus possible, que je n’en pouvais plus. J’avais l’impression qu’il fallait que tout s’arrête, sinon j’allai mourir. Mais mon papa était à la fin de sa vie, à ce moment-là. Du coup, je me suis dit que je ne pouvais pas lâcher alors que lui, il ne lâchait rien, il allait jusqu’au bout et il avançait, même s’il se savait en fin de vie. Je me suis dit que moi, il n’y avait pas de raison que je lâche.
– C’était une sacrée leçon ! Je ne sais pas si tu approuves le terme.
– Oui. C’était un cadeau aussi, qu’il m’a fait, de nous permettre de l’accompagner et de réaliser qu’il faut tout mettre en place pour être heureux et profiter de tout ce qu’il se passe autour de nous.
– C’est une belle leçon de vie. 😊
– Mon quotidien était un micmac. Je passais la moitié de mon temps à l’école, car j’étais à mi-temps. Je partageais le reste de mes journées entre l’hôpital pour moi et l’hôpital pour mon papa. Et j’avais mes 2 enfants et mon mari. Il fallait rééquilibrer tout ça. Ce qui m’a permis de reprendre du poids, c’est le jour où j’ai remis les clés de l’école et où j’ai dit à mon mari : « j’arrête tous les traitements ».
– Dis donc, c’était une sacrée décision !
– Oui. J’ai pu la prendre parce que je n’avais plus cette notion de « je ne peux pas me le permettre ». Avant, j’avais des classes de 30 enfants, donc me dire « peut-être que je serais capable… ou pas » n’était pas envisageable. Le « ou pas » ne pouvait pas exister. J’avais une classe dans une école isolée, donc je ne pouvais pas me permettre de prendre le risque de tout arrêter et de peut-être ne pas assurer. Quand j’ai pu lâcher là-dessus et décider d’arrêter mes traitements, j’ai échangé avec le neurologue, le médecin de la douleur, le gynécologue, etc. pour ne garder que le minimum. J’ai conservé ce qui concernait l’endométriose. Pour le reste, je me suis dit : « je vais faire avec ». Pour tout ce qui était relatif aux migraines, il s’est agi de m’écouter, de me reconnecter à mon corps, de faire de la méditation, des scans corporels, etc. Il fallait écouter. Qu’est-ce qu’il se passe là-dedans ? J’ai aussi fait de la sophrologie, au centre anti-douleur. Ça m’a beaucoup aidé à aller voir en moi ce dont il s’agissait. Grâce à l’arrêt des traitements, à l’écoute de mon corps et à cette découverte de ce que je voulais vraiment, mon corps a pu commencer à s’installer tranquillement.
– « Ça y est, c’est bon, c’est mon tour… » 😉
– « J’ai le droit d’exister. », c’est vraiment l’impression que ça m’a fait. « Je peux prendre ma place ! J’y vais ! » J’ai stabilisé mon poids depuis cet été. Ça fait 2 ou 3 mois qu’il ne fait plus de yoyo. Je suis très très loin de la maigreur dans laquelle j’étais, mais les gens ne comprennent pas, quand je leur dis « j’ai du poids en trop ». Ils me regardent et me disent que non…
Le travail d’acceptation face à un corps qui change… mais qui va mieux
– Ta référence est tellement… j’ai envie de dire « brouillée ». Je ne sais pas si tu es d’accord avec ce terme ?
– J’allai dire « dans les choux », moi. 😉 C’était tellement surréaliste. Ce que je voyais comme étant la normalité, c’était une grande maigreur, en fait. À ce sujet, tu m’as fait rire, sur ton compte Instagram. En story, tu as mis côte à côte à côte un mannequin avec un corps classique et un autre beaucoup plus mince, comme on en voit depuis des années… Là, je me suis dit : « Ah mais mince, en fait, je préfère le corps qui a des formes ! ». J’ai réalisé le chemin parcouru, parce que je n’aurai jamais dit ça il y a 5 ans. 😉
– Tu es dans un changement des représentations du corps, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur de toi.
– Oui. J’ai encore besoin de beaucoup travailler pour accepter mon corps tel qu’il est. J’ai des formes. Il y a des zones que j’ai besoin de tonifier… mais comme je ne pouvais pas faire de sport, c’était impossible. C’est une acceptation de tous les jours. Ce n’est pas encore gagné. Parfois, j’ai encore des pensées telles que « je suis grosse », parce qu’entre ma garde-robe actuelle et celle d’il y a 4 ans, forcément, il y a un décalage. En plus, il y a un long moment où on ne pouvait pas acheter, et donc je ne rentrais plus dans mes vêtements. C’était compliqué pour moi, de me dire qu’il allait falloir acheter d’autres vêtements. Comme pour le vélo, il y a une notion de renoncement. Tant qu’il y a une petite voix qui nous dit : « mais peut-être que… », on n’avance pas véritablement.
– C’est tout un deuil à faire, en fait.
– C’est ça. Je dois faire le deuil de l’image que j’avais de moi.
– En même temps, je me souviens de ce que tu disais tout à l’heure, au sujet des photos de ton mariage, par exemple. Maintenant, en te regardant, tu peux te dire : « wouha, j’étais quand même très maigre ! ». C’est une avancée.
– Oui. Ça aussi, ce fut un chemin à faire. Je trouve qu’on n’en parle pas assez, mais, pour moi, ce qui est vraiment le plus difficile, c’est de se réapproprier son corps. Ce n’est pas tant de perdre ou de gagner du poids… Je n’aime pas dire « prendre du poids », je trouve ça moche. 😉
– Tu préfères « gagner »… et tu as raison, ça peut être un sacré combat !
– Pour moi, c’est une victoire. Bon… la victoire a peut-être un peu dépassé les espérances. 😉 Mais ça revient tranquillement, ça se cale et j’ai un poids avec lequel la douleur a diminué. Je peux faire beaucoup plus de choses. Cet été, nous sommes allés au zoo de Beauval. Nous avons marché 13 km et je n’ai pas eu mal. J’étais hyper heureuse ! Avant, j’étais au bout de ma vie en 100 m.
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- Se réconcilier avec son corps | Le témoignage d’Hélène
Le rapprochement entre le manque d’alimentation et la douleur
– Justement, j’allai te demander à quel moment tu as vraiment fait le rapprochement entre ton alimentation et ton poids d’un côté, et la douleur de l’autre ?
– Quand j’ai changé de médecin traitant, déjà. Il ne voyait pas le problème, puisque j’avais toujours été très maigre. J’ai fini par me dire que j’allai changer de médecin parce que, pour moi, il y avait bien un problème. Ce n’est peut-être pas terrible, mais un médecin m’a dit : « et bien il va falloir manger ».
– Hé oui, tout simplement… 😉
– Sur le moment, je n’étais pas contente. En sortant, j’ai dit à mon mari : « J’ai mal et tout ce qu’il me répond, c’est : « il va falloir manger » ! Pour qui il se prend ? ».
– Lui a tout de suite fait le rapprochement.
– Et oui, puisque j’étais en dénutrition. Au vu de la prise de sang, il était évident pour lui qu’il fallait que je mange. En plus, après, il a rajouté qu’il allait falloir manger de la viande. C’était encore plus catastrophique. Ce n’est pas un médecin qui se penche sur les aliments qui contiennent des apports similaires à ceux de la viande. Ce n’est pas son domaine. Au fil du temps, j’ai fait comme une relecture du tout ça, et maintenant, je vois son conseil autrement. Je pense qu’il faut plutôt le comprendre ainsi : « Maintenant, il va falloir faire de la place pour tous les aliments et trouver un équilibre. C’est bien beau de manger des pommes et des tomates, mais il va falloir manger autre chose que ça. ».
La renutrition et la mise en place d’un cadre, avec écoute et autocompassion
– Justement, j’allai aussi te demander comment s’est passée cette renutrition ? As-tu été accompagnée par un professionnel ?
– Non. Déjà parce que j’adore me renseigner sur plein, plein de choses. Par ailleurs, il y a des moments où je sens que c’est OK et que je peux y aller. À l’inverse, il y a des moments où ça m’énerve, ça m’énerve… Je sens une espèce de « il y a des choses que tu ne vas pas supporter, parce que tu n’es pas encore prête à les entendre ». C’est ce qu’il s’est passé lorsque le médecin m’a dit qu’il allait falloir manger. Je n’étais pas prête à me faire accompagner par quelqu’un d’autre parce que je savais que c’est plus facile de diriger ma colère vers quelqu’un que vers moi-même. J’ai eu besoin de me dire : « OK, maintenant, tu reprends les choses en main ». C’est tout bête, mais j’ai dû instaurer des habitudes comme manger quand mon mari mange le midi. Là, du coup, je suis obligée. Lui, il ne va pas sauter le repas. Il a des horaires décalés, mais même s’il est de nuit, lorsqu’il se lève à midi, il mange. Comme je travaille de chez moi, j’ai aussi pris l’habitude de prendre un petit-déjeuner en même temps que mon fils avant de l’amener à l’école. Le soir, pareil, je mange avec mon fils.
– En fait, tu t’es posé un cadre.
– C’est ça. L’idée, c’était de me dire : « même si je ne mange pas beaucoup, je suis à table et je passe un moment agréable ». Manger avec mon mari le midi, c’était du temps que nous n’avions pas, avant. J’étais la tête dans le boulot et nous n’avions pas ce temps à 2. Le matin, je déjeune d’un côté et mon fils de l’autre. Je ne supporte pas qu’on me parle le matin et lui n’aime pas ça non plus. 😉
– Comme ça, vous êtes chacun dans votre coin.
– Oui, mais on mange quand même notre petit-déjeuner en même temps. Nous ne sommes pas au même endroit, mais on le fait ensemble malgré tout, d’une certaine façon. J’en fais quelque chose d’agréable.
– Oui, je comprends. 😊 Est-ce que la sensation de faim est revenue alors, finalement ?
– Quand je me suis décidée à l’écouter, oui. Elle devait être là, en fait, mais je n’avais pas du tout envie de l’entendre. J’ai notamment ressenti qu’il se passait des trucs dans mon corps quand j’ai commencé à pratique la sophrologie. Avant ça, je pense que je n’étais pas prête à l’entendre. Je pense que mon « je n’ai jamais faim » était, d’une certaine façon, un « je n’ai pas envie de savoir si j’ai faim ni d’écouter mon corps ». Mais je me dis que si je n’avais pas eu toute cette période-là, je ne serais pas telle que je suis en ce moment. Je ne serais pas consciente de ce qu’il se passe en moi. Ce sont mes expériences de vie qui m’ont fait reconnecter à moi-même, petit à petit, et c’est une belle histoire aussi.
« Je n’ai jamais faim » : le mot de la fin de Nadège
– Je suis en train de me dire que ça ferait une belle conclusion. 😉 Nous arrivons bientôt à la fin de cet entretien. Cependant, je ne vais pas passer à côté de mon habituelle question… Y a-t-il quelque chose que nous n’avons pas encore exploré, quelque chose que tu aimeras rajouter ? Quel serait ton mot de la fin ?
– Je pense qu’il y a une chose sur laquelle nous n’avons pas appuyé, c’est le fait de s’aimer tel que nous sommes. On est toujours en train de chercher des références ailleurs. Sans arrêt, je cherchais les besoins des autres, au lieu de me demander ce qui me rend heureuse et comment je peux me donner de l’amour et du respect. Je n’aurai jamais sous-alimenté un de mes enfants de la façon dont je me suis moi-même sous-alimentée. Je donnais aux autres sans me demander ce que je pouvais me donner à moi-même. Il faut oublier cette idée qui veut que ce soit égoïste de penser à soi. Non, ce n’est pas égoïste. Pour moi, c’est parti d’un « je n’ai jamais faim » avec lequel je n’écoutais pas les besoins de mon corps. Puis, s’en est arrivé à un point que la douleur était telle que je ne pouvais plus m’occuper de ma famille. En prenant soin de moi et en me donnant de l’amour, je peux leur en donner encore plus à eux.
– On retrouve la fameuse métaphore du masque à oxygène dans l’avion. Je ne sais pas si tu la donnes, toi aussi, aux personnes que tu accompagnes.
– C’est exactement ça ! Je pensais que j’étais suffisamment forte pour ne pas du tout m’occuper de moi tout en ayant assez d’énergie pour les autres. Mais ça ne marche pas.
– Tu as même dû aller loin pour t’en rendre compte…
– Tout à fait. Je me dis que, quelque part, si j’avais écouté les alertes il y a 20 ans, puisque ma fille aura 20 ans en avril, j’aurais quand même beaucoup gagné en sérénité dans ma vie. Je n’aurai alors pas eu toute cette période de stress, d’angoisse, de burn-out, etc.
– En même temps, comme tu le disais tout à l’heure : même si c’est difficile de se le dire quand on est dedans, c’est aussi « grâce à » ça que tu es ainsi aujourd’hui. Avec le recul, tu peux aussi dire ça, réalisé tout ce que tu as appris.
– Avec le recul, oui. Il n’y a pas longtemps, j’ai rigolé quand ma fille m’a dit : « Je ne sais pas comment vous faites, pour être toujours heureux… ». Elle est en pleine adolescence, avec toutes les turbulences que ça implique… Dans ce contexte, pour elle, ce n’est pas concevable d’avoir toujours le sourire. 😉 Mais je suis passée par des moments tellement difficiles que maintenant, beaucoup de choses qui en rendraient d’autres tristes me passent à 10 000 au-dessus de la tête. On peut considérer que j’ai l’air de vivre au pays des bisounours… Mais, en fait, la douleur m’a accompagnée pendant si longtemps que maintenant, tout est léger à mes yeux. Tout ça m’a permis de pouvoir me déconnecter de toutes ces « broutilles ». Maintenant, je peux me dire que plein de choses ne sont pas graves.
– Ton histoire te permet de beaucoup relativiser.
– C’est ça. 😊
– Je te remercie beaucoup, Nadège, pour tout ce que tu as partagé avec nous pendant cet entretien. Où est-ce que les personnes qui le souhaitent peuvent te contacter ?
– Le plus simple, c’est sur mon compte Instagram. J’échange avec plaisir avec ceux qui m’envoient des messages. Je propose facilement des petits temps pour s’appeler, même si ça n’a rien à voir avec le coaching. N’hésitez pas à m’envoyer un message en me signalant que vous avez écouté le podcast d’Anne et que vous avez envie d’échanger sur telle ou telle thématique. 😊 J’aime beaucoup échanger ! Je pense que mon partage viendra nourrir certaines personnes, mais aussi que chaque petit morceau qu’on peut me redonner, ça me nourrit et me permet d’avancer encore, moi aussi.
– C’est un beau cercle vertueux. 😊 Je te remercie encore et je te dis à bientôt !
– Merci beaucoup !
*
Si « je n’ai jamais faim » fait partie de votre quotidien aussi, j’espère que cet article de témoignage vous aura apporté une aide. La perte d’appétit et la perte de l’envie de se mettre à table peuvent avoir de multiples causes. Dans nos vies bien remplies, on peut facilement avoir le sentiment que c’est une perte. Cependant, il est important de garder en tête que le corps a des besoins et que, lorsqu’il s’exprime, il a généralement une raison de le faire. 😉 Pour celles et ceux qui désirent aller plus loin, je vous propose de découvrir :
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