Bienvenue dans ce nouvel article de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Découvrez le témoignage de Clémence, qui a sombré dans l’anorexie à l’âge de 15 ans, lors du premier confinement. Cela l’a menée jusqu’à un état très critique, qui l’a conduite à être hospitalisée pendant 2 mois au printemps 2021. De retour à la maison, Clémence s’est battue pour sortir de la maladie, avec le soutien de ses parents et de ses camarades de collège. Comme pour bien d’autres cas d’anorexie d’adolescent, ce trouble du comportement alimentaire a failli lui coûter la vie. Depuis, il demande à Clémence d’accorder beaucoup d’énergie à son chemin de guérison, pour se réconcilier avec la nourriture et avec sa vie.
« Je m’appelle Clémence, j’ai 15 ans et je suis tombée malade lors du premier confinement de mars 2020. »
« Dès le confinement, je me suis mise à faire du sport à la maison, alors qu’avant je faisais énormément de sport à côté. »
« Il fallait que je jette mon stress dans autre chose. Je gardais tout mon stress pour moi et je n’arrivais pas à manger. »
« La pédiatre a dit que ma maman se faisait des films, que si je ne mangeais pas, c’était parce que je faisais des caprices. »
« J’étais tellement dans l’hyperactivité que, parfois, je me levais très tôt le matin pour aller marcher avant d’aller au collège. »
« Je n’avais qu’une envie, c’était de tout arrêter, de me demander pourquoi je ne pouvais pas être comme avant. »
« La dame a expliqué à ma mère que si je n’étais pas venue dans la journée ou le lendemain, je serais décédée. »
« J’avais vraiment compris que j’étais malade et je me suis mise à manger ce que je pouvais. »
« J’ai envie de faire ce que je veux. Vu ce qui m’est arrivé depuis que je suis petite, j’ai envie de vivre ma vie à fond : j’ai failli mourir ! »
« Si je pouvais transmettre un message, ce serait vraiment de toujours y croire, de ne jamais abandonner et de toujours positiver. Même si c’est dur, il faut se battre. »
Stress et confinement à l’origine de mon trouble du comportement alimentaire
– Bonjour Clémence. Je suis ravie de t’accueillir dans ce nouvel article de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Tu as accepté de venir partager avec nous l’histoire de ta relation compliquée avec l’alimentation et je t’en remercie. Avant que nous n’abordions ton récit, peux-tu te présenter, pour les personnes qui nous lisent ?
– Avec plaisir ! Je m’appelle Clémence, j’ai 15 ans et mon rapport troublé avec la nourriture a commencé lors du premier confinement, en mars 2020. Je suis vraiment tombée de l’anorexie début septembre 2021. Au début, c’est ma maman qui a diagnostiqué mon TCA car, étant jeune, elle a vécu le même problème.
– Elle a tout de suite reconnu les signes, c’est cela ?
– Oui, elle a compris qu’il s’agissait de ça dès le début.
– Tu nous parlais du premier confinement, en mars 2020. Quel âge avais-tu, alors ?
– Je venais d’avoir 14 ans.
– Si ça ne te dérange pas que nous évoquions un peu ton enfance avant de parler de ton anorexie d’adolescent : étant toute jeune, avais-tu eu des problèmes dans ta relation avec l’alimentation ?
– J’adore la nourriture depuis que je suis petite ! Cependant, même petite, j’étais super musclée. J’adorais le sport, je passais tout mon temps sur mon petit vélo, j’aimais beaucoup faire de la marche avec mes parents, aller à la piscine, etc. Vers mes 10 ans, nous avons déménagé et là par contre, j’ai pris beaucoup de poids car j’étais très stressée. Mes parents travaillent beaucoup, car ils gèrent un hôtel. Je les voyais très peu et j’étais très angoissée. Du coup, je noyais mes problèmes dans l’alimentation : je mangeais beaucoup, j’étais un puits sans fond. Je n’arrivais jamais à m’arrêter, jusqu’à en avoir l’estomac plein. J’ai commencé à recevoir des remarques de la part de personnes de ma classe : un garçon en 6ème m’a dit que j’étais grosse, par exemple. Au début, ça ne me préoccupait pas. Parfois, ma maman, mes sœurs ou mon papa me disaient de faire attention, qu’il fallait que je diminue les quantités de certains aliments. Moi, j’étais en plein dans l’enfance et je ne me rendais pas compte de ce dont ils parlaient. C’est là qu’est arrivé le confinement et que j’ai réalisé qu’il y avait un problème. Depuis mes 11 ans, j’étais tellement stressée que j’arrachais mes cils et mes sourcils la nuit. J’ai réussi à stopper ça du jour au lendemain, après 3 années à consulter des médecins, des psychologues, des psychiatres, etc. Rien n’avait fonctionné. Pendant le confinement, j’ai eu très peur. J’étais quelqu’un de très social et j’adorais le contact avec les gens. Je m’entendais très bien avec toute ma classe, dans laquelle il régnait une très bonne ambiance. J’ai eu très peur d’être coupée de tout ça, si bien que, dès le début du confinement, je me suis mise à faire du sport à la maison. Avant, je pratiquais énormément de sport, notamment du tennis du table à haut niveau. À cause du covid, c’était stoppé et c’est pour cela que j’ai commencé le sport à la maison. J’allai courir de temps en temps, avec mes sœurs, par exemple. Au début, j’avais beaucoup de cours en vidéoconférence. Ils débutaient à 8 h, se terminaient vers 16 ou 17 h et après, je faisais 1 ou 2 h de sport. Puis, à 20 h, je recevais mes devoirs à faire pour le lendemain. Ils arrivaient en retard sur le site de l’établissement… Si bien que je travaillais beaucoup la nuit. Cela a duré ainsi pendant 2 mois, donc j’étais très fatiguée à la fin du confinement. J’ai perdu au moins 5 kilos, alors que j’avais seulement diminué les cochonneries et arrêté de manger des bonbons à longueur de journée. J’ai commencé à manger plus de légumes, tout en gardant une alimentation correcte à côté, sans rien supprimer à part le sucre en trop grosse quantité. En juin, je suis revenue à l’école et tout se passait bien pour moi. J’ai vraiment passé une très bonne année avec mes camarades. Pendant l’été, je suis partie dans le sud de la France avec mes 2 meilleures amies. C’était de supers vacances ! Nous pratiquions régulièrement du sport, mais nous nous sommes vraiment fait plaisir à côté de ça. Je suis rentrée à la maison début août. Mes parents n’étaient pas là et j’ai continué à changer ma façon de manger. C’était toujours équilibré, mais je mangeais parfois moins, parfois plus. Là, ça allait encore. En septembre 2021, je suis rentrée en 3ème. Ça s’est bien passé, j’étais dans la classe de mes copines et le prof principal était super.
– De plus, tu retrouvais la sociabilisation qui t’avait tant manquée !
– Oui. Au début de l’année de 3ème, je mangeais bien. Le matin, je me faisais plaisir avec un gros bol de céréales au chocolat, par exemple. J’étais dans une belle dynamique. Puis, vers octobre/novembre, j’ai commencé à « faire attention ». Le midi, je mangeais à la cantine, mais les repas étaient de plus en plus mauvais. J’ai commencé à ne presque plus y manger, d’autant que mes amis n’y mangeaient pas non plus. Si je mangeais, eux me regardaient, ce qui rendait les choses difficiles. De plus, c’était dur pour moi, car j’avais de mauvaises pensées.
Les premiers symptômes de mon anorexie d’adolescent
– Qu’est-ce que tu veux dire, par « mauvaises pensées » ?
– Je commençais à me demander ce que je pourrais manger d’équilibré ce midi, à m’interroger sur ce que j’avais mangé le matin avant de me servir, etc. C’était ce genre de préoccupations.
– La comptabilité de la nourriture, si courante dans l’anorexie d’adolescent, se mettait en route, en fait.
– C’est ça. J’ai fini par ne presque pas manger le midi. Le soir, j’arrivais à la maison assez tard, en raison des horaires des cours. J’ai dit que, quand j’étais petite, j’arrachais mes sourcils à cause du stress. Là, pour évacuer le stress, je faisais du sport. Mais, après ça, il fallait encore que je noie mon stress dans autre chose. Si bien que j’aie fini par le garder pour moi et je n’arrivais plus à manger. C’est pour ça que je mangeais très peu le soir aussi. Mes parents ont commencé à me demander ce qu’il se passait, mais à mes yeux, c’était juste une mauvaise passe. Par la suite, ça s’est très mal passé. Les jours se sont écoulés et j’avais de plus en plus mal au ventre dans la journée. Dès que je mangeais un peu plus que d’habitude, il gonflait énormément. Parfois, je passais des journées à pleurer tellement j’avais mal avec ce ventre tordu de douleurs. Mes parents et moi sommes allés consulter un médecin et il a suspecté une intolérance au gluten. J’ai fait toutes les prises de sang possible, sans avoir les résultats, d’ailleurs. J’ai diminué le gluten, ce qui a favorisé ma perte de poids. J’aimais bien les vraies pâtes, par exemple, et quand elles ont été remplacées par des pâtes sans gluten, je n’ai pas trouvé ça bon et je n’ai plus voulu en manger. Je me suis retrouvée à ne manger que très peu d’aliments, notamment beaucoup de riz. À force d’en manger autant, ça a fini par ne plus me plaire. J’ai trouvé de nouvelles saveurs, mais malgré ça, en décembre, j’ai commencé à manger très très peu. Quelques-uns de mes professeurs se sont demandé ce qu’il se passait. Au début, je leur répondais que tout allait bien et que je mangeais bien à la maison.
– Ils commençaient à voir que tu changeais physiquement, c’est cela ? Qu’est-ce qui les a mis sur la piste ?
– D’habitude, je suis très volontaire en cours, je participe beaucoup. Là, j’avais du mal à lever la main, je souffrais d’un manque d’énergie. Je regardais le tableau sans rien dire. C’est pour cela qu’ils se sont interrogés.
– D’accord. C’est comme si tu étais en train de t’éteindre et c’est cela qui les a alertés.
Les premières tentatives de suivi médical pour ma perte d’appétit
– C’est exactement ça. Un jour, Maman m’a emmenée chez une pédiatre, en urgence. Le midi, en rentrant à la maison, je me préparais à manger des plats sans gluten. Je ne voyais mes parents que 5 min : quand j’arrivais, ils avaient fini de manger donc ils repartaient. Je commençais alors à manger, mais je ne prenais presque rien et je terminais en donnant tout au chien. Ce midi-là, j’avais fini les cours plus tôt que prévu, donc j’ai dû manger avec eux. J’avais fait cuir des courgettes à l’eau, mais même ça, je n’arrivais pas à le manger. Ma mère s’est alors rendu compte qu’il y avait un problème. Ma perte de poids s’expliquait soudainement et un rendez-vous avec le pédiatre a été pris pour le soir-même. J’ai eu de la chance d’obtenir un rendez-vous aussi rapidement… J’avais déjà perdu 10 kilos depuis le début du confinement. Mais la pédiatre a dit que ma maman se faisait des films et que si je ne mangeais pas, c’est parce que je faisais des caprices. Elle a écarté toute piste d’anorexie d’adolescent, dit que tout allait très bien, que j’étais en parfaite santé. J’avais très très froid, mais sur ce point elle a répondu que c’est parce qu’il faisait froid dehors, alors que justement, la météo était douce. Malgré tout, elle a donné à ma mère le numéro de téléphone d’un pédopsychiatre, au cas où mon état se dégraderait. Elle a appelé dès que nous sommes rentrées et j’ai eu rendez-vous pour la semaine suivante. Il m’a expliqué les conséquences de mon refus de manger. Malheureusement, j’étais complètement dans le déni : je me demandais pourquoi je le consultais, je me disais qu’il me racontait des choses fausses… Je n’arrivais pas à entendre que j’étais malade. Fin décembre, ma mère avait préparé un super gâteau pour Noël. Nous ne mangions presque jamais tous ensemble, mais là, il y avait mes frères et sœurs et malgré cela, je n’ai pas réussi à manger. De nouveau, mes parents se sont dit qu’il y avait vraiment quelque chose qui clochait. Malgré tout, mon papa ne comprenait pas que j’étais vraiment malade. Pour lui, je faisais juste attention à ce que je mangeais. En janvier, je suis retournée à l’école. Quelques profs m’ont fait dit que j’avais dû faire vraiment beaucoup de sport pendant les vacances… J’ai répondu que j’avais eu des compétitions et que c’était intensif. Alors que la vérité, c’est que je n’arrivais même plus à jouer. J’ai revu ce psychiatre, il a vu que mon état se dégradait, mais il m’a seulement dit que je devais reprendre les choses en main. Cependant, je n’y arrivais pas du tout ! À l’école, j’ai demandé à ma mère de retourner à la cantine. Nous avons fait un PAI (projet d’accueil individualisé) pour que je puisse ramener mon repas à la cantine. J’avais vraiment envie de me battre, de manger, de retrouver une vie comme avant et ma joie de vivre. Depuis petite, j’ai toujours beaucoup rigolé et affiché un grand sourire. Mais à cette période, je n’arrivais plus à rire.
– Ça signifie qu’à ce moment-là, il y a quand même eu une certaine prise de conscience, non ? Quelque chose s’est passé en toi. Tu disais que la première fois que tu avais le pédopsychiatre, tu étais dans le déni. Mais là, il me semble qu’un changement commençait à s’installer. N’est-ce pas ?
– Oui. J’échangeais beaucoup avec mes parents et surtout avec ma maman, qui avait vécu ça. Elle me disait qu’elle avait été à l’hôpital étant jeune, qu’elle y était restée 5 mois, pendant lesquels elle n’avait même pas vu ses parents. En l’écoutant, je me disais : « Mais je ne vais jamais aller à l’hôpital, mon état n’est pas grave du tout… ». Je me disais qu’il fallait seulement que je mange un peu pour retrouver de l’énergie et c’est pour ça que j’ai commencé à essayer de me battre. Le matin, comme mes parents n’étaient pas là, je n’avais aucune motivation et je n’arrivais pas à manger. Un midi, j’ai demandé au CPE de réchauffer mon repas, car il m’avait dit qu’il y avait un micro-onde. Mais ce jour-là, il m’a clairement répondu qu’il n’y en avait pas et que ce serait meilleur froid. J’ai donc commencé à manger mon repas froid… Étant déjà glacée, j’ai eu encore plus froid et je n’ai presque pas mangé. Au final, c’était pire qu’avant. Dès que quelque chose se passait mal, j’avais le sentiment de ne pas avoir le droit de manger.
– Dès qu’il y avait un caillou dans l’engrenage, qui venait compliquer tes résolutions, ça s’effondrait.
Une extrême hyperactivité et une importante sous-alimentation
– C’est ça. En février/mars, j’ai à nouveau essayé de remanger, mais je n’y arrivais toujours pas. Je ne mangeais que le soir, presque rien. J’allai à l’école mais je n’arrivais plus à tenir, c’était horrible. J’avais froid tout le temps et les ongles bleus. J’étais tellement dans l’hyperactivité que, parfois, je me levais très tôt le matin pour aller marcher avant d’aller au collège. En rentrant, je disais à ma maman que j’avais mangé le midi, alors que le midi, je sortais de l’établissement pour marcher en ville. Si je rentrais à la maison, je courais sur le tapis de sport, alors que j’étais très faible, puis je retournais au collège, et je courais de nouveau avant d’aller au ping-pong. Tout cela en disant que j’allai très bien et que j’avais repris du poids, alors que c’était tout l’inverse. C’était comme ça tous les jours, sauf le week-end. Le samedi et le dimanche étaient horribles pour moi car je ne pouvais pas aller en cours à pied. Je me sentais très mal, donc je me levais très tôt pour aller marcher très longtemps. Le midi, je revenais à la maison. Mes parents travaillaient et devaient rentrer aussi. C’était très important pour moi, donc je les appelais en leur demandant : « Vous venez ? Vous venez ? », mais ils ne venaient jamais, ou plus tard, vers midi trente. Cela m’énervait beaucoup. Avant, ce n’était pas du tout comme ça : s’ils arrivaient plus tard, nous mangions plus tard, calmement. Mais là, aux prises avec mon anorexie d’adolescent, c’était devenu insupportable pour moi. Je cuisinais pour eux, mais je n’arrivais pas à manger ce que j’avais préparé. Une fois mes parents repartis, je retournais marcher, puis je faisais du sport en rentrant. Après le dîner, je recommençais le sport, alors que je mangeais très peu, que des légumes et encore, presque rien. Le dimanche était tout aussi horrible. Mes parents n’étaient pas là, donc je passais ma journée à courir sur le tapis jusqu’à ce que mes sœurs arrivent, le soir. Ce sont mes demi-sœurs, donc elles passaient la journée chez leur papa. Je n’avais qu’une envie, c’était de tout stopper. Au fond de moi, j’espérais seulement qu’elles arrivent pour me dire : « Mais Clémence, arrête ! ». Seule, je n’y arrivais pas. Le lundi, j’étais contente car je pouvais alors reprendre mon train de vie, ma routine dans ma zone de confort. J’ai fait ça pendant un bon mois et demi et en mars nous avons été reconfinés. Nous avions les cours à la maison et ce fut très dur, car je ne pouvais plus sortir de la maison. Je ne pouvais plus faire ma marche quotidienne, c’était un calvaire. J’avais très peur. J’étais très en colère de ne plus pouvoir faire ce dont j’avais envie. J’avais peur de l’imprévu. Je me levais très tôt le matin pour marcher sur le tapis de sport, en faisant mes cours en vidéoconférence. Nous étions obligés de mettre notre caméra, c’était écrit dans le règlement envoyé par le directeur. Mais moi, je ne mettais pas ma caméra. Les autres qui ne le faisaient pas non plus étaient sanctionnés, mais moi je n’avais aucune remarque. J’ai alors compris que mes profs avaient déjà conscience qu’il y avait un problème.
Les crises de boulimie pendant les cours à distance et le confinement
Durant ces 2 semaines de cours en vidéoconférence, j’enchaînais les crises de boulimie, pendant lesquelles je ne mangeais même pas les aliments. Je n’arriverais pas à décrire à quel point c’était horrible. Le soir, quand je me brossais les dents, j’avais la langue qui saignait, tellement j’avais enchaîné les crises. Je pouvais manger, par exemple, 5 paquets de chips par jour, en plus de tous les gâteaux du placard. Mes parents ne comprenaient pas comment le stock descendait si vite. Mais je ne mangeais pas ces aliments. Ça a duré 2 semaines, puis nous sommes passés aux vacances confinées. Pendant la première semaine, mes parents étaient là le midi. Je me suis alors dit qu’il fallait vraiment que je fasse quelque chose contre cette anorexie, même si je ne l’appelais pas ainsi. J’avais eu une discussion avec ma maman, qui m’avait vraiment fait comprendre que ça n’allait pas, que mon cœur pouvait s’arrêter à tout moment. Je voyais mes parents pleurer souvent, surtout ma mère. Du coup, j’ai de nouveau essayé de manger correctement, mais mon corps n’arrivait pas à se remettre en route. Je mangeais beaucoup le midi, mais le soir, mon ventre était tellement ballonné qu’il m’était impossible d’avaler quelque chose. C’était un cycle sans fin. Si je mangeais le midi mais pas le soir, ça restait quand même n’importe quoi. J’ai commencé à avoir beaucoup de problèmes de constipation, et même de constipation sévère. J’avais vraiment très très mal au ventre et ma maman m’a conduite à l’hôpital, à côté de chez moi. Le directeur du service des urgences m’a très mal parlé. Il nous a presque dit de partir, alors que j’étais en train de pleurer et qu’il n’y avait quasiment personne. C’était très calme, pour une fois. Il nous a dit, clairement : « Moi, je bouffe, je chie. ».
– Ah oui… C’est d’une violence !
– Ma mère s’est demandé comment c’était possible de parler comme ça à une enfant de 14 ans.
– Cela signifie qu’il y a eu toute une période pendant laquelle tu n’avais plus de suivi médical avec le pédopsychiatre. N’est-ce pas ?
– Il y en avait très peu, car j’étais dans le déni. Pour moi, il disait n’importe quoi, je n’étais pas un cas d’anorexie d’adolescent, je faisais seulement attention. Je ne voulais plus le voir et j’avais demandé à mes parents d’arrêter tout suivi médical. Je leur avais dit que j’allai réussir moi-même et que les médecins me stressaient plus qu’autre chose. J’avais vraiment peur d’aller aux rendez-vous, j’en pleurais la nuit et ne pensais qu’à ça. Mes parents ont donc arrêté les rendez-vous et je me suis dit que maintenant, c’était à moi de me battre. Mais je n’y arrivais vraiment pas… Après avoir été dans cet hôpital qui m’a clairement renvoyée chez moi, je suis allée voir un médecin. Il m’a prescrit des laxatifs en poudre, en expliquant que le problème devrait être terminé en 2 jours. Mais ce n’est pas passé. J’ai pourtant attendu pendant 2, 3, 4, 5 jours. Je me suis rendue à la pharmacie, où l’on m’a donné des comprimés à avaler. J’ai respecté les indications qui m’avaient été données, pendant 3 jours. Ça aurait dû faire effet en 5 h, mais, là encore, ce ne fut pas le cas.
L’entrée à l’hôpital dans un état grave pour mon anorexie d’adolescent
Un matin, en me réveillant, ce fut si horrible pour moi de regarder mon corps enfler ainsi dans le miroir que j’ai vidé la boîte de comprimés. Personne n’était à la maison, mais mes grands-parents devaient déjeuner avec nous, ce midi-là. J’ai mangé pour leur faire plaisir, car je les voyais très inquiets pour moi. D’habitude, j’allais faire du sport juste après manger. Mais là, j’ai dit à mes parents que j’allais me reposer parce que ça n’allait pas du tout. Ils ont remarqué que quelque chose n’allait pas, car ce n’était pas dans mes habitudes de me reposer ainsi. Un peu après, quand ma mère est montée, je voyais tout noir, j’avais très mal à la tête, je n’arrivais plus à marcher. Je n’avais qu’une envie, c’était de tout arrêter pour être comme avant. Je n’arrivais plus à rien faire, je suis allée dans mon lit et j’ai dormi 1 h. En me levant, j’ai dégringolé les escaliers… Ma mère m’a directement emmenée aux urgences et j’ai été immédiatement prise en charge par une équipe d’au moins 5 personnes. Des prises de sang, des analyses et un électrocardiogramme ont été réalisés sur-le-champ. Mon cœur battait à 26 pulsions/minutes. À la vue de ce résultat, une dame a expliqué à ma mère que si je n’étais pas venue le jour-même ou le lendemain, je serais décédée. Pour moi, de nouveau, c’était n’importe quoi…
– Tu n’y croyais toujours pas ?
– Non, je me disais : « Elle raconte n’importe quoi cette dame, qu’est-ce qu’elle me veut… ». Ils m’ont fait un lavement d’estomac en urgence et c’est ça qui a sauvé mes intestins, car j’ai failli faire une occlusion intestinale. J’ai été hospitalisée le soir-même. Mes parents ont expliqué que je ne mangeais plus, mais sur le coup, leur interlocutrice a pensé que c’était l’adolescence, que c’était une mauvaise passe, etc. Mais à ce moment-là, j’étais encore en blouse, donc elle ne m’avait pas correctement vue. L’équipe médicale a enregistré un certain nombre de constantes, puis ils ont voulu me mesurer et me peser. Mais ça, pour moi, c’était un vrai calvaire. Ils ont compris que quelque chose n’allait pas et qu’il s’agissait vraiment d’une anorexie d’adolescent : je mesurais 1m70 pour 36 kilos… Pendant cette hospitalisation, je voyais très peu mes parents à cause du covid. Seul un parent par jour était autorisé. Au début, le délai qui m’avait été annoncé était de 2 ou 3 jours d’hospitalisation. Ensuite, j’ai été transférée au service de soins continus, au bout du couloir des urgences. J’y suis restée 2 jours et une infirmière m’a informée qu’un médecin allait bientôt me rendre visite pour m’expliquer le déroulement de la suite. J’étais contente : je pensais que j’allais sortir et de retrouver ma vie de famille, mon chien qui m’attendait à la maison, etc. Mais quand le médecin est passé, il m’a dit qu’il allait me garder ici. Pour moi, c’était l’effondrement total, je me sentais très mal. Pourtant, je pensais encore que je ne resterais que 1 ou 2 jours de plus… Il a rajouté qu’un pédiatre passerait dans la journée pour m’expliquer comment se dérouleraient les prochains jours. Le service où je devais me rendre après cela était bondé. Il y avait une liste d’attente énorme, si bien que j’ai dû être transférée dans un autre service, avec des bébés en néonat’. Des machines sonnaient toute la nuit et je dormais très mal. Comme mon cœur battait très peu, j’étais branchée à un électrocardiogramme, qui bipait très souvent. À chaque fois, les infirmières arrivaient en courant et en allumant toutes les lumières. Elles n’y pouvaient rien, évidemment, mais ce n’était vraiment pas cool. La pédiatre n’est venue que 2 jours après et elle m’a expliqué que j’allai être hospitalisée pour 1 mois minimum. Finalement, je suis restée 2 mois au service de médecine des adolescents.
Les débuts de ma guérison et ses difficultés dues aux conséquences de l’anorexie
Cette fois, j’avais vraiment compris que j’étais malade, donc j’ai essayé de manger comme je pouvais, des quantités normales. Au début, c’était très dur, car mon corps n’y était plus du tout habitué. J’étais tellement dénutrie que c’était très compliqué de reprendre du poids et mon état était si grave que les médecins avaient peur que mon cœur s’arrête du jour au lendemain. Une sonde nasogastrique m’a été posée et ils me donnaient de grosses doses la nuit. Au fil des jours, ils ont essayé de diminuer, mais je reperdais alors tout le poids que j’avais pris, malgré l’alimentation normale à côté. Ils ont donc augmenté les doses. Psychologiquement, c’était très dur. Il y avait un pédopsychiatre interne, mais il ne nous consultait que 5 min par semaine.
– Il n’y avait pas de soins spécifiques mis en place, pendant cette hospitalisation pour anorexie ?
– Il n’y avait que des soins cliniques, mais aucun soin psychologique. Pendant mon hospitalisation, mon papa a eu le covid, donc je ne l’ai pas vu pendant très longtemps. J’ai eu l’impression que ce fut très long du moins, puisque j’avais l’habitude de le voir tous les jours. Ma maman faisait des tests quotidiennement pour venir me voir. Dès qu’elle venait, je vidais mon sac, je pleurais tout le temps. Nous n’arrivions jamais à passer un bon moment ensemble. Les infirmiers étaient compréhensifs, certains venaient même parfois dans notre chambre, pour parler. Mais cela ne me suffisait pas. Je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer à la maison, de retrouver le chien que j’avais eu pour mon anniversaire, 3 ans auparavant. J’avais l’habitude de dormir avec lui la nuit, de lui faire tout le temps des câlins, etc. C’était très dur d’être coupée de tout ça.
– Bien sûr… Tout cela se déroulait au printemps, c’est bien cela ?
– Je suis rentrée à l’hôpital début avril, vers le 3, et je suis ressortie début juin 2021. Au bout de 2 mois d’hospitalisation, ils ont essayé de m’enlever la sonde, pour que je puisse poursuivre mes efforts sans elle. Ils ont demandé l’accord de mes parents, qui étaient très contents. Elle a d’ailleurs été retirée le jour de l’anniversaire de mon papa ! 😊 J’ai continué mes efforts, mais la sonde est vraiment d’une grande aide. C’était très dur de continuer sans ! J’ai de nouveau perdu du poids, mais j’ai réussi à en reprendre après. Ensuite, mes parents ont demandé ma sortie parce que c’était éprouvant de rester là sans voir personne. Je n’avais pas de téléphone et il n’y avait pas d’activité. En plus, un des patients du service a attrapé le covid. Elle a été déplacée et nous avons tous été testés, très régulièrement. Je suis sortie juste après la fête des mères, même si c’était contre l’avis médical. La pédiatre, notamment, n’était pas d’accord, mais mes parents avaient pris les choses en main. Nous prenions tous nos repas ensemble, je ne touchais plus à la nourriture, ce sont eux qui achetaient et préparaient tout. Avant, j’étais tellement dans la maladie que c’est moi qui faisais les courses. Je me levais tôt, je marchais longtemps pour arriver au supermarché et acheter 3 pauvres légumes et cuisiner une poêlée…. que je ne mangeais pas. Désormais, c’étaient mes parents qui s’occupaient de tout. J’ai retrouvé goût à la vie, même si c’était vraiment dur. Rentrer à la maison, reprendre une alimentation, ne pas retourner dans mes mauvaises habitudes, ne plus faire de sport en l’absence de mes parents, etc. : tout cela n’était pas facile. Ma plus grande peur, c’était de recommencer mes crises alimentaires. Quand je suis rentrée à l’hôpital, j’en faisais encore. Mes parents avaient le droit de me ramener quelques gâteaux. Je leur disais que je ne les avais pas mangés, mais en fait, je faisais des crises avec. À mon arrivée dans le service, j’ai dû rester une semaine en isolement, pour être non-positive au covid. J’ai donc mangé toute seule, contrairement au reste du temps où nous mangions tous ensemble, dans une grande salle, avec des infirmiers, pour garder des liens sociaux. Ça, au début j’étais contre, mais ça m’a vraiment aidé. Ma maman était là à l’heure du goûter. Le samedi et le dimanche, il n’y avait pas de médecin, seulement des infirmiers. Les visites étaient alors autorisées de 13 h à 19 h, contre 17-19 h le reste de la semaine. Pendant l’isolement, à mon arrivée dans le service, j’étais en colère de ne pas pouvoir être avec les autres pour essayer de me faire des amis. Étant énervée, l’alimentation ne suivait pas. Je disais avoir mangé mon goûter, mais il m’arrivait parfois de le mettre dans les toilettes. Un dimanche, alors que ma maman était venue me rendre visite, je lui avais fait croire que mon yaourt était périmé et qu’il piquait. Je lui ai dit de le goûter et une infirmière est rentrée dans la chambre à ce moment-là. Du coup, elle a découvert mon petit secret et nous avions un peu honte, ma maman et moi. Aujourd’hui, c’est un souvenir dont nous rigolons. Nous essayons que tout cela ne devienne pas un traumatisme. En rentrant à la maison, j’avais toujours des pensées pour mes camarades du service. À 8 h du matin, je me disais « Ah, les autres se réveillent » ; à midi, je me disais qu’ils commençaient à manger. J’avais beaucoup de pensées de ce genre et il m’arrivait de pleurer dans la journée à force d’y penser autant.
La poursuite de mes efforts pour guérir de l’anorexie
– Du moment où tu es rentrée à la maison jusqu’à aujourd’hui, comment ça s’est passé ? Pour information, à l’heure où nous enregistrons ce témoignage, nous sommes en octobre 2021. Où dirais-tu que tu en es, aujourd’hui ?
– Les premiers temps à la maison, c’était dur, mais je n’ai pas baissé les bras. Dans une guérison, il y a toujours des rechutes, mais dès que j’avais un petit coup de mou, j’en parlais à mes parents et nous remontions la pente ensemble. J’étais de retour chez moi début juin, et à la mi-juin, j’ai recommencé à avoir des compulsions alimentaires, car je m’étais trop privée. Par exemple, j’adore le pain depuis toute petite, mais j’avais cessé d’en manger à cause de mon anorexie. Après ma sortie, j’ai commencé à manger une demi-baguette par repas. Je suis allée jusqu’à une baguette entière, parfois. Mes parents étaient contents, ils disaient qu’ils rachèteraient du pain pour le dîner, qu’ils en prendraient plus. Je mangeais des plâtrée de pâtes énormes. Sachant que j’adore la pastèque, mes parents m’en achetaient et parfois, j’arrivais à en manger une entière. Je n’arrivais plus à me contrôler. Je n’avais pas faim pourtant, c’était uniquement pour calmer ces crises que j’avalais tout ça. Il y a eu des crises à presque chaque repas pendant 2 ou 3 semaines, mais malgré cela, je prenais du plaisir à manger.
– J’entends la présence d’une faim extrême, où le corps vient réclamer, réclamer, réclamer.
– C’est ça, c’était de la faim extrême. À peine sortie de table, j’avais de nouveau faim. C’était sans fin ! Je mangeais, je mangeais, mais sans prendre énormément de poids. J’ai continué, en variant les plaisirs. La maladie n’avait pas disparu, mais elle était presque partie. Parfois, elle revenait avec des pensées négatives, mais j’arrivais à me faire plaisir et je partageais cela avec mes parents. Malgré tout, le problème n’était pas totalement réglé. Dès que j’avais passé un bon moment, je me faisais plaisir, mais si j’avais passé un mauvais moment, j’avais le sentiment de ne pas en avoir le droit. Il restait des pensées de ce type. En sortant de l’hôpital, j’ai fait la surprise à mes copains et copines de l’école de venir les voir. Il n’y avait que mes parents qui étaient informés de ma sortie. Ils étaient tous vraiment émus, même les professeurs. J’ai fait un discours, car ils m’ont tous énormément soutenue dans ma guérison, de A à Z, même lorsque j’étais à l’hôpital. Ils prenaient des nouvelles, ils m’ont envoyé des lettres, ainsi qu’une image de moi entourée d’un cercle de tous leurs prénoms et des mots des profs et des élèves. Tout cela m’a vraiment touchée. J’ai toujours cette feuille d’ailleurs, je l’ai accrochée au mur et parfois, quand ça ne va pas, je la regarde. Ils furent ma détermination, ils m’ont vraiment aidée et aujourd’hui, je tiens à énormément les remercier. C’était très dur d’être séparés d’eux car je m’entendais très bien avec toute ma classe, nous rigolions beaucoup, tous ensemble. Au début, je leur avais juste dit que j’étais malade et que je ne viendrai pas au collègue. Le jour où j’ai dû prévenir mes professeurs que j’étais hospitalisée, mes camarades se sont demandés ce qu’il se passait. Je n’avais parlé à personne de mes problèmes avec l’alimentation, c’est donc seulement à ce moment-là qu’ils ont réalisé qu’il y avait un problème. Ils s’en sont beaucoup voulus, alors que ce n’était pas de leur faute. En début d’année, j’ai commencé une 2nde générale, au lycée. J’ai quitté tous mes copains et copines pour aller dans un nouveau lycée, ça s’est très mal passé et j’en ai parlé avec mes parents. Comme ils tiennent un hôtel, j’avais envie d’être maître d’hôtel depuis toute petite. Après ce que j’ai vécu, après avoir failli mourir, j’ai réalisé que je voulais faire ce que je voulais de ma vie et la vivre à fond. J’ai compris que c’était à moi de choisir ma destination et j’ai décidé de faire une alternance en hôtellerie avec mes parents. Ça fait presque 1 mois que j’ai commencé et ça se passe très bien. 😊 J’adore ce que je fais et j’espère que ça va continuer, car je me sens m’épanouir. Avant, je me rendais au lycée avec la boule au ventre. Maintenant, je suis toute contente d’aller à l’école et d’apprendre de nouvelles choses autour d’un métier qui me plaît. J’ai retrouvé ma joie de vivre. J’avais cessé de rire, je ne parlais à personne, je marchais tête baissée. Là, je rigole en classe, j’ai retrouvé une vie sociale et je préfère vraiment la vie que j’ai maintenant à celle que j’avais il y a quelques mois !
– Ce que j’entends, c’est que tu te sens vraiment à ta place dans cette formation, dans ce choix du cœur, dont tu avais envie depuis toute petite.
– Oui. Je n’avais pas de mauvais résultats à l’école, mais je ne pouvais pas continuer dans un secteur général, car ça me faisait du mal.
Mon mot de la fin pour tous ceux qui luttent contre un TCA
– Nous arrivons bientôt à la fin de ce témoignage. Après tout ce parcours, toutes ces difficultés, toute cette solitude aussi, quel message as-tu envie de faire passer ? Que souhaites-tu transmettre à ceux qui nous écoutent ?
– J’avais des problèmes, liés au stress, depuis toute petite, si bien que je pensais ne jamais m’en sortir. Je pensais que, plus tard, je dirais à mes enfants que je ne mangerais pas, que je devrais leur expliquer pourquoi je ne mangeais pas ceci et cela…
– Ah oui, tu voyais cela loin !
– Oui ! Je pensais que mon anorexie d’adolescent deviendrait une anorexie d’adulte. Je voyais déjà mon frigo vide quand j’aurai mon appartement et je me demandais qui me rappellerai qu’il faut manger. Mais il ne faut jamais abandonner ! Il faut toujours voir le bon côté et laisser le temps faire les choses. Les gens qui ont un passé difficile auront, plus tard, un avenir super. C’est ce que mes parents m’ont toujours dit : quelqu’un qui a une histoire difficile peut tout à fait réussir sa vie. Je suis très contente d’avoir des amis comme les miens, ainsi que ma famille, mes proches, mes profs, etc.
– Aujourd’hui, est-ce que tu es encore soutenue dans ce chemin de guérison ? Comment tu es accompagnée, actuellement ? Est-ce que tu continues à avoir un suivi médical, psychologique ?
– En août, j’avais toujours un soutien avec une psychologue, un pédopsychiatre, une pédiatre et une psychothérapeute. J’avais toujours le soutien de mes proches, bien sûr, et de mes amis. Mes professeurs, également, prenaient toujours de mes nouvelles. Du côté des professionnels, aujourd’hui, je ne vois plus que ma psychothérapeute. Je n’ai plus de psychologue car ça s’est mal passé. À chaque fois que je la voyais, nous remuions les mauvaises nouvelles. Je sortais toujours en pleurant, avec le moral à zéro, donc j’ai souhaité arrêter. C’était mon choix. Par contre, je vois toujours ma pédiatre. Dès que je vais la voir, ça fait du bien d’entendre de bonnes nouvelles : elle est fière de moi, elle me dit de continuer, qu’il faut que ce soit comme ça tout le temps, etc. Ça fait vraiment plaisir d’entendre des mots comme ça ! Si je devais avoir un message à transmettre, ce serait de toujours y croire, de ne jamais abandonner et de toujours positiver. Même si c’est dur, il faut se battre !
– Tu parlais tout à l’heure de la petite fille pleine d’énergie et vie que tu étais… C’est cela que tu retrouves, aujourd’hui, d’après ce que j’entends à travers ton discours.
– Oui, étant petite, je bougeais tout le temps. Maintenant, je retrouve plein de plaisirs que je m’interdisais avant. Je n’ai pas assez profité de mon adolescence. Maintenant, je pense vraiment qu’il faut que j’en profite à fond. C’est une super période de la vie, c’est là que nous nous épanouissons et nous développons le plus, que nous rentrons dans le « monde supérieur », donc autant en profiter !
– Tu rattrapes le temps perdu. 😊
– Exactement !
– Nous arrivons à la fin de ce témoignage, même s’il y aurait sûrement encore beaucoup à dire. Je te remercie beaucoup Clémence, de nous avoir apporté ce récit de ton expérience sur l’anorexie d’adolescent. Je te souhaite une belle continuation dans cette formation qui t’épanouit pleinement, dans ce processus de guérison et dans ces retrouvailles avec la Clémence que tu étais avant et qui devient une adulte pleine d’énergie de vie !
– Merci Anne !
Quelques mois après l’enregistrement de ce témoignage sur l’anorexie, Clémence se bat encore contre son TCA, avec des hauts et des bas. Le chemin pour guérir de l’anorexie n’est souvent pas linéaire, comme tout cheminement thérapeutique. Elle garde la confiance dans sa guérison, ainsi que le courage d’aller vers la vie, avec cette pulsion qui l’habite. Si vous souhaitez échanger avec moi de votre relation compliquée avec l’alimentation, ou suivre l’un de mes accompagnements pour vous initier à la pleine conscience ou vous réconcilier avec la nourriture, je suis à votre écoute sur mon compte Instagram et sur mon site internet !