Bienvenu dans ce nouvel article de mon podcast sur l’alimentation, « La pleine conscience du pouvoir ». Aujourd’hui, je vous propose de découvrir le témoignage de Linda. Taille brindille pendant son enfance et son adolescence, son parcours compliqué avec l’alimentation lui a fait prendre beaucoup de poids au fil de sa vie d’adulte, notamment des kilos émotionnels. En novembre 2020, elle a rejoint mon accompagnement Indépendance Cannelle. Elle a senti, après m’avoir entendu en parler sur Instagram, que ce besoin d’être « poupounée » et de prendre soin d’elle était ce dont elle avait besoin. Elle livre ici, pour vous, un bilan de son parcours, de ses prises de conscience et des outils qu’elle a découvert. Vous découvrirez comment elle a pu se réconcilier avec la nourriture et gérer ses kilos émotionnels grâce à plus de bienveillance et d’écoute envers elle-même et sa santé. Je vous laisse découvrir son témoignage !
« On m’appelait un peu « Mowgli » pour te donner une idée. J’ai même eu des réflexions à l’école, on me demandait si mes parents me nourrissaient. »
« J’ai commencé à grossir et, du coup, pour la première fois de ma vie, je me suis dit « Il faut que je fasse quelque chose ». Au début, j’ai perdu 15 kilos, très vite, en faisant une cétose. Sauf que… j’ai tout repris derrière. »
« Il y a un moment où le corps dit stop. »
« Ce sont des mots que tu as dit qui ont fait tilt. Tu avais dit le mot « poupouner » je crois. Voilà pourquoi je me suis tournée vers toi. »
« Maintenant, mon nouvel outil, c’est de m’écouter moi, et plus les autres. J’ai retrouvé vraiment le plaisir de manger sans culpabiliser. »
« Quand je me fais confiance, quand je m’écoute, vraiment : ça fonctionne ! »
« Peut-être accepter d’être une femme de 40 ans, qui n’a plus un corps de 20 ans et que c’est OK aussi. »
Extraits du témoignage de Linda
D’un corps naturellement très mince aux premières prises de poids
- Bonjour Linda. Je suis ravie de t’accueillir dans ce nouvel article de « La pleine conscience », pour que tu nous racontes l’histoire de ta relation avec l’alimentation et de tes kilos émotionnels. Toi et moi, cela fait un petit moment que l’on se connaît. Nous nous sommes re-rencontrées quand tu as débuté l’accompagnement Indépendance Cannelle, fin 2020. Tu as fait partie des premières femmes à avoir tenté cette aventure, comme Catherine. Il y a quelque temps, elle avait témoigné autour de la relation entre alimentation et santé dans sa vie. Est-ce que tu veux bien commencer par te présenter ?
- Avec plaisir ! Je suis Linda, j’ai 41 ans et je suis en reconversion professionnelle. Je suis une formation de 5 ans en psychologie.
- Tu es donc une jeune étudiante, de nouveau ! Je ne sais pas dans quel sens tu as envie de nous le présenter, mais est-ce que tu veux bien nous raconter ton parcours avec l’alimentation ? Qu’est-ce qui t’a amenée à suivre Indépendance Cannelle ?
- Ça remonte à la fin de l’adolescence, vers 18/19 ans. J’en ai eu ras-le-bol des études, de la France, etc. J’avais besoin de voir du pays, de respirer et de quitter le cocon familial. Je suis partie comme fille au-pair en Irlande. Ce fut une de mes premières prises de poids. À chaque fois, c’était la pilule qui m’avait fait grossir, mais au début ça ne m’avait pas dérangé car j’avais toujours été très très menue, naturellement, depuis ma naissance. On m’appelait parfois « Mowgli », pour te donner une idée. J’ai même eu des réflexions à l’école, on me demandait si mes parents me nourrissaient, etc. Ce n’était pas facile, j’ai aussi vécu ce versant-là des réflexions sur l’image corporelle, ce pendant de la grossophobie pour les personnes très minces. On m’appelait « squelettor » aussi, à l’école.
- Ah oui, sympa… Et comme tu dis, ce n’est pas mieux dans ce sens-là. Ce n’est pas « bouboule », comme certaines peuvent en témoigner, mais il y a aussi des appellations pas très chouettes pour celles qui sont très minces, telles que « planches à pain »…
- Non, ce n’est en effet pas plus confortable. Pour en revenir à l’Irlande, je pense que c’est la première fois que ce sujet m’a un petit peu dérangée. Je n’étais pas à la maison donc je ne pouvais pas m’acheter de vêtements, alors qu’ils commençaient à rétrécir. Les premières fois que j’avais pris un peu de poids, en prenant la pilule, je rentrais un peu plus dans la norme, puisque je partais d’un physique très mince. Alors que là, je voyais mes jambes s’arrondir… Finalement, je trouvais que j’avais peut-être un peu trop changé mais je ne m’en suis pas formalisé plus que ça. J’étais dans une période de détresse, à cause de la solitude que j’éprouvais à ce moment-là. C’est difficile de quitter ses parents. Ça faisait trop de changements d’un coup pour moi. Ensuite, je me suis mise en couple et là, de nouveau, j’ai changé mon alimentation. Je pense que c’était à la fois la pilule et les changements de rythme et d’alimentation. Quand on se met en couple, on s’accommode un peu de l’alimentation de l’autre. On est content de ne plus être chez les parents, donc on mange un peu comme on veut, mais finalement on se retrouve avec beaucoup de moins de légumes sur la table. Et puis c’est du travail, de cuisiner des produits frais et on a la flemme, à 18 ou 19 ans.
- Et oui, il faut se remettre dans le contexte…
- À cette période-là, j’ai donc commencé à prendre du poids. Puis je suis tombée enceinte et j’ai beaucoup grossi pendant ma grossesse. Mais je ne m’en suis pas inquiétée, justement parce que c’était pendant la grossesse. Ce qu’il s’est passé pour mes 2 enfants, c’est que j’ai pris beaucoup de poids, puis que j’ai tout reperdu, sans faire de régime.
- D’accord, c’est parti naturellement.
Période de déprime et premiers kilos émotionnels
- Voilà. Par la suite, quand ils étaient un peu plus grands, j’ai fait un petit coup de déprime. Pour la première fois de ma vie, je n’avais pas faim. Ça ne m’était jamais arrivé. Même lorsque j’étais toute menue, je mangeais comme 4. J’avais toujours eu un gros, gros appétit. J’ai alors perdu pas mal de poids. Pour te donner un ordre d’idée, pour 1m75, je pesais 52 kilos.
- Ah oui, ce n’était pas beaucoup…
- Après, j’ai repris la pilule. De plus, je pense qu’il y a eu un contrecoup de cette période de déprime, pendant laquelle, durant quelques mois, j’ai beaucoup moins mangé. Là, j’ai recommencé à grossir et ça ne s’est plus stoppé.
- D’accord. Si on reprend, il y a d’abord eu les grossesses, durant lesquelles tu as pris du poids, qui s’est ensuite régulé. Après, il y a eu cette perte d’appétit, qui t’a vraiment fait perdre beaucoup de kilos. Puis, c’est reparti dans l’autre sens. C’est bien ça ?
- Oui. Du coup, pour la première fois de ma vie, je me suis dit « Il faut que je fasse quelque chose. ». Ça ne s’arrêtait pas, je voyais sur la balance que ça montait, ça montait…
- Je ne sais pas si c’est le mot adapté, mais le mot qui me vient à l’esprit, c’est « vertigineux », au sujet de ce chiffre qui montait et qui montait encore.
- Oui ! C’est angoissant parce qu’on ne sait pas quand ça va s’arrêter. Et je puis ne savais pas quoi faire, car je n’avais jamais eu à gérer ça !
- Oui, puisque que c’était plutôt le contraire, avant.
- J’étais obligée de faire attention à ce que je mangeais pour ma santé… mais pas au niveau des quantités. Je ne m’étais jamais restreinte au niveau des quantités. Là, j’ai consulté pour ça, parce que je voulais aussi rentrer dans ma robe de mariée. Nous avions décidé de nous marier à cette époque-là. J’ai perdu assez facilement je dirais, et ce ne fut pas un régime très compliqué. Il s’agissait de réduire le sucre, de faire un peu plus d’activité physique, etc. C’étaient des choses assez basiques et finalement assez intuitives. Ça a très bien fonctionné et puis après le mariage, le poids est revenu.
- Une fois la robe quittée, en fait…
- Je ne sais pas exactement à quoi c’était dû. Je pense qu’il y avait une partie psychologique, liée à l’affectif.
- D’ailleurs, as-tu des pistes sur les causes de la prise de poids de cette période ?
- Je pense qu’il y a eu une combinaison de facteurs. À ce moment-là, je cherchais un moyen de contraception adapté, qui ne me rende pas malade. Du coup, il y a eu des changements de contraception, donc des variations d’hormones. Cela s’est combiné avec, peut-être, un peu de chamboulements. Le mariage peut amener des bouleversements dans une vie. Ce n’est pas rien. Pour mon poids, parmi les causes, il y a des chamboulements affectifs : s’accorder avec mon mari, essayer de bien vivre ensemble, régler les conflits qui m’avaient amenée à déprimer avant et à perdre beaucoup de poids, etc. Ces points n’étaient pas réglés ! Ce n’est pas parce qu’on se marie que tout disparaît. Il fallait gérer tout ça. En résumé, cette prise de poids, je l’attribue à un mélange de ces 2 facteurs : kilos hormonaux et kilos émotionnels.
- D’accord. C’est-à-dire que, selon toi, il y avait à la fois un côté hormonal et à la fois un côté plus émotionnel, affectif, psychologique. Et donc, tu avais fait ce premier régime pour rentrer dans la robe de mariée, et le poids avait commencé à revenir. Nous en étions là.
Cétose, sport et premier accompagnement pour la perte de poids
- Oui. Là, je me suis souvenu d’une petite affiche que j’avais vue dans la salle d’attente de mon médecin généraliste, en qui j’avais entièrement confiance. Elle y annonçait qu’elle proposait aussi des accompagnements pour la perte de poids. Elle m’a suivi pendant plusieurs années. Au début, j’ai perdu 15 kilos, très vite, en faisant une cétose ainsi que de l’activité physique. Sauf que… j’ai tout reprit derrière. Le corps, au bout d’un moment, par rapport à l’activité physique, il m’a dit « aïe » !
- C’était une sur-activité, par rapport à ce que tu faisais avant ? Tu t’es mise à faire beaucoup de sport d’un coup ?
- Oui et non. J’étais contente de pouvoir avancer comme ça. J’avais pris une bonne dynamique, qui me faisait beaucoup de bien. Mais j’ai des articulations très sensibles, qui m’ont dit « stop ». Là, j’ai dû arrêter. Ces dernières années, j’ai arrêté complètement. Même marcher, ça me faisait mal.
- Ah oui, donc ça allait loin… Est-ce que je peux dire que ça allait loin dans ce que tu avais « infligé » à tes articulations et à ton corps ?
- Mmmm non, parce que c’était vraiment un plaisir d’aller courir. J’ai adoré découvrir que je m’étais fait des idées sur moi-même et que j’étais plus sportive que ce que je m’étais imaginé.
- Ça t’a fait déconstruire cette identité de non-sportive, pour te reconstruire une identité de sportive.
- Oui. Je me sentais bel et bien dans une dynamique, pas dans une tyrannie. J’étais vraiment dans le plaisir de bouger, de respirer, de découvrir ce que c’était que de ne plus faire d’asthme grâce à la course, aussi. Ça représentait beaucoup de bénéfices. Mais j’ai dû arrêter. La cétose, j’en ai eu marre aussi, à cause des produits…
- Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c’est, la cétose ?
- Ça consiste en la suppression de tous les sucres industriels, mais aussi d’une bonne part des sucres naturels. On les réduit au minimum. On supprime tout ce qui est féculent et on garde un fruit par jour. On garde aussi tout ce qui est légumes et les protéines.
- C’est donc très restrictif.
- Oui, très restrictif… et ce n’est pas moi ! J’ai toujours été gourmande, je ne m’étais jamais imposé de restriction avant. Pendant quelques mois, ça a été, mais après ça a été dur. Socialement parlant, quand on est invité quelque part, ou qu’on reçoit du monde, on se retrouve toujours en décalé. On ne mange pas pareil que les autres, ou pas autant. Il y a un moment où le corps dit stop. En plus, on prend des produits protéinés pour le petit-déjeuner ou pour le goûter, parce que c’est plus facile que de se faire cuire un œuf le matin ou de prendre une tranche de jambon… Du coup, on prend ces produits-là, qui sont faciles d’utilisation. Mais au bout d’un moment, j’en suis arrivée à une vraie saturation parce que c’est industriel. Au final, mon corps a dit « stop ». Même le goût ne passait plus. Du coup, j’ai repris tous mes kilos, et même plus, puisqu’il ne s’agissait pas seulement de kilos émotionnels, mais aussi de kilos en réaction à une période dure pour le corps. Je me suis accrochée quand même, pendant quelques années, jusqu’à ce que je décide de retourner chez le médecin. Mais à l’idée de devoir dire que « j’ai encore regrossi », je ne me sentais pas super fière. Finalement, j’avais un peu perdu espoir.

Mon besoin de bienveillance et l’accompagnement Indépendance Cannelle
- Le moment où ça a fait « tilt » pour moi, avec ton accompagnement Indépendance Cannelle, c’était quand j’avais repris mes études. J’avais pas mal regrossi avec la reprise d’études, le stress des partiels, etc. De nouveau, je pense qu’il s’agissait essentiellement de kilos émotionnels. Pour les partiels, je m’étais dit « je me fiche la paix », sauf que la balance continuait à me montrer des chiffres toujours plus haut. À un moment, tu as dit le mot « poupouner », et je pense que c’est vraiment ce dont j’avais besoin à ce moment-là. J’étais assez ambivalente : « Est-ce que c’est le bon moment pour faire un régime, alors que je suis en plein stress des études… ? ». Mais une partie de moi avait envie d’être poupounée et qui se disait « Ba oui mais je continue à prendre du poids, à ne plus rentrer dans mes vêtements… Ça ne va pas ! ». Voilà pourquoi je me suis tournée vers toi.
- Tu es venue avec cet objectif, vraiment, de pacifier cette relation avec l’alimentation et de sortir cette mentalité de régime dans laquelle tu étais entrée pendant ces X mois et années de cétose, qui est une démarche très restrictive.
- Oui, et puis je suis venue aussi avec l’envie d’essayer quelque chose de différent de ce qu’on nous propose et qui ne fonctionne pas. C’était d’abord ça, pour moi, le but de la démarche. Il y avait quand même cette idée de contrôle, de reprendre le pouvoir sur mon alimentation, au départ. Mais je pense que je l’ai surtout pris comme une envie de me faire chouchouter, de ne plus être toute seule dans la lutte. Chez le médecin, même si c’est un accompagnement, finalement on est seul. Ça, c’est usant, à la longue. D’autant qu’à la maison, les enfants n’ont pas de problème de poids et/ou n’ont pas envie de s’en occuper, idem pour le mari. On est vachement seul, dans ce parcours.
- Il y avait vraiment une notion d’isolement, de se dépatouiller. Et ce, même s’il y avait… disons des indications, plus qu’un accompagnement, puisque le médecin est là pour donner un traitement, en fait. Il est là pour dire « faite ci, faite ça », mais ça ne prend pas en compte le côté affectif et émotionnel du problème.
- C’est ce qui me manquait vraiment. Au fil de mes études de psychologie, je me suis rendu compte que beaucoup de choses passent par la tête. Ce n’est pas que dans le « dressage alimentaire », entre guillemets, que se trouve la solution.
- J’aime bien que tu utilises ce terme, de « dressage alimentaire ». C’est très parlant ! C’est un peu ça que nous proposent les régimes, en nous imposant des règles.
- C’est ça, c’est un conditionnement, un dressage qui ne fonctionne qu’un temps. Avec une personnalité comme la mienne en tout cas. Dès l’adolescence, quand on me disait « non », si j’avais envie de faire quelque chose, j’allai le faire. Je le faisais de façon détournée, en cachette, mais j’allai le faire. C’était trop fort !
- Mais oui ! Tu dis « des personnalités comme la mienne », mais moi j’ai envie de dire que c’est la personnalité humaine qui fonctionne comme ça. Tu es donc arrivée jusqu’à moi avec cette envie de te faire « poupounée », sûrement parce qu’au fond de toi, tu savais que c’est ce dont tu avais besoin contre ses kilos émotionnels. Est-ce que tu veux bien partager avec nous, ces 6 mois de parcours ? Comment l’as-tu vécu ? Qu’est-ce qui a été aidant pour toi ?
Des outils pour gérer les origines des kilos émotionnels
Choisir ce qui est adapté pour soi
- Au départ, j’ai bien aimé le déballage des nouveaux outils. C’était un peu comme des cadeaux, des nouveautés… Ça, c’était vraiment génial. J’ai bien aimé l’épisode sur le « stop ».
- Il se trouve dans les audios de pleine conscience, pour faire une pause, quand c’est émotionnellement trop compliqué. C’est bien ça ?
- Oui. Ça, ça m’a bien aidée, pour réviser aussi d’ailleurs, pour me créer des centres d’attention quand j’étais trop angoissée. J’ai bien aimé redécouvrir ce que c’est que de manger en pleine conscience. Je me suis rendu compte que je faisais ça naturellement étant enfant ou ado et que j’avais perdu ces sensations. Il y a plein d’outils comme ça, que j’étais contente d’utiliser. Ceci étant, il y en a que je n’ai pas souhaité continuer à mettre en place, parce qu’ils ne me correspondaient pas forcément, ou que je n’avais pas le temps. Ou plutôt, qu’à cet instant-là, je n’avais pas envie de me donner le temps pour ça, au milieu de mes révisions et suivis de cours.
- Ce que tu dis, c’est que tu as fait ton marché parmi ces outils que j’ai pu proposer. J’aime bien cette image que tu as utilisée, de « déballer les cadeaux », un peu comme si c’était Noël. Ça me fait plaisir que tu aies vu les choses comme ça ! C’est vraiment mon intention : laisser la liberté, à chacune, de prendre ce qui va lui parler et de laisser ce qui lui parle moins. Il y a des outils autour de la pleine conscience qui t’ont aidé dans ce cheminement-là. J’aime beaucoup aussi le fait que tu dises que, finalement, ça avait toujours été là. Ça avait un peu disparu, mais cette conscience dans tes sensations autour de la faim, de la satiété, elles avaient toujours existé.
Prendre le temps de manger et d’écouter sa satiété
- C’est tout à fait ça. Je me suis rendu compte que j’avais été capable de perdre du poids sans faire d’effort et sans me poser de questions. Ça avait été le cas après la naissance de mes enfants et après mon retour d’Irlande. J’avais perdu mes kilos sans aucun effort ni aucune prise de tête. Une de mes premières questions fut donc : « Qu’est-ce qui fait que j’ai été mince sans effort et qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas ? ». Mais je me suis posé la question différemment de ce que j’avais pu faire jusqu’à présent, sur un plan médical. Je me la suis posée avec un angle plus « instinctif ». Je me suis rendu compte qu’il y avait des choses que je faisais naturellement avant et que je ne faisais plus. Prendre mon temps pour manger, par exemple, je ne le faisais plus, car en devenant adulte je me suis reconstruite une nouvelle famille, et elle est composée de gens qui mangent vite. Ils adorent manger vite pour pouvoir passer au salon. Dans mon noyau familial du départ, de l’enfance, on prenait le temps pour manger.
- C’est comme ça que tu avais été élevée, dans cette… j’allai dire « lenteur », ce n’est même pas ça ! Mais en tout cas, dans le fait de prendre son temps.
Savourer les repas et les aliments
- C’est ça. Nous nous retrouvions après la journée de travail, autour de la table. Nous nous racontions nos journées et c’était un vrai moment de partage. Comme nous papotions beaucoup, ça prenait beaucoup de temps et ça laissait le temps à la satiété d’arriver. Mais je ne m’en rendais pas compte, je ne quittais pas la table avec une sensation de faim. J’ai retrouvé aussi ce que ça fait que de savourer un aliment, de le garder en bouche pour savourer toutes… j’ai presque envie de dire toutes les « particules », tant sur le plan des saveurs que de la texture. Ce fut un vrai jeu, un grand plaisir, et j’avais complètement oublié ça.
- Tu as pu retrouver, reconnecter ça.
- Oui. En étant à l’écoute, pendant mon repas, de mes sensations de satiété, je me suis rendu compte que je les avais toujours. Elles fonctionnaient bien, ce n’était pas un dysfonctionnement mais plutôt un manque d’écoute. Je mangeais trop vite, si bien que je ne laissais pas le temps à la satiété de s’exprimer. J’avais peut-être aussi cette peur de manquer, qui entraîne un réflexe de se ruer sur la nourriture.
- Peut-être que tu as développé ça suite à la cétose ? Ou bien est-ce que ça existait déjà avant ?
Connaissance de soi et écoute bienveillante dans son rapport avec la nourriture
- Je ne sais pas. Je pense qu’il y a chez moi une part d’affectif qui est mêlé à tout ça. Je pense qu’il y avait un petit manque à combler, un petit côté compulsif. « Manger ses émotions », « kilos émotionnels », ce sont des notions qui me parlent beaucoup. Je l’identifiais plus ou moins avant, maintenant je le sais. Je mange désormais mes émotions en pleine conscience quand je le fais et je suis OK avec ça.
- Et c’est ça qui fait la différence ! C’est ce que je dis souvent : ce qui fait la différence, c’est d’avoir le choix, de ne pas subir et faire les choses sans s’en rendre compte. Aujourd’hui, tu es dans la conscience de ce qu’il se passe.
- À l’heure actuelle, j’ai vraiment la sensation d’être au début du chemin, même si ça fait 6 mois que nous travaillons ensemble. Pour moi, c’est le démarrage, mais c’est un bon démarrage. C’est-à-dire qu’on a débroussaillé les pistes dans la jungle, maintenant il faut en faire des autoroutes. Ça ne se fera pas en 2 jours, mais je le vis mieux. L’impatience que je pouvais avoir, je l’ai mise de côté et j’accepte que ça puisse prendre du temps. J’ai déjà beaucoup stabilisé et, comme tu le disais, je me suis approprié quelques outils, comme le fait de manger en ayant faim. Ça peut paraître basique, mais j’avais oublié ça. Tu parles parfois de conditionnement et effectivement j’ai vraiment le sentiment d’avoir été conditionnée : conditionnée à finir mon assiette et conditionnée à manger vite. Par la suite, j’ai été conditionnée à manger des légumes « parce qu’il faut manger des légumes », et dans quelle quantité « parce que c’est comme ça qu’il faudrait manger ». Maintenant, mon principal outil, c’est de m’écouter moi, et non plus les autres.
- Comme tu le disais juste avant : ça paraît si simple à dire… Mais en même temps, c’est tout un cheminement, de déconstruire tout ça et de s’écouter soi.
- Voilà. Pour moi, le jeûne intermittent adapté à mon rythme à moi et à mes besoins, ce fut très positif. Ça m’a permis de manger sans culpabilité et de manger avec faim, au moment opportun pour moi.
- Du coup, quand tu parles du jeûne intermittent, tu parles du fait que tu t’es rendu compte que tu n’as pas faim le matin. N’est-ce pas ? Comme quand tu étais ado, comme tu me le disais quand nous discutions juste avant d’enregistrer. Là, tu retrouves cela, le fait que tu n’as pas faim en te levant, mais plus tard. C’est bien ça ? Dans une démarche plus globale, tu tâches de plus t’écouter… et tu disais aussi de ne pas culpabiliser.
- Oui, car je me suis rendu compte que je prenais des petits-déjeuners le matin parce qu’on nous dit qu’il faut manger le matin. J’avais 2 petits loups à nourrir et je voulais leur offrir la meilleure alimentation possible. Du coup, en maman normale, je leur préparais un petit-dèj’. Maintenant, je leur fiche la paix. Je leur dis de manger au petit-déjeuner s’ils ont faim. Ma fille, par exemple, je ne l’oblige plus à manger. Comme je disais tout à l’heure : je lutte contre le conditionnement mis en place. Par rapport à la culpabilité : quand je me faisais plaisir ou quand je mangeais plus que ce que j’avais envie de manger, je grossissais beaucoup. Je mangeais sans faim, parce que j’avais envie aussi de ces repas familiaux, conviviaux et sociaux à la maison. Ils sont très importants pour moi, mais je n’avais pas faim, si j’avais pris un goûter.
- Et oui, c’est logique !
- Sur ce point, le travail fut de suivre mes envies, mes intuitions, mais aussi de quand même mettre en place quelques stratégies pour pouvoir manger avec faim pendant ces repas-là.

L’aspect social de l’alimentation et le plaisir de manger
Profiter des repas de famille
- C’est aussi un de mes objectifs, de pouvoir vous apprendre, si besoin est, à devenir stratégique, sans pour autant nier les sensations de faim. J’en parlais justement ce matin avec une autre personne que j’accompagne. C’est important de pouvoir prévoir, lors d’un gros repas de famille par exemple, que si on veut avoir faim pour le dessert, il faudrait peut-être moins prendre du plat. On peut, stratégiquement, prévoir de ne pas prendre de goûter parce qu’on a envie d’être sûre d’avoir faim pour le dîner en famille.
- Oui, et maintenant je le fais avec plaisir, avec une bonne anticipation. C’est-à-dire, par exemple, que s’il y a de l’apéro et que j’ai envie d’en prendre, j’ai conscience que je n’aurai plus faim pour le dessert… Mais finalement, est-ce si grave ? 😊 Si, au contraire, j’ai envie de profiter du dessert, je vais y aller plus doucement sur le plat. Ainsi, je ne suis plus dans ce « lâchage », comme lors d’un régime quand on se dit que « là c’est un repas-plaisir, du coup je vais me lâcher », mais duquel on ressort en ne se sentant pas bien parce qu’on aura trop mangé. J’avoue que de temps en temps je refais cette expérience d’avoir trop mangé et c’est de plus en plus désagréable. Mais à côté de ces rares expériences de ventre trop tendu, voire parfois de nausée, maintenant il y a aussi de bonnes choses qui se passent. Il y a des semaines où je sais que j’ai vraiment respecté ma santé, en ne prenant pas certains aliments, non pas dans un cadre de régime, mais de respect de ma santé et je suis OK avec ça. C’est un très bon levier pour moi. Je suis mes sensations de faim et mes envies. J’aborde avec bienveillance mes kilos émotionnels et les émotions qui y sont liées. Et je perds du poids, tout doucement. Ça se passe bien !
- Comme tu avais pu le vivre à ton retour d’Irlande ou après la naissance de tes enfants, finalement. Tu as refait ce chemin-là, de suivre tes réelles sensations et tes envies, car elles te guident d’une manière très fiable. C’est bien cela ?
Ne plus utiliser la nourriture pour évacuer le stress
- Oui. Quelque part, il s’agit de se reprogrammer, mais de bien se reprogrammer. Comme je disais : il y a des semaines où ça marche et d’autres où c’est plus compliqué, mais je sais que j’ai fait le bon choix. Commencer cet accompagnement en pleine période de stress était une bonne chose.
- C’est vrai que c’était ta question de départ, ça !
- Oui, parce que je savais que j’allais craquer, que je serais sous tension. Finalement, ça m’a permis, pendant tous ces mois, de bien me stabiliser, de faire moins de variations de poids et de ne plus être dans la culpabilité, les prises de tête et la frustration. En cela, pour moi, l’objectif est atteint.
Mon avis sur l’accompagnement Indépendance Cannelle
- C’est ce que j’allai te demander. Aujourd’hui, nous nous voyons pour enregistrer cet épisode de podcast, mais c’est aussi notre dernière séance, après ses 6 mois d’accompagnement. C’est l’occasion de faire le point sur là où tu en es et comment tu vois la suite. Comment résumerais-tu ça ? À quelle étape tu en es ? Comment est-ce que tu vois la suite de ce cheminement ?
- Je dirais que je suis beaucoup plus sereine par rapport à mon alimentation. J’ai vraiment retrouvé le plaisir de manger sans culpabiliser et c’est déjà énorme pour moi. Au-delà de la gestion du stress, manger sans culpabiliser est la première étape indispensable contre les kilos émotionnels. La suite, je dirais que c’est de continuer sur cette lancée. Mettre en place des routines et continuer à suivre mon intuition, faire confiance à mon instinct de survie qui me dit que « là tu peux y appeler, là tu ne peux pas ». J’aimerais plus m’écouter, car ça marche. En 6 mois, je l’ai bien expérimenté : quand je me fais confiance, quand je m’écoute, ça fonctionne. Même en ayant des repas-plaisir, même plusieurs dans la semaine, je peux quand même perdre du poids.
- Oui, même en te faisant plaisir, tu peux perdre du poids.
- Ça, c’était une belle surprise pour moi !
- Mais oui, même sans culpabilité et sans frustration, tu peux perdre du poids et tu peux te faire confiance. C’est cela que je retiens de tes paroles, le fait de faire confiance à ton instinct et à ton corps.
- Oui, car finalement il y a une intelligence derrière ça. Elle nous échappe parce qu’on ne la comprend pas forcément, mais elle existe.
- J’entends comme des retrouvailles dans ton discours.
- Complètement. Retrouver des aliments qui m’avaient manqué pendant ces années de régime, mais les retrouver en mieux, j’ai envie de dire. Il y a des choses que je fais quitter mon alimentation, non pas pour faire un régime, mais parce que je me rends compte que ça ne fait pas de bien à ma santé.
Dernier conseil au sujet des kilos émotionnels
- C’est ce dont tu parlais tout à l’heure, ce sont des choix de santé, que tu prends en te guidant avec des inconforts ou des désagréments que tu ressens. Là encore, ce sont tes sensations et ton corps qui guident tes choix alimentaires, ainsi que les quantités que tu avales. Est-ce qu’il y a une dernière chose que tu voudrais partager avec nous, avant que nous nous quittions ?
- J’aimerais recommander à toutes celles et ceux qui en ont besoin d’être patient avec soi-même et d’aimer son corps ! Je me suis rendu compte que petite, je le trouvais trop maigre. Après je l’ai trouvé trop plat, puis trop gros. Quelque part, j’ai eu cette chance d’expérimenter plusieurs tailles. Je me suis rendu compte que, finalement, si on ne décide pas de l’aimer pour de bon, on ne l’aimera jamais, quelle que soit la morphologie qu’on aura. C’est un leurre de penser que quand on aura atteint tel poids, on l’aimera enfin.
- C’est un chouette message que tu nous passes ici, de réconciliation.
- Là, je ne sais pas où je vais exactement. Il y a sans doute encore plein de surprise à découvrir ! Je ne sais pas si je vais me stabiliser et perdre encore un petit peu. Mais tu vois, cette semaine, j’ai décidé de m’acheter des fringues en taille 44. C’est ma taille actuelle et je me dis que si je reste là, c’est OK. Si je redescends tant mieux, si je ne redescends pas, je peux aussi accepter ce corps de femme qui n’est plus le corps d’ado que j’avais avant. En ce moment, j’ai vraiment envie cette envie de me réconcilier avec ça et me dire que ce n’est pas important. Ce qui compte, c’est que je suis en bonne santé et que je me sens bien.
- C’est ça, le plus important.
- Plus qu’un chiffre sur une balance, ce qui est important c’est d’accepter cela, non pas comme une fatalité mais comme une suite d’événements de la vie. On avance en âge et le corps change, que ce soit en raison de grossesses ou de prises de kilos émotionnels, hormonaux ou causés par les pièges et dangers des régimes. Il faut s’accepter cette différence, tout comme l’adolescent doit composer avec un nouveau corps d’adulte. Être une adulte qui prend de l’âge, c’est aussi accepter d’être une femme de 40 ans qui n’a plus un corps de 20 ans et c’est OK aussi.
- Merci Linda, d’être venue témoigner ce message d’amour de soi et d’amour pour son corps, quelle que soit sa taille !
Merci à vous d’avoir lu jusqu’au bout cet article de « La pleine conscience du pouvoir », mon podcast sur l’alimentation. J’espère que ces mots autour de l’amour de son corps, des kilos émotionnels, de la bienveillance et de l’écoute de soi vous ont inspirés. Merci à Linda de nous avoir partagé l’histoire de sa relation avec la nourriture et d’avoir fait avec nous le bilan de l’accompagnement Indépendance Cannelle. Pour celles et ceux qui désirent aller plus loin, je vous propose de découvrir :
- mes programmes en autonomie ;
- mon accompagnement individuel.