Hypnose et perte de poids, une autre voix | Témoignage d’Emélie

Bienvenue dans ce nouvel article de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Je vous propose de découvrir le témoignage d’Emélie, qui va nous parler hypnose et perte de poids… mais sans pour autant vanter les mérites de l’hypnose pour maigrir. Il s’agit plutôt (vous commencez peut-être à connaître mon podcast 😉) de se réconcilier avec la nourriture et de faire la paix avec son corps et avec son image corporelle. J’ai eu la chance de l’accompagner dans ce processus avec la première version de mon accompagnement Indépendance Cannelle. Emélie a connu des injonctions à la minceur dès l’enfance. Elle a enchaîné les pertes et reprises de poids pendant 15 ans, alternant de fortes restrictions et des périodes de compulsions. En 2020, à la suite d’un énième yoyo, elle a pris conscience que ce n’était tout simplement plus possible pour elle de continuer ainsi. Dans cet article de témoignage, vous découvrirez le lien qu’elle fait, en tant qu’hypnothérapeute ayant souffert de troubles du comportement alimentaire, entre hypnose et perte de poids. Elle partage également son désarroi, que tant d’autres rencontrent, en comprenant que son rapport à l’alimentation était problématique… sans pour autant savoir comment faire pour en sortir. Elle terminera enfin par l’importance, à ses yeux, de ce que nous transmettons aux enfants et aux adolescents.

« Je suis Emélie Terret, j’ai 38 ans et j’ai 2 enfants. Très jeune, mes parents ont commencé à me trouver trop ronde. Vers 18/19 ans, j’ai fait mon premier régime. »

« Sur 15 ans, j’ai dû perdre 150 kilos et en reprendre tout autant. Je me mettais à ne plus manger du tout pendant X temps, puis à manger énormément pendant X temps. »

« J’étais persuadée que le fait de ne pas faire attention allait forcément me faire exploser puisque ça m’était déjà arrivé 20 fois ! »

« Tu sais, c’est encore plus difficile quand tu te rends compte qu’il y a un problème. Tu ne sais pas comment faire. Ce moment de prise de conscience, c’est comme si j’avais sauté sans parachute… »

« Ce qui m’a aidée, moi, à ce moment-là, ça a été de me dire « je lâche ». Là, on a commencé à travailler ensemble, jusqu’au moment, lors d’une séance où je t’avais dit : « Je ne peux plus. Je ne veux plus aucune restriction ». »

« Cette paix intérieure, elle laisse plein de place à d’autres trucs ! »

« Mon corps, je me rappelle toujours de ce à quoi il me sert : à être moi et à vivre. Pour ça, je ne le remercierai jamais assez. »

Le début des troubles alimentaires dans l’environnement familial

– Bonjour Emélie !

– Bonjour Anne !

– Je suis vraiment ravie de recevoir ton témoignage dans mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Nous nous connaissons un peu, puisque tu as suivi la toute première version de mon accompagnement Indépendance Cannelle, fin 2020 et début 2021. Tu fais partie des pionnières parmi les pionnières. 😉 En plus, géographiquement, nous ne sommes pas très loin… Pour l’instant du moins, puisque tu vas bientôt quitter l’Essonne. Tu es donc venue jusqu’à Dourdan pour que nous enregistrions cet épisode de podcast, traitant d’hypnose et perte de poids. Je te remercie d’avoir fait ce trajet et de venir témoigner ici de ton parcours avec l’alimentation. Emélie, est-ce que tu veux bien commencer par te présenter ?

– Merci à toi de me recevoir, Anne. C’est vraiment chouette ! 😊 Ces échanges sont toujours intéressants et importants pour moi. Pour me présenter, je suis Emélie Terret, j’ai 38 ans et j’ai 2 enfants. Je suis hypnothérapeute et j’exerce aujourd’hui à Gif-Sur-Yvette. Je déménage prochainement à Saint-Aubin-de-Médoc, au nord-ouest de Bordeaux.

– C’est un grand changement qui va avoir lieu avec ce déménagement, pour toi et ta famille ! Emélie, comment souhaites-tu parler de ta relation avec ton alimentation ? Est-ce que l’ordre chronologique habituel te convient ?

– Oui, ça me va. 😊 Le rapport à l’alimentation a toujours été un sujet pour moi, au fil de ma vie. Quand j’étais enfant, vers une dizaine d’années, mes parents ont commencé à me trouver trop ronde. Je ne trouve pourtant rien de dramatique quand je regarde les photos ou les courbes des normes… Je n’ai pas souvenir d’avoir eu un médecin qui m’ait dit que j’étais trop ronde. Personne ne me l’a dit… sauf mes parents. Cependant, il faut savoir que j’ai 2 frères et qu’ils étaient très très sportifs. Ils faisaient du judo à haut niveau, mais moi, je n’étais pas du tout sportive. Ça, ce n’était pas du tout accepté par mes parents. Ils voulaient que je fasse du sport. Pour donner un exemple : en classe de 4e, mon Papa m’a inscrite de force à l’option sport… Ça illustre à quel point c’était important pour eux que j’en fasse. En plus, à cet âge, j’étais adolescente, donc je grandissais, j’avais des fringales, j’avais faim… Mais je fais partie de cette génération qui devait finir son assiette, par exemple. Du coup, dès cette période-là, j’ai rapidement commencé à avoir envie de perdre du poids. J’en avais d’autant plus envie que j’ai des formes. Je suis faite de cette manière, avec des fesses rondes, du ventre, des hanches…

– Et puis tu étais une jeune fille et non pas un jeune homme. Par rapport à tes frères, qui étaient de jeunes hommes, et athlétiques en plus, tu étais forcément différente.

Le premier régime et les années de yoyo de poids

– C’est ça, j’étais différente. J’étais l’aînée aussi. Ce rapport au corps était compliqué pour moi parce que je me sentais différente de la famille. J’avais le sentiment de ne pas rentrer dans les clous. En grandissant, j’ai très vite quitté la maison parce que j’en avais besoin. Vers 18/19 ans, j’ai fait mon premier régime. C’était un régime hyperprotéiné prescrit par un médecin nutritionniste. Sauf que…. c’était dégoutant !

– C’était un régime hyperprotéiné avec les fameux sachets de poudre, c’est ça ?

– Exactement, c’était avec les espèces de poudre. Cette période de restriction a rendu mon rapport au corps encore plus compliqué. Je n’ai plus exactement les dates et les délais en tête… Mais, il y a quelques années, j’avais fait un calcul. Il en résultait que, globalement, sur 15 ans, j’ai dû perdre 150 kilos et en reprendre tout autant.

– Ah oui !

– J’ai toujours fait de très très grands yoyos.

– Oui, ce devait être des pertes de poids drastiques.

– Je perdais 10/15 kilos à chaque fois, et j’en reprenais 20, j’en reperdais 20, etc.

– Et cela sur des périodes courtes ?

– Oui. Je suis connue pour être une personne assez vive. J’aime bien quand ça va vite et je suis très passionnée. Pour les régimes, je faisais tout à fond, c’est-à-dire que je me mettais à ne plus manger du tout pendant X temps, puis à manger énormément pendant X temps. Ces périodes, au départ, étaient très rapides. C’était, par exemple, 3 mois où je ne mangeais plus, 3 mois où je mangeais énormément, 3 mois où je ne mangeais plus, etc. Au fur et à mesure, elles se sont allongées. Ça devenait quand même de plus en plus difficile avec l’âge. Il y a eu plein d’étapes. Je me souviens par exemple qu’à un moment, j’ai commencé à avoir des douleurs au niveau du ventre.

– Ce que nous pouvons comprendre, avec cette maltraitance alimentaire…

– Là, j’ai vu une naturopathe, qui m’a conseillé de supprimer le gluten et le lait de vache. Ça a bien fonctionné, en soi !

– Tu n’avais plus mal au ventre ?

hypnose et perte de poids

Les grossesses, entre restriction et compulsions alimentaires

– Non, mais je me suis quand même rendu compte que ça rajoutait une contrainte. Puis, j’ai donné naissance à mes 2 enfants. Je vais donner un exemple pour illustrer mon rapport à l’alimentation avant la naissance de mon premier. J’ai eu la malchance d’attraper la toxoplasmose lors d’une grossesse juste avant celle de mon fils et j’ai perdu le bébé à 3 mois et demi de grossesse. Ce fut très douloureux… et ça a réveillé des troubles alimentaires. Je n’arrivais plus à manger. Je ne mangeais plus que certaines choses, sous certaines conditions, si bien que j’ai commencé la grossesse de mon fils à 75 kilos environ et je l’ai finie à 66 kilos.

– Ah oui, effectivement ! Ce que tu veux dire, c’est que tu n’autorisais pas à manger certaines choses de peur d’attraper quelque chose qui serait nuisible pour ton bébé, c’est bien ça ?

– Ça, c’était ce qui paraissait. C’était ce que je (me) disais. Mais ce que je crois, c’est qu’à l’intérieur, ça a réveillé d’autres troubles qui me disaient : « Il ne faut absolument pas que je me prenne trop de poids. C’est bien, j’en perds un peu, mais je m’arrondis au niveau du ventre. Je peux mettre de jolis shorts de grossesse en 36 »… Ça a mélangé les 2 troubles. C’est important pour moi de dire ça. Quand on a des soucis de santé ou des événements de ce genre, il peut y avoir des actions qui peuvent paraître banales, comme supprimer le gluten ou le lait de vache, arrêter la viande, etc. mais qui, en fait, peuvent réveiller des troubles alimentaires. C’est OK de manger avec ces règles dans un certain cadre, je n’ai pas de problème en soi avec le fait de vouloir supprimer le gluten ou d’autres types d’aliments. Mais il faut avoir conscience que ça peut réveiller des troubles. Cette histoire de grossesse m’a marquée parce que j’ai perdu du poids pendant toute la grossesse. Mais elle m’a aussi marquée parce qu’après la naissance de mon fils, il ne dormait pas, j’ai allaité et je faisais partie de ces femmes qui avaient faim.

– Ce qui est logique !

– Bien sûr ! Du coup, j’ai repris du poids. Question estime de moi, c’était compliqué aussi, du coup. J’ai la chance d’être mariée et d’avoir un mari très bienveillant et accueillant là-dessus, donc ça a été. Mais ce fut quand même beaucoup d’émotions qui se sont bousculées.

– Et accumulées aussi, j’imagine.

– Oui. J’ai également ressenti énormément de stress pendant cette grossesse. Je ne connais pas grand monde ayant perdu 6 kilos pendant sa grossesse, et qui, du coup, en a perdu 12 après avoir accouché…

–  Non, en effet. Les médecins ne s’alertaient pas de cette perte de poids ? Comment géraient-ils ça ?

– Ils ne sont pas alertés, non. Bébé grandissait bien, donc ils me disaient que : « Tout va bien, vous étiez en surpoids avant donc tout va bien. ».

– Ah oui d’accord… C’était presque « tant mieux pour vous », en fait…

– Même mon médecin m’encourageait ! À un moment, je me suis quand même inquiétée, je me suis dit que « mince, ce n’est quand même pas normal… » et j’en ai parlé à mon gynéco. Mais il m’a répondu : « Non non, bébé grandit bien, tout va bien. Il y a des femmes qui perdent du poids pendant leur grossesse, ça arrive. ». Ce n’était pas inquiétant pour eux.

– C’est-à-dire que tant que bébé va bien, maman va suivre.

– Exactement. Mon fils pesait 3,4 kilos à la naissance, à 3 semaines du terme, donc il n’y avait pas d’inquiétude à avoir. De plus, je ne suis pas arrivée en sous-poids non plus. C’est sans doute plutôt ça qui aurait pu être surveillée, si c’était arrivé. Ce qui me surprend, moi, par rapport à ça, c’est le rapport à l’alimentation de mon fils, qui est quand même assez particulier aujourd’hui. Il ne mange pas beaucoup. Causalité ou observation…? Mais pour le moment, il n’a encore que 8 ans et il n’a pas de difficulté là-dessus. Ça reste quelque chose de sensible et nous sommes vigilants, mais ça va. Pour ma seconde grossesse, quand je suis tombée enceinte de ma fille, à contrario c’était plutôt « la vie est belle ». J’ai profité à fond ! Mais ce n’était quand même pas sain. Je mangeais beaucoup, beaucoup, avec des pensées telles que : « je me suis restreinte pendant ma première grossesse, je ne vais pas me restreindre pour celle-là ». Du coup, j’ai pris beaucoup de poids, mais en même temps, c’était une grossesse…

– Je lisais justement il y a peu quelques posts sur Instagram sur cette autorisation conditionnelle de manger pendant la grossesse. Ça parlait des femmes qui se disent : « Pendant la grossesse, c’est OK d’avoir un gros ventre, c’est même valorisé ! Alors allons-y ! », ou encore le fameux : « C’est pour le bébé ! ». Il y a vraiment une notion de permission conditionnelle de manger, avec un esprit de se lâcher, mais dans l’optique de se reprendre à la fin, comme un long dernier repas avant le régime. C’est bien ça que tu décris ?

– Oui. Mais j’ai allaité ma fille très longtemps, pendant 2 ans. Le phénomène fut le même que pour mon fils : j’avais faim, j’avais faim ! Et puis j’ai eu 2 enfants en 20 mois…

– Ah oui, les naissances de tes enfants sont très rapprochées !

– Oui, donc c’était très sport ! En plus des grossesses rapprochées, j’avais 2 enfants qui avaient tous les 2 besoin d’attention, qu’on s’occupe d’eux, qui dormaient peu tous les 2, qui se réveillaient énormément, etc. À l’époque, j’étais manager dans une grosse boîte, donc je travaillais beaucoup, en plus de peu dormir et d’avoir des enfants en bas âge. C’était vraiment sport et je mangeais beaucoup pour compenser. J’avais faim tout le temps. J’avais beaucoup de compulsion aussi… Elles existaient depuis le moment où je suis partie de chez mes parents. J’en avais aussi avant, mais ce n’était pas aussi intense que ça a pu l’être après.

Le dernier régime et la vente de produits de minceur

– Ça me fait repenser à ce que tu nous décrivais de ces périodes où tu ne mangeais pas. Cette alternance de restriction et de compulsion avait toujours existé, n’est-ce pas ?

– C’est ça, tout à fait. Ensuite, il y a eu une grosse étape en 2018. Ma fille avait 2 ans, j’avais envie de perdre du poids et j’ai refait Weightwatchers©. J’avais déjà fait ce régime 3 ou 4 fois avant, je connaissais ça par cœur. J’ai donc resuivi ce programme et ça a super bien marché ! J’ai perdu 25 kilos. J’ai fini et je crois que c’est important d’en parler, par un accompagnement avec un MLM. Il y en a qui vendent des produits de régime.

– Précisons peut-être ce qu’est un MLM ?

– C’est du marketing de réseau, comme Tupperware© par exemple. Les vendeuses créent du lien avec nous, pour pouvoir nous accompagner et ça répondait à mon besoin, qui était celui de continuer à perdre du poids. Ensuite, j’ai pris une licence chez eux et je suis devenue vendeuse pour proposer leurs produits à mon tour. Bien sûr, nous proposons les produits qui correspondent à ce que nous montrons.

– Et oui… Je vois où tu veux en venir. 😉

On rentre dans un système qui nous fait nous montrer, nous qui perdons du poids et qui mettons en place des choses pour ça. Ainsi, nous donnons envie aux personnes qui nous regardent de perdre du poids et d’acheter les produits. Je crois que cela a encore amplifié le phénomène chez moi. Je me montrais perdre du poids et j’observais cette réaction ultra valorisante : « Wouahou ! Tu es belle ! Tu m’inspires ! »… Sauf qu’en fait, quand j’ai commencé à prendre du recul là-dessus, j’ai réalisé que j’étais retombée dans des restrictions fortes, très fortes. Dans ma famille, on aime bien manger, faire l’apéro, etc. Et je ne parle pas d’alcool, mais de moments festifs où on grignote ce qui se trouve sur la table. Ces moments-là devenaient angoissants, du coup. À l’idée d’aller au restaurant, je ne mangeais pas ou très peu pendant les 2 jours avant. Je ne prenais que des fruits et des légumes parce que ce repas-là, au restaurant, était important. Au final, je n’en profitais même pas puisque j’étais dans l’angoisse à l’idée de prendre des kilos. À cette époque, j’étais persuadée que le fait de ne pas faire attention allait forcément me faire exploser puisque c’était déjà arrivé 20 fois ! Et j’exagère à peine.

– Bien sûr… Si tu lâchais la restriction qui était en place, il y aurait forcément cet effet rebond.

– C’est ça. J’avais une peur panique de ces situations et elles venaient alimenter cette partie de moi qui voulait absolument maîtriser. Je crois qu’il y avait de ça, il y avait une part de besoin de contrôle.

– Oui, je vois bien à ta gestuelle que c’était serré, très crispé.

Hypnose et perte de poids : changement de métier et de façon de voir les choses

– À la même époque, je vivais du harcèlement au travail. J’étais en dossier CHSCT pour risque psycho-social au travail. Toujours à la même période, j’ai découvert qu’hypnose et perte de poids pouvaient aller de pair… J’en ai donc fait dans ce but, histoire de tout maîtriser de partout. 😉 Mais, ce qui fut positif dans cette période, c’est que j’ai découvert l’hypnose. J’ai décidé de m’y former et là, ça a comme tout ouvert. J’ai compris plein de trucs. J’ai commencé à comprendre que mon mécanisme n’était pas le bon. En 2018, avec tout ce dont j’ai parlé, j’ai quand même perdu 34 kilos, au total.

– C’est beaucoup, oui.

– Mais ce n’était pas la première fois que j’arrivais à ce niveau-là. Bref : j’ai arrêté le MLM, car je m’étais rendu compte que c’était négatif pour moi.

– Tu as eu une prise de conscience.

– Oui. J’ai tout lâché et j’ai lancé mon activité un peu après, en tant qu’hypnothérapeute. Pendant cette période, j’ai commencé à mieux me comprendre, grâce aux formations que j’ai suivies, pour l’hypnose mais aussi pour le coaching, le MBTI, l’accompagnement des enfants et des ados… J’ai fait plein de formations et bien sûr, en les suivant, on découvre aussi des choses sur soi ! Ça ouvre plein de portes.

– Et oui, c’est un processus thérapeutique parallèle.

– C’est ça. Je me suis alors sentie plus prête à me dire qu’il fallait que je sorte de ça… mais en même temps, j’étais sans outil.

Tu avais fait le constat que ça ne te convenait plus. Tu voyais les mécanismes qui s’étaient mis en place, depuis longtemps. Mais tu te demandais : « Je fais quoi ? Je fais comment ? ».

– J’avoue que j’étais un peu paumée. C’est encore plus difficile quand tu te rends compte qu’il y a un problème et que tu ne sais pas comment faire. J’accompagne aujourd’hui 2 ou 3 personnes qui sont dans ce cadre-là. Ils voient ce qu’il se passe et ça crée de la culpabilité, des émotions énormes. C’était presque douloureux. Comment m’en sortir ? J’étais encore appuyée par le regard de la société qui me pesait depuis des années, et même encore maintenant. J’ai vu ma grand-mère il n’y a pas longtemps. Je l’ai vue, nous nous sommes embrassées et je sais bien que ce n’est pas malveillant de sa part, mais elle m’a dit : « Quand même Emélie, avec le métier que tu fais, tu pourrais te soigner pour perdre du poids. ». C’est ça à chaque réunion de famille, à chaque regard.

– Et oui… Tes ascendants sont restés dans la peur d’être gros.

– Mes parents sont aussi rentrés dans une espèce d’orthorexie, qui est terrible. Ils ne mangent plus de gluten, plus de lait de vache, seulement des poissons spécifiques, etc. Maman fait des efforts maintenant, mais quand on va chez mes parents, on mange souvent des légumes à la vapeur avec du poisson à la vapeur. Elle s’est acheté un four-vapeur et il n’y a plus que ça qui compte. C’est une alimentation qui est très restrictive et c’est très compliqué pour eux de comprendre. Mais c’est caché, comme je le disais tout à l’heure, sous des restrictions qui, au départ, sont censées être positives pour la santé. J’entends, effectivement, que réduire le gluten puisse faire du bien au corps pour des raisons données…

– Si tant est que ça nous fasse effectivement du mal.

– En effet. Pareil pour le lait de vache et d’autres aliments. Je peux entendre qu’il puisse y avoir des allergies et des difficultés à certains niveaux, mais ce qui est important pour moi, c’est de faire attention à où ça mène.

– Où ça mène pour la santé mentale. Nous en revenons toujours là !

– Voilà. Pour revenir à mon histoire, nous en étions arrivées à 2019/2020. J’avais repris tout le poids que j’avais perdu en 2018, et ça s’est fait relativement vite, comme d’habitude. 😉 Je me suis dit qu’il fallait vraiment que je trouve une solution pour me sortir de là. C’est là, en 2020, que nous avons commencé à en parler toutes les 2 sur Instagram. 😊

La dureté de constater ses troubles alimentaires sans savoir quoi faire

– Je me permets de revenir un peu sur ce moment où tu fais ce constat, où tu ouvres les yeux et constate ce qu’il se passe, mais sans savoir quoi faire avec ça. Tester le duo hypnose et perte de poids t’avais permis d’avoir une prise de conscience, maintenant il s’agissait de trouver une solution. Je trouve important que tu précises qu’effectivement que c’est un moment très inconfortable. Tu as évoqué aussi la culpabilité que ça peut engendrer. De quoi était-elle composée ? Qu’est-ce que ta tête te racontait ?

– Ma tête me disait : « Tu as plein d’outils ! Tu fais de l’hypnose, tu es coach… Tu devrais savoir traiter ça, tu devrais savoir t’hypnotiser pour le gérer ! Les autres y arrivent. Pourquoi pas toi ? ». J’avais aussi une pression par rapport aux tailles de vêtements dans les magasins. Quand on ne trouve que des tailles jusqu’au 44/46, et encore car ce n’est pas partout et ce ne sont pas toujours des vêtements bien taillés… Tu ne te sens pas forcément très bien. J’ai une morphologie assez méditerranéenne, c’est-à-dire que je suis plus large au niveau du bassin, ce qui augmente la difficulté à trouver des vêtements adaptés, dans lesquels je me sens bien. Dans les années 90/2000, il y a eu la mode des pantalons tailles basses par exemple… Ça, c’était impossible pour moi ! Ça a été compliqué ! Mais revenons-en 2018, car s’habiller est compliqué pour moi depuis toujours. D’autant plus que perdre du poids de cette manière-là augmente encore la complexité de l’habillement. Je me souviens que dans les périodes où j’avais perdu du poids, je m’achetais des vêtements en 40, 38 et 36. Et oui, parce que j’étais convaincue que j’allai arriver au 36. Puis venait le moment où je rebasculais en 38, puis en 40, puis en 42 et en 44… Je peux encore ressentir la tristesse que ça générait. Ça me donnait le sentiment d’être une incapable : « Les autres y arrivent et pas moi. ». À un moment, j’avais même décidé d’arrêter d’en parler à mes copines, car personne ne me comprenait. Elles me disaient : « Moi, de toute façon, le soir, je ne mange qu’une soupe ou un gaspacho. Comme ça, j’arrive à maintenir mon poids. ». Moi, je n’y arrivais pas, ce n’était pas possible !

– Et non…

– Les enfants commençaient à dormir mieux, mais ce n’était pas encore évident donc il y avait de la fatigue. C’est aussi à ce moment que j’ai quitté mon job en CDI et créé ma boîte. Nous sommes mariés, parents de 2 enfants et propriétaires d’une maison, donc il fallait que ça rentre ! Ça générait de l’angoisse. Du coup, ça amenait encore plus de compulsions. La restriction que j’avais vécu avant amplifiait ça. D’un côté, je repérais ce qu’il se passait. Je l’observais, je le voyais. Mais d’un autre côté, bon sang, je ne pouvais pas l’accepter ! C’était difficile ça. Je me demandais aussi de quoi j’allai avoir l’air. Il y a eu une période où ma grosse angoisse, ça ressemblait à : « Il y a des gens qui viennent me voir en hypnose pour aller mieux… Qu’est-ce qu’ils vont penser de moi ? ».

– Je comprends. « Qu’est-ce que ça dit de moi, dans cette société grossophobe ? ».

– D’ailleurs, je le vois encore aujourd’hui, même si je le vis super bien maintenant. J’accompagne des enfants et des ados et il n’y a pas longtemps, il y a une ado qui est venue pour une problématique de poids et j’ai bien remarqué le regard de la maman quand elle m’a vue. Je me suis tout de suite dit « Oula… ». Ceci étant, j’ai quand même expliqué le cadre dans lequel je travaille. Nous en parlerons peut-être en détails tout à l’heure, mais je ne travaille plus du tout sur des restrictions. C’est quelque chose qui n’est plus possible pour moi.

– Et oui, ce serait un conflit de loyauté envers toi-même.

– C’est ça ! Même si j’accueille le fait qu’on ait envie de perdre du poids. Socialement, ça me semble complètement normale et je ne néglige pas cette souffrance. Mais, malgré tout, c’est important pour moi de mettre ça en lumière. Pour revenir sur ce que tu disais : ce moment de prise de conscience, c’était comme si j’avais sauté en parachute. C’était un grand « je ne peux pas ». Mentalement, physiquement, je ne pouvais plus me restreindre. Je voyais que ce n’était plus possible, mon corps, mon cœur, mon esprit hurle quand je me restreins.

hypnose et perte de poids

Des expériences autour de l’alimentation pour mieux se comprendre

– Nous arrivons donc à fin 2020, quand nous avons commencé à en parler ensemble. 😊

– Oui ! Nous avons travaillé sur mon rapport avec l’alimentation, au travers de plein d’outils. À l’époque, je me renseignais beaucoup sur le jeûne intermittent. J’essayais de trouver des solutions qui me semblaient être moins restrictives. Nous avions travaillé avec pas mal d’expériences, pour observer comment je vivais le fait de manger moins de sucre, ou le fait de manger de telle ou telle manière. Jusqu’au moment où nous avons fait une séance individuelle, car il y en avait à l’époque.

– En effet, on travaillait presque exclusivement de façon individuelle dans la première version de mon accompagnement Indépendance Cannelle.

– Lors de cette séance, je me souviens t’avoir dit : « Je ne peux plus. Je ne veux plus aucune restriction. Zéro. ».

– Tu venais de refaire l’expérience de ce que ça génère chez toi.

– C’est ça. Ce n’était plus du tout OK pour moi. Ce sont les expériences, les tests, qui ont mis la lumière là-dessus une fois de plus. À quel moment je sais que je ne veux pas griller la vitesse sur l’autoroute ? Ça peut être le moment où je me fais choper, où j’ai un accident, bref : c’est le moment où quelque chose me faire me dire « stop ». Je crois que c’est ce phénomène qui a eu lieu : j’ai testé, fait des expériences et j’ai senti que là, ce n’était plus possible. Ce travail a été chouette pour moi, car j’ai pu réaliser que ce n’était que des expériences. Ça ne disait pas ce que je devais être ou faire, c’étaient juste des tests. C’était comme si j’avais tenté de marcher à un pied, constaté que ça ne fonctionnait pas et réessayé à 2 pieds. Il s’agissait vraiment de chercher des solutions.

– Pour trouver ce qui te va À TOI.

– C’est ça. Ce qui fut salvateur, pour moi, à ce moment-là, grâce à ton accompagnement, ça a été de me dire : « Je lâche, vraiment. ». J’ai plein de clientes qui me disent que c’est dur : « C’est difficile parce qu’on me dit de lâcher-prise depuis 40 ans mais je n’y arrive pas ! ».

– L’injonction à lâcher-prise est terrible oui ! 😉

– Et oui ! Mais sans forcément rentrer dans cette injonction-là, on peut aussi se demander : « Quelle est ma priorité là, maintenant ? Est-ce que c’est de faire attention à mes calories et à ce que je mange ou est-ce que c’est de partager un temps avec ma famille, peu importe ce que je mange ? ». Je crois qu’il y a quelque chose qui a glissé dans ce sens-là, pour me permettre de me dire que c’est OK de manger et c’est OK de se faire plaisir. À l’époque, j’ai aussi travaillé l’alimentation intuitive au travers de plein de choses et ça m’a permis de vraiment réaliser qu’on peut avancer et accepter qu’il est possible de se laisser le droit de manger. En plus, cette paix intérieure laisse place à beaucoup d’autres possibilités !

– Et oui ! Quand nous ne sommes plus obnubilés par toutes ces questions, nous avons plus d’espace mental pour le reste ! Quand tu dis que quelque chose à lâcher en toi, je retiens cette notion de permission inconditionnelle de manger. Ce n’est plus « juste pendant la grossesse », « juste pendant l’allaitement », ni « je m’y remets lundi » ou autre… Laisser derrière toi ce genre de fonctionnement fut compliqué et j’aime la façon dont tu as expliqué qu’il a fallu que tu repasses par certaines expériences pour pouvoir vraiment te dire et réaliser que cette spirale restriction-compulsion n’était plus possible. Tu l’as réexpérimenté pour réussir à te dire que ce n’était plus de ça dont tu avais besoin et envie et que même ton corps te le criait.

– Oui, pour moi c’est vraiment physique, cette histoire. Je l’ai un peu vécu comme une reconnexion au corps. Jusqu’à maintenant, je n’étais pas vraiment dans mon corps. Je crois d’ailleurs que nous avions travaillé ça ensemble, que je t’avais expliqué que je ne ressentais pas mon corps.

– Oui, tu le disais souvent.

L’importance de ce que nous transmettons aux enfants

– Je ne sentais pas ce qu’il se passait… alors qu’en fait, c’est lui qui sait. Ça aussi, ça compte dans le fait que je ne peux plus me restreindre. J’ai récemment vécu une expérience rigolote d’ailleurs ! Nous étions partis en week-end en famille à Deauville et nous faisions un brunch. Dans ce brunch, il y avait des viennoiseries en forme de cube. J’en avais pris une et elle était délicieuse ! Elle était très aérienne, très bonne. Une fois finie, mon mari me dit : « Regarde ! Il en reste une ! Tu peux peut-être la prendre pour l’emmener ! 😉 ». Là, dans ma tête, j’ai retracé le mécanisme que j’avais compris : « J’ai le droit de manger, inconditionnellement et quand je le veux. Mais en fait, comme j’y ai droit, je n’en ai pas envie. ». Ça, ce fut une drôle d’expérience parce que je me suis sentie passer du : « Oh ouai je vais le prendre ! » très compulsif au rappel : « Oui, je peux le prendre, mais d’une je n’en ai pas envie tout de suite et de 2 peut-être que dans 2 heures, si j’ai de nouveau faim, j’aurai peut-être plutôt envie d’un éclair à la vanille ou d’autre chose. Donc non, je ne vais pas le prendre pour peut-être le jeter plus tard. Je vais le laisser car je n’en ai pas besoin. ». Je ne sais pas si ça se sent quand je le raconte, mais j’ai vraiment ressenti le lâcher-prise.

– Tout à fait ! C’est vraiment ça que beaucoup d’entre nous décrivent dans leurs prises de conscience au travers d’expériences. Il s’agit vraiment de ne pas ressentir le changement que sur un plan intellectuel, mais de le ressentir aussi physiquement, émotionnellement, dans toutes les dimensions de nous-même. Nous sommes nombreux à avoir expérimenté ce « non en fait, je peux en remanger quand je veux, mais je ne vais pas en reprendre parce que je ne peux pas savoir à l’avance si j’en aurai envie ou pas. ».

– Ce fut très marquant pour moi. Je pense que ce qui m’a aussi beaucoup aidé et dont je n’ai pas encore parlé, c’était la motivation du début de notre accompagnement toutes les 2, à savoir l’image que je donne à mes enfants.

– Exact !

– Ça, c’était très important. J’en ai un peu parlé tout à l’heure : j’ai un petit garçon et une petite fille de 20 mois de moins que lui. Mon fils est tout fin et ma fille pèse 5 kilos de plus que son frère, pour la même taille. Ce ne sont pas du tout les mêmes morphologies et ce fut visible dès le début. Arthur était plus long dès la naissance, alors que ma fille était plus ronde. En plaisantant, j’appelais mon fils « mon petit singe » parce qu’il était long et anguleux, et ma fille « mon petit marcassin », parce que c’était un petit poids. Puis j’ai eu peur de leur transmettre les problématiques que j’ai rencontrées. Je ne voulais pas de ça.

– Et oui, car c’est exactement ce que tu as vécu avec la différence de physiologie entre tes frères et toi. Tu as vu ça se reproduire avec tes enfants.

– C’est ça. C’était hors de question pour moi qu’ils voient leurs parents au régime et c’était hors de question qu’ils aient des restrictions et des idées de restrictions. J’ai refusé ça en bloc… mais, encore une fois, c’était un constat face auquel je me sentais sans outils. Comment pouvais-je faire ? Ce sont ces solutions que m’ont données ton accompagnement, l’alimentation intuitive et toutes les évolutions et expériences que je me suis autorisée à vivre. Dans l’alimentation intuitive, on nous propose et nous préconise de tester, par exemple, de manger tous les matins, ou en tout cas régulièrement, un aliment dont nous avons envie. Moi, j’ai réalisé qu’en fait, je n’avais pas envie de ça.

Alimentation, hypnose et perte de poids : la situation actuelle

– Tu étais déjà plus loin dans le processus ! Notre accompagnement toutes les 2 a pris fin en mai 2021, il y a un peu plus d’un an. Où tu en es, aujourd’hui ?

– Je me sens beaucoup plus sereine par rapport à l’alimentation. Je me sens détendue sur le sujet et j’accueille mes envies. En ce moment, c’est burrata-tomates. 😉 Mon mari a compris que j’avais des envies comme ça, qui duraient un temps et c’est OK pour lui aussi d’accueillir ça. Si j’ai envie de manger de la burrata 4 fois dans la semaine… on s’en fou ! C’est moi que ça regarde et ce n’est pas un problème. Je ne l’impose pas forcément aux autres par contre, je fais attention à ça.

– Bien sûr, car c’est ton envie à toi. C’est chouette de pouvoir la suivre !

– Parfois, ces envies sont marrantes car elles concernent des aliments dont je ne pensais pas avoir envie, comme des carottes, par exemple. Carottes râpées, carottes cuites, peu importe, mais des carottes ! À d’autres moments, ce sont d’autres types d’aliments. J’ai également remarqué que j’ai appris à accueillir mes envies… mais aussi mes non-envies. Il y a des non-envies qui m’ont menées à des troubles alimentaires et avant, je refusais ces non-envies. Cela a changé. En ce moment, par exemple, je mange moins de viande. Je n’ai plus envie de viande. Mais ce n’est pas une histoire de perdre du poids ni de maîtriser quelque chose. C’est juste que je n’en ai pas envie, donc j’en mange moins, sans pour autant me coller une étiquette. Je mange juste ce dont j’ai envie quand j’en ai envie. En résumé, j’ai un rapport à l’alimentation beaucoup plus serein. À une certaine époque, si on partait en week-end, j’avais besoin de savoir exactement là où nous allions manger. Ça pouvait m’angoisser avant même de partir. Je me demandais si nous pourrions manger correctement, si nous pourrions avoir ce que nous voudrions, etc. Maintenant, je m’en fiche ! On trouvera forcément un truc à manger, ce n’est pas grave. Il n’y a plus de contrainte ni de « rendez-vous raté ». Pendant les périodes où je faisais attention à ce que je mangeais, il y avait quand même des moments où je m’autorisais à me faire plaisir. Dans ce moment-là, si j’étais finalement déçue, j’avais l’impression d’avoir raté un truc, d’avoir gâché des calories pour un truc pas bon. Ça, ça pouvait prendre une grande ampleur ! Maintenant, ça n’existe plus du tout. Si je vais au resto et que ce n’est pas très bon, ce n’est pas très grave. Il y en aura un autre, un autre jour. Tout va bien quand même. 😊 Du coup, c’est beaucoup plus serein et posé. D’ailleurs, ça marche à tous les niveaux de ma vie. Ça marche pour l’alimentation mais aussi pour les envies sportives, les envies de sorties, etc. Je suis vraiment revenue à mes besoins de façon large.

– Cette permission et ce lâcher-prise se sont diffusés dans toutes les sphères de ta vie. C’est bien ça ?

– Exactement. 😊 Il est aussi important de dire que, dans le cadre du déménagement, j’ai dû me peser, ce que je n’avais pas fait depuis 1 an et demi… C’était un peu bizarre de le refaire et j’avais un peu d’appréhension. Ce n’était pas évident.

– Ça réveille quand même des choses, la balance…

– Mais j’ai pu constater que je n’ai pas pris 1 gramme ! Enfin 1 gramme, je n’en sais rien, puisque je suis une femme et que j’ai donc des variations de poids… 😉 Mais en tout cas, je pesais environ le même poids qu’il y a un an et demi. Je n’ai pas grossi depuis plus d’un an alors que je mange ce que je veux comme je veux et quand j’en ai envie.

– Hé oui, c’est possible ! 😊

– Par contre, je n’ai pas encore repris le sport. C’est quelque chose que j’aimerais vraiment et j’en ai besoin. Je le ressens. Jusqu’à maintenant, c’était plus flou disons, mais maintenant, je pense que c’est quelque chose que je vais rapidement remettre en place. J’ai du mal à tenir en général, mais je pense qu’avec tout ce que j’ai vécu, ça devrait mieux se passer.

– Peut-être d’ailleurs que ce n’est plus une question de « tenir », mais d’en avoir envie. 😉

– Oui, c’est ça !

– On entend le besoin de ton corps, on entend que tu commences à le sentir comme un besoin.

– Oui tout à fait ! Je parle du côté « tenir » parce que je suis la reine pour m’inscrire à une activité en septembre… et y aller jusqu’en novembre. Arrivée en décembre, c’est fini, je n’y vais plus. Ça, ça m’embête un petit peu. C’est dans ce sens que je dis « tenir », ce n’est pas dans le sens de faire du sport pour faire du sport, par obligation. Il s’agit de tenir sur la durée un engagement dont j’ai envie.  

hypnose et perte de poids

Évolution du rapport au corps et à l’image corporelle  

– Je comprends ! Il s’agit aussi, du coup, de trouver l’activité qui te correspond. Comment tu vis les choses pour ce qui est de ton rapport au corps ?

– Je ne te cache pas qu’il est clair que je ne corresponds pas parfaitement à ce que je voudrais être. Ça, c’est quelque chose qu’il faut accepter aussi. Je ne fais pas un 36-38 comme j’en aurai bien envie. Ce serait quand même plus facile à vivre pour moi, mais ce n’est pas le cas. Cependant, c’est OK pour moi car je me rappelle en permanence ce à quoi mon corps me sert. Il me permet d’être debout, d’être vivante, de faire des câlins à mes enfants, d’exercer mon métier pour accompagner des gens à aller mieux, d’être moi… Pour ça, je ne le remercierai jamais assez. Il y a une vidéo que j’aime beaucoup regarder : « Mon petit corps », de Marion Seclin. Je la recommande à ceux qui ne la connaissent pas. 😉 Elle y parle de son corps. Elle explique qu’elle, elle est dans la norme mais qu’elle a quand même le droit d’avoir des complexes. Elle dit aussi que malgré tout, c’est chouette qu’il soit là, ce corps. Je la regarde souvent car elle me fait du bien. Elle me rappelle que mon corps, il est là pour ça et qu’en fait, il y a aussi des tenues dans lesquelles je me sens bien et belle. C’est important pour moi de revenir à ça. Certes, j’ai arrêté les maillots de bain à la mode qui montrent la moitié des fesses parce que je n’aime pas ça. Je respecte que d’autres aiment, mais moi je me sens mal à l’aise dedans, donc je trouve des vêtements qui sont adaptés à moi. Je mets de plus en plus de choses en place pour en porter. Il y a peu, j’ai été heureuse d’avoir acheté plein de vêtements pas trop chers dans l’optique de perdre du poids un jour… Je n’avais pas encore perdu ce réflexe-là. Mais j’ai commencé à accepter qu’en fait, je suis bien comme je suis. J’ai réalisé que je peux aussi acheter des vêtements peut-être un peu plus chers, mais plus éthiques, plus écologiques et qui, en même temps, me conviennent parce qu’ils sont adaptés à ma morphologie et à mes goûts. J’aime ce qui est coloré, ce qui a du peps, ce qui est original, etc. Ça va avec ma personnalité !

– Oui, c’est tout toi ! Ce que ça m’évoque, c’est que même si ce n’est pas l’idéal que je m’étais imaginé, je suis suffisamment en paix avec l’image que j’ai de moi et avec mon corps pour investir dedans. Je l’aime suffisamment pour le respecter, en prendre soin et le choyer, comme une forme de remerciement pour ce qu’il m’apporte et me permet au quotidien. Dans ce sens-là, je peux, en accord avec mes valeurs et ce qui est important pour moi, acheter des vêtements plus chers, mais éthiques et de qualité, parce que « je le vaux bien », j’ai envie de dire. 😉

– C’est ça. Je le mérite, je le vaux bien et j’ai envie de m’offrir ça parce que je suis plus en paix avec moi-même et je me sentirai encore mieux dans des vêtements qui me vont bien, qui sont bien taillés et adaptés à qui je suis. C’est important pour moi. En résumé, il y a beaucoup plus de paix et de sérénité dans mon rapport à mon corps. Je me suis trouvée, en fait ! Je le vis et le vois un peu comme une rencontre.

– « Emélie rencontre Emélie » ! 😉

– C’est ça ! Comme je l’ai un peu évoqué tout à l’heure, ça teinte mes accompagnements. Beaucoup de gens viennent ont envie de tester le combo hypnose et perte de poids. C’est un peu le fonds de commerce de l’hypnose, avec le tabac. Mais c’est marrant, je ne traite ni l’un ni l’autre. 😉 J’en accompagne bien sûr, mais ce n’est pas ma priorité. En 3 ans d’accompagnement, je crois que j’ai fait seulement 5 arrêts de tabac. Pour le poids, maintenant c’est très clair : qui que soit que j’accompagne, je dis clairement que je n’accompagnerai pas à perdre du poids. Je les accompagnerai pour être en paix avec leur corps et avec leur alimentation. Ça oui, c’est OK pour moi. Je dis toujours que travailler sur la perte de poids, ce serait comme si je rasais le haut de l’iceberg. Ça ne règle pas le problème et c’est important pour moi de le dire. Ça fait fuir des clients bien sûr, mais je préfère ça.

– Évidemment, ils ne travailleront pas avec toi si ce n’est pas ce qu’ils cherchent.

– Exactement. À côté de ça, ça peut aussi ouvrir une porte à certains et leur faire réaliser qu’ils ont la possibilité de procéder autrement, sans porter de jugement sur ce qui est « bien » ou non.

Le mot de la fin autour de la transmission, l’hypnose et la perte de poids

– Emélie, je vois qu’il est bientôt le moment de se quitter. Est-ce qu’il y a un dernier message sur lequel tu aimerais conclure ?

– Je l’ai déjà évoqué mais j’ai envie de le redire : la transmission aux enfants et aux adolescents est importante pour moi. Nos enfants et nos ados nous surprennent. Ils vivent dans le même monde que nous… mais pas tout à fait. Ils sont dans un monde où tout va très vite, où on accède à plein de choses très vite et selon ce qu’ils regardent et voient, ils ont des envies et des représentations du corps qui sont particulières. Mon petit garçon, qui a 8 ans m’a dit il n’y a pas longtemps : « Pour perdre du poids, il faut sauter des repas. ». Vu l’histoire que je viens de raconter, tu te doutes bien que ça m’a fait bondir à l’intérieur. D’où est-ce que ça vient ? Ça vient de l’école, du monde dans lequel on vit, de l’extérieur, etc. Ce qui est important pour moi, c’est de leur donner la possibilité de réaliser que nous sommes tous différents. En plus, ça marche pour tout ! Nous acceptons que la sexualité ne soit pas la même pour tous, nous acceptons que nous n’ayons pas tous la même couleur de peau ou de cheveux… Acceptons aussi que nous n’avons pas tous le même corps ! Nous sommes différents et c’est important de le réaliser et de l’accepter. C’est vraiment quelque chose d’essentiel pour moi dans l’accompagnement des enfants. J’ai encore des parents qui m’amènent leur enfant ou leur ado en me disant : « Il faut l’aider à perdre du poids là, ce n’est plus possible… ». Mais à quel prix et comment ? Est-ce que c’est vraiment OK, comme façon de faire ? En effet, l’hypnose pour la perte de poids peut amener des résultats… mais ils ne dureraient pas, parce que ce n’est pas bon pour la personne. Si je dois finir par une seule chose, j’ai envie de finir là-dessus : apprenons aux enfants que le rapport à l’alimentation peut être sain, serein, apaisé, avec des trucs « pas très bons » et des « trucs très bons ». Apprenons-leur même qu’en fait, il n’y a pas de trucs pas très bons, même si socialement on tend à nous apprendre l’inverse, avec le nutriscore par exemple. Revenons à nos besoins primaires et ça aidera nos enfants. Ça aide dans plein de domaines, d’ailleurs ! Ça peut aider pour le consentement, pour apprendre à dire non à quelque chose ! Si je m’écoute, si je réponds à mes besoins, je sais dire non quand je ne veux pas. Ça ouvre des portes…

– Les encourager, en tant que parents, éducateurs, à rester fidèles à eux-mêmes et à leurs besoins. C’est un sacré défi, à plus forte raison pour les adolescents, très exposés au besoin de se conformer aux attentes des autres. C’est très précieux de leur transmettre ça, je te rejoins complètement, évidemment ! Je te remercie beaucoup, Emélie, d’être venue témoigner dans mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Je te souhaite un bon déménagement et une bonne installation dans le Bordelais ! Si certaines personnes souhaitent te contacter, quel est le moyen le plus simple pour toi ?

– Vous pouvez me retrouver sur mon compte Instagram, sur mon compte Facebook ou sur mon site internet ! 😊

Si hypnose et perte de poids commençaient à vous trotter dans la tête, j’espère que ce témoignage vous aura inspiré ! Je vous le souhaite aussi si vous ne vous sentez pas bien avec votre image corporelle et/ou avec votre alimentation. Si, comme Emélie, vous êtes à la recherche d’aide et d’outils pour avancer sur ce chemin, échangeons ensemble via mon compte Instagram.

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